Qatargate: la France et Michel Platini visés

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Qatargate: la France et Michel Platini visés
Michel Platini, ici à Doha au Qatar, en 2011, a affirmé que les accusations de corruption étaient des «rumeurs sans fondements».
AFP PHOTO / KARIM JAAFAR

Après les révélations du journal britannique Sunday Times le week-end dernier, révélant l’existence de documents prouvant que le Qatar avait versé de l’argent à des dirigeants pour obtenir l’organisation de la Coupe du monde de football de 2022, un autre journal londonien, le Daily Telegraph, met en cause ce mardi 3 juin la France et notamment Michel Platini, actuel président de l’UEFA, dans ce scandale.

 

 

Ancienne gloire du football français, brillant organisateur de la Coupe du monde 1998 en France, puis puissant président de l’UEFA depuis 2007, Michel Platini a eu une carrière bien remplie. Mis en cause pour son soutien affiché au Qatar, en décembre 2010, pour accueillir la Coupe du monde de 2022, Michel Platini a toujours assumé ce choix. Et il affirme l’avoir fait en toute indépendance.

Une indépendance mise à mal par la multiplication de faits qui font douter de sa bonne foi dans ce dossier. Sa présence au Palais de l’Elysée quelques jours avant le vote pour un dîner en compagnie de Nicolas Sarkozy, alors président français, de l’émir et du Premier ministre du Qatar, a souvent été présentée par ses adversaires comme l’illustration des pressions politiques exercées à l’époque par la France en faveur du Qatar.

Platini et ses liens avec le Qatar

Actuel président de la FIFA, Joseph Blatter, qui n’avait pas soutenu la candidature qatarienne, estimait récemment que l’élection de l’émirat avait été « une erreur ». Une erreur qu’il imputait notamment aux pressions politiques de certains pays, dont l’Allemagne et la France. Un rappel lui permettant d’insinuer que Michel Platini, son rival potentiel pour la présidence de la FIFA l’année prochaine, avait pu céder à certaines pressions…

Le Daily Telegraph ajoute ce 3 juin un élément nouveau et troublant au dossier en révélant que le président de l’UEFA avait aussi rencontré secrètement fin 2010 le Qatarien Mohamed Bin Hammam, alors président de la Confédération asiatique. Un homme aujourd’hui radié à vie de la FIFA pour corruption et soupçonné d’avoir payé des pots-de-vin pour soutenir la candidature de son pays. La rencontre, selon le journal britannique, qui en fait sa Une, se serait produite à l’occasion d’un petit-déjeuner en tête à tête…

Dans un communiqué à l’AFP, Michel Platini a rapidement réagi à ce qu’il qualifie de « rumeurs sans fondement » visant à salir son image. Il laisse entendre que la publication de ces informations à une semaine du congrès de la FIFA où Joseph Blatter pourrait officialiser sa candidature pour un nouveau mandat à la tête de la Fédération internationale, qu’il préside depuis 1998. Or, Michel Platini est considéré comme le seul dirigeant susceptible de lui disputer la présidence de la FIFA…

Concernant sa rencontre avec Mohamed Bin Hammam, Platini reconnaît les faits, affirmant même l’avoir rencontré à plusieurs reprises à l’époque dans la mesure où ils faisaient partie tous les deux du Comité exécutif de la FIFA. Selon lui, celui qui était alors le président de la Confédération asiatique voulait convaincre le Français de briguer la présidence de la FIFA.

Un congrès transformé en champ de bataille ?

Reste que ces informations ne peuvent qu’affaiblir la position de Michel Platini et son indépendance revendiquée. Si l’on ajoute que Laurent Platini, avocat et fils du patron de l’UEFA, est devenu responsable de la branche européenne du fonds Qatar Sports Investments (QSI), le soutien de Michel Platini au Qatar est en train de se transformer en vrai boulet.

C’est donc dans un climat particulièrement tendu que la FIFA a fait savoir que l’enquête concernant cette affaire, ainsi que les conditions d’attribution du Mondial 2018 à la Russie, sera bouclée avant l’ouverture du congrès de l’organisation, le lundi 9 juin à São Paulo. Un congrès qui risque d’être le théâtre d’une bataille pour le pouvoir d’une FIFA décidément secouée par le dossier qatarien.

 

par Alejandro Valente / rfi.fr

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