Le déplacement du ministre de la Jeunesse et des Sports, Me Mamadou Gaoussou Diarra, à Ségou (le 28 mars 2014) a été très utile. D’autant que ce séjour lui a permis non seulement de se faire une idée de la gestion et de l’animation des infrastructures socio-éducatives et sportives de cette capitale régionale, mais aussi de partager avec ses collaborateurs et partenaires sa vision du développement de la Jeunesse et des Sports. Une vision novatrice tirée des enseignements de la grave crise que notre pays vient de traverser.
Certes, pour forger une nouvelle mentalité dans la tête des jeunes du Mali, les difficultés sont nombreuses et les acteurs ne manquent pas de préoccupations, voire de doléances le plus souvent objectives et pertinentes. Mais, l’évidence, c’est que les moyens sont aussi difficiles à réunir pour combler les attentes de tout le monde, en même temps. C’est pourquoi, par des conseils pratiques, le ministre a exhorté ses collaborateurs du terrain à souvent faire preuve d’ingéniosité pour se faire valoir avec les moyens dont ils disposent, afin de s’ouvrir des portes aussi bien au niveau du Département que d’autres partenaires.
La gouvernance du sport ne fait pas exception aux règles managériales générales : prioriser ses besoins et objectifs ! Et aujourd’hui, cela consiste essentiellement à cibler des jeunes, à les mettre dans des conditions appropriées afin de les amener vers une participation citoyenne ; de les ramener sur les chantiers de la construction, voire de la reconstruction nationale. Pour le ministre Mamadou Gaoussou Diarra, si la jeunesse représente aujourd’hui près de 70 % de la population malienne, il est impératif de trouver un moule formateur pour les encadrer et faire de chacun d’eux un porteur d’espoir, tout en lui démontrant que le pays compte sur lui. Soixante dix sur cent (70 sur 100) personnes sont jeunes. Il faut alors faire de cette majorité autant d’ouvriers moralement et intellectuellement prêts à bâtir ce pays à l’image de nos grands empires de jadis, comme celui du Mali de Soundiata Kéïta.
Après une si brillante introduction dans la matinée à la Direction régionale de la Jeunesse et des Sports de Ségou, le ministre Diarra a mieux balisé les contours de sa vision politique au cours da la conférence des cadres au gouvernorat. En tant qu’ancien leader du mouvement associatif des jeunes (clubs Unesco…), Me Diarra a diagnostiqué les handicaps à surmonter et les écueils à éviter, si nous voulons que cette nouvelle vision puisse combler les attentes de la Nation.
«Génération Dambé», une synergie constructive en gestation
Cela commence d’abord par faire comprendre que l’importance de la frange juvénile de la population n’est pas seulement numérique, mais elle est aussi économique, politique et socio-culturelle. Et pour en faire une synergie constructive, il faut sortir des concepts comme la vision paternaliste qu’on a souvent de cette force et qui hypothèque aussi sa participation à la réflexion pour le développement. Le manque de repères et d’orientation, la dichotomie… sont, entre autres, handicaps diagnostiqués par le ministre de la Jeunesse et des Sports. Et pour les corriger, nous devons «développer collectivement des concepts» relatifs à la performance, à la persévérance dans l’effort, à l’assiduité… Ce qui signifie que nous devons désormais aider les jeunes à s’inscrire dans une dynamique de performance et d’excellence à tous les niveaux, dans tous les domaines.
Le ministre a aussi mis en exergue la nécessité de favoriser l’accès des jeunes aux TIC en les attirant vers les contenus culturels, les questions d’éthique, l’ouverture sur les ressources génératrices de revenus. Et le Département compte favoriser «l’émergence d’une conscience citoyenne par la redynamisation du Mouvement pionnier et du Service national des jeunes (SNJ) qui visent à inculquer aux jeunes des valeurs qu’ils doivent désormais véhiculer». C’est cela aussi la finalité du concept de «Génération Dambé», porteuse d’espoir et de valeurs. Elle a la redoutable mission de contribuer à bâtir une Nation forte de ses valeurs et qui peut résister à toutes les tentations d’auto-satisfaction, d’auto-destruction et aux innombrables tentatives de déstabilisation. Parce que reposant sur des valeurs culturelles et sociales inébranlables comme les convictions que nous devons avoir chacun au service d’une telle nation.
Le courage et l’audace des réformes
D’importantes réformes sont également attendues et doivent aboutir à l’élaboration d’une Politique nationale des sports et de jeunesse devant, à son tour, favoriser la création des structures de management comme une Agence nationale du développement des sports, un Conseil supérieur de la jeunesse, etc. Au-delà du réarmement moral et psychologique des jeunes, ces réformes visent aussi à élargir la base de la pratique sportive. Cela est d’autant important que l’utilité du sport, ce n’est pas uniquement préserver la santé ou «compétir», mais il est aussi un terreau fertile de valeurs (entente, fair-play, solidarité, don de soi, dextérité, persévérance et constance dans l’effort, voire dans la performance, donc l’excellence) dont la perte avait basculé notre nation dans le chaos.
Face à une assistance acquise à sa vision, le ministre Mamadou Gaoussou a rappelé que le sport ne se distingue pas de la jeunesse, d’autant plus que ce sont aussi les jeunes qui font en majorité du sport. Et pour lui, «un bon sportif est moulé pour être un bon citoyen». Ce qui est la finalité de la nouvelle vision : faire des jeunes de bons citoyens responsables et engagés au service de la Patrie !
La finalité est d’autant claire que cette nouvelle vision s’articule autour du civisme, du patriotisme, de l’excellence… afin de favoriser l’émergence d’une conscience citoyenne. Cela va se traduire par des réformes courageuses, voire audacieuses (la relance du Mouvement pionnier et du Service national de la jeunesse, un soutien constant au programme de volontariat national, l’élargissement de la base de la pratique sportive avec la relance du sport scolaire et universitaire…), qui ne pourront que contribuer à faire avancer le pays à travers le sport et la jeunesse.
Moussa BOLLY
C.C/MJS