Passionnée de football dès le bas âge, Fadouma Dia est une célibataire sans enfant âgée de 34 ans. Elle est la première femme-arbitre africaine à avoir dirigé de main de maître, la finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football féminin, après avoir posé son empreinte sur le choc Niary Tally-As Pikine (des équipes nationales du Sénégal) pour la montée en Ligue 1.
S’il est vrai que les hommes font l’histoire, il n’en demeure pas moins une certitude que, sans la gent féminine, cette autre moitié du ciel, aucune décision d’ampleur, ni aucune disposition humaine ne saurait enrichir. Les femmes en général, de par leur détermination, leur engagement, leur bravoure, leur courage, constituent à n’en point douter, un excellent dynamisme motrice du développement économique, social et culturel. De ce sens, c’est en toute lucidité de cause qu’elles s’illustrent de fort belle manière chaque jour d’avantage, afin de conduire et d’influer positivement sur les destinées de leurs compatriotes tout en participant à leur bien être. C’est dans cette optique que le comité pour le Développement du Sport de Tambacounda a honoré, celle qui a porté haut le flambeau du Sport Sénégalais. Il s’agit de Fadouma Dia qui est une fierté pour la région occidentale de l’Afrique ainsi que tout le Sénégal.
Arbitre internationale de football, Fadouma Dia est une fierté pour la région de Tambacounda en particulier, de tout le Sénégal en général ainsi que de toute les femmes africaines tout court, à cause de ces belles prestations qui ont fait d’elle l’un des meilleurs sifflets continentaux voir planétaire. Déjà arbitre de la finale retour du championnat de Ligue 1 en 2009 entre la Linguére de Saint-Louis et le Casa Sports de Ziguinchor, Fadouma Dia, qui a sifflé lors des Jeux olympiques de 2008 à Pékin, en République Populaire de Chine, a franchi la nouvelle plate-forme en intégrant le cercle des arbitres ayant officié une finale de Coupe d’Afrique des nations (CAN).
Toujours en conformité avec les règles du jeu qu’elle a appris à maîtriser au cours d’une formation, supervisée par la Commission régionale des arbitres (Cra) de Tambacouda dirigée par Ibrahima Traoré, Fadouma Dia ne veut pas que l’on voit derrière certaines de ses décisions une marque de sévérité. Ainsi, la native de Tamba de nous raconter une histoire au cours d’un match interscolaire entre des Gabonais et des Centrafricains au cours duquel elle a distribué plusieurs cartons. «J’ai donné un carton rouge à un joueur Gabonais qui m’a insultée. Je l’ai expulsé. Un autre joueur est venu répéter la même chose, j’ai brandi aussi le carton rouge. Idem pour un troisième joueur. C’est sur ces actes que l’équipe gabonaise a plié bagage. Finalement, elle a perdu le match à la suite d’une séance de tir au but. Une rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre dans le Campus mettant en épingle ma sévérité. Comme ils voyaient que c’est la première fois qu’une femme se présente en tant qu’arbitre, ils pensaient qu’ils pouvaient me menacer et m’influencer. Mais, ils ne me connaissaient pas. Il faut avoir du caractère pour maîtriser les 22 joueurs. Je sais que les joueurs se méfient des arbitres femmes qu’ils qualifient de trop sévères», s’enorgueillit Fadouma, qui, ayant débuté en tant qu’élève sa formation dans l’arbitrage dans sa région natale de Tambacounda, a poursuivi son perfectionnement à Dakar après l’obtention de son Baccalauréat en 1997 pour atteindre 8ans après (en 2005) le niveau d’arbitre internationale.
Avec une démarche féline, aujourd’hui, Fadouma fait partie d’une génération de jeune dame et talentueuse arbitre qui a su faire sa place dans le monde du football. Toujours en conformité avec les règles du jeu qu’elle a appris Fadouma Dia ne veut pas que l’on voit derrière certaines de ses décisions une marque de sévérité car, « l’une de nos difficultés est qu’on nous accuse suivent de la défaite des équipes. Je voudrais tout simplement que les gens sachent qu’avant tout nous sommes des êtres humains et l’erreur est humaine. Malgré cela, j’essaye toujours de tout mettre en œuvre pour ne pas faire de faut pas », a laissé entendre la "reine" du sifflet avec l’attitude ferme qu’elle affiche sur le terrain quand elle officie. La taille filiforme sculptée dans un mini-collant et un tee-shirt vert à rayures blanches, Fadouma Dia est une fille de son temps, avec comme passe temps, le shoping, la lecture et la télévision.
CONTRAINTES FAMILIALES…
L’intégration dans l’arbitrage, de Fadouma Dia n’a pas été facile à cause de son appartenance à une famille Haal Pulaar réputée pour son traditionalisme. A cet effet, en dépit de la bénédiction de son père, elle devait faire face à l’obstacle que constitue sa maman. «Ma mère me disait que c’est risqué qu’une femme soit arbitre. Mais à force de voir les gens venir m’encourager, elle a fini par se résigner à me laisser poursuivre le chemin déjà entamé. Mais il faut dire que les débuts n’ont pas été faciles. Parce qu’à cette période il n’y avait pas encore beaucoup de femmes dans l’arbitrage. Mais au fil du temps, les gens ont pu accepter de voir une femme arbitre sur les terrains ».
Bintou Danioko (Ma Patrie)