Paix, réconciliation et cohésion sociale : Le football féminin apporte sa contribution à la ville des 333 saints

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equipe féminine de Tombouctou
equipe féminine de Tombouctou

Prendre la route en cette période pour se rendre à Tombouctou, il faut le faire. Pire encore si c’est pour livrer un match de football féminin. Ce fut donc un coup de génie de la fédération malienne de football à travers sa commission centrale de football féminin, présidée par Mme Traoré Fatou Camara, qui a organisé la rencontre entre Lafia Club de Tombouctou et l’As Réal de Bamako, comptant pour les ¼ de finale de la coupe du Mali 2014. Les femmes ont bel et bien joué, en short, à Tombouctou.

Qui l’aurait cru, après toutes ces exactions commises lors de l’occupation jihadiste, que des femmes pouvaient livrer une rencontre de football dans cette ville. Pour ces gens d’un autre âge, la place de la femme est au foyer en d’autres termes, ” la femme n’est qu’une esclave de l’homme “.

 

L’ambiance était festive au stade municipal de Tombouctou, le lundi 14 juillet dernier qui coïncidait avec l’attaque des jihadistes contre une patrouille de l’armée française à Al Moustarat dans la région de Gao, tuant un soldat français. C’est dire combien la menace extrémiste est toujours présente dans les régions du nord du Mali. Cela n’a pas affecté la bravoure des dirigeants du football malien qui, à travers cette rencontre ont voulu passer un message très fort à l’endroit de ces personnes mal intentionnées, à travers une rencontre de football féminin.

 

L’équipe locale, Lafia Club recevait l’As réal de Bamako. Le sort du tirage au sort en avait décidé ainsi, et il a fallu la détermination des grandes personnalités, soucieuses du retour de la paix, de la cohésion sociale et de la réconciliation du peuple malien, à travers le football féminin. Ils ont pris le risque d’organiser cette rencontre et ce fut un véritable coup de génie, vu l’engouement suscité par ce match.

 

Hommes, femmes, enfants se précipitaient pour ne rater aucune occasion de cette rencontre. La population a répondu présente, une façon de dire non aux jihadistes et aux envahisseurs. Les autorités administratives, municipales, notabilités, les responsables de la Minusma, etc… avaient massivement effectué le déplacement. Quelques-uns nous ont livré leurs impressions.

 

Au-delà d’une rencontre de coupe du Mali, l’organisation d’un match de football féminin dans notre région est une preuve que nous vivons et sommes un peuple à part entière “, nous a confié un notable.

 

Nous remercions la Femafoot pour avoir accepté qu’un match des femmes se joue dans notre ville en cette période. Nous sommes très honorés et souhaitons que de telles initiatives soient pérennisées afin de montrer à ceux qui croient qu’il n’y a que la guerre ici, qu’il fait plutôt bon vivre “, dira un habitant et fanatique du football.

 

Pour le chef du quartier, la page de la crise est tournée, mais seulement il faut justement pérenniser des activités du genre afin de distraire les jeunes. ” C’est pourquoi je juge très importante et salutaire l’organisation de cette rencontre de football féminin. Au-delà du sport, vous avez vu l’engouement suscité autour de cette rencontre, ce fut une belle fête et pour ceux qui pensent qu’il n’y a que la guerre chez nous, vous leur direz que nous vivons normalement “.

 

L’un des responsables de la Minusma rappellera après la rencontre qu’il a suivi avec le plus grand intérêt, que la jeunesse avait envie de se distraire après l’occupation du Nord.         ” Tombouctou aujourd’hui se voit toujours à l’extérieur, comme une ville qui est encore en guerre, j’exhorte tout un chacun à effectuer le déplacement et à vivre les réalités du terrain. Les gens vivent aisément à Tombouctou, il y a les forces françaises, les casques bleus sont là, les Fama, la protection civile, tous déploient des efforts pour la sécurité des personnes et de leurs biens. Donc, tout ce que nous disons c’est d’effectuer le déplacement et de vivre les réalités du terrain. Un match de football féminin vient de se tenir en présence des autorités et d’une foule nombreuse. Cela veut tout dire “.

 

En tout cas, ce fut une belle aventure, malgré quelques couacs au niveau de l’organisation. L’objectif recherché par la Femafoot a été atteint, de la plus belle des manières d’ailleurs, car la joie de vivre se lisait sur le visage des centaines de spectateurs qui s’étaient régalés d’une aussi belle rencontre. Celle-ci a vu une large victoire de l’As Réal. À la fin du match, les joueuses se sont fait des accolades, suivi des séances photo et des messages de solidarité adressés à l’endroit de leurs sœurs de Tombouctou. “Nous avons accepté d’effectuer ce voyage, afin de montrer à nos sœurs du Nord que nous les soutenons. Nous rentrons satisfaites, car il est clair qu’elles ont désormais tourné la page et leur état d’esprit nous réconforte agréablement’’, dira une joueuse du Réal de Bamako.

 

Ce sont donc les noires et blanches de Bamako qui continueront l’aventure de la coupe du Mali. Ce dimanche, elles chercheront une place en finale contre les militaires de l’Usfas. Il faut rappeler que la particularité de la finale de cette année est que les femmes joueront le même jour que les hommes, le 31 juillet, à partir de 14heures, en présence du Chef de l’État.

       Clarisse NJIKAM envoyée spéciale à Tombouctou

 

 

Zéro pointé à la ligue de football de Tombouctou

La grosse déception de cette aventure de la cité des 333 saints, vient de la ligue régionale de football de Tombouctou, qui a brillé par son anarchie et son laxisme dans l’organisation de cette rencontre, comptant pour les ¼ de finale de la coupe du Mali de football féminin. Informée de l’arrivée de la délégation par télégramme et par coups de fil, les membres de la ligue ont tout simplement fait preuve de mauvaise foi, en laissant toute la délégation errer pendant plus d’une heure d’horloge.

 

Malgré la procédure normale qui a été faite, tout au long du voyage, le premier responsable de la ligue a été informé de l’évolution de toute la délégation, qui se trouvait ensemble, pour les problèmes de sécurité. La confirmation a été faite que les membres de sa ligue étaient informés de notre arrivée, dans 5 heures de temps et il était 11 heures quand nous échangions au téléphone.

 

À notre arrivée, personne n’était à l’accueil. Après plus d’une heure d’attente, deux membres de la ligue se sont présentés, sans aucun état d’âme pour nous rappeler n’avoir pas reçu la confirmation de notre arrivée. Ils sont donc allés entasser toute la délégation à l’institut Ahmed Baba, dans des salles non climatisées (40°), sans eau, ni salle de bain, dans un endroit sale qui servait de quartier général pour les jihadistes lors de la crise et à leur départ, ils ont tout saccagé.

 

Une scène contraire à l’information donnée par le secrétaire général de la ligue, qui confirmait avoir pris une villa avec des chambres climatisées pour la délégation. Des mensonges grossiers qui prouvent la mauvaise foi des gens prêts à tout pour l’argent. Le rappel à l’ordre du commissaire du match n’a servi à rien, car même les arbitres ont été logés dans cette promiscuité, pendant trois heures de temps, avant de se voir loger dans un hôtel de la place. Le fait hallucinant c’est que le budget alloué par la Femafoot pour l’organisation de cette rencontre a été revu à la hausse, juste pour mettre tout le monde à l’aise. Hélas ! C’était sans compter avec les parasites qui n’attendent que de pareilles occasions pour grignoter… Quelle honte !

Il nous revient que cette ligue n’est pas qu’à son premier déluge du genre. Tenez-vous bien, le Djoliba AC a été déjà victime de cette mésaventure.

 

C’est donc au comité exécutif de revoir la gestion de certaines ligues, au lieu de voir à chaque fois le bon travail abattu en amont, saboté. Il n’y a pas que l’argent qui compte dans la vie, mais la dignité humaine aussi. À bon entendeur salut !

 

                   Clarisse Njikam, envoyée spéciale à Tombouctou.

 

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2 COMMENTAIRES

  1. 😉 Les clubs du Nord qui vont à Bamako vivent des conditions plus dures et ne sont jamais logés dans des hôtels ou des salles climatisées . ils sont chaque fois entassés dans les grandes salles de la Maison des jeunes et souvent les responsables de la Maison des Jeunes ne sont même pas informés . Imaginez le reste .
    C’est une surprise d’entendre pour la première fois qu’en matière d’accueil que la ligue de Tbtou soit aussi critiquée .

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