Il y a un gardien de but qui est sorti par la grande porte de l”équipe nationale senior "les Aigles du Mali", c”est bien Ousmane Farota. Beaucoup se rappellent ce nom. Et peu savent ce que cet homme est devenu aujourd”hui.
Bamako-Hebdo, votre magazine préféré a décidé d”approcher l”ancien footballeur. C”est le dimanche 18 février dernier que nous avons été accueillis par Ousmane Farota à son domicile de Banakanbougou.
Fils de Moussa et de Kadia Farota, Ousmane est marié depuis 1997 avec Assetou Traoré, qui travaille à Plan-Mali comme documentaliste. C”est en 2003 que le couple a eu sa première fille, Fatoumata qui est l”homonyme d”une tante d”Ousmane. Une deuxième fille est née une semaine après le décès de la mère de Ousmane, c”est pourquoi elle porte le prénom de celle-ci, Kadidia.
Comme tous les jeunes maliens, Ousmane Farota a commencé à taper dans le ballon en bas âge au Quartier Mali, où il jouait avec l”Askia Football Club. C”est après qu”il a intégré l”équipe de la Commune V. Joueur talentueux, Farota décida de faire carrière. Il choisit comme club l”AS Réal sur les conseils de certains de ses amis, comme Papa Coulibaly, Mamadou Bah, Sory Coulibaly et surtout de son oncle Abdoulaye Farota. C”était en 1980-1983. "Vous savez, j”étais un supporter du Djoliba avant d”aller au Réal. J”étais alors très jeune. A chaque fois que le Djoliba jouait, je me mettais en rouge pour aller au stade. Quand je suis arrivé au Réal, je savais que je n”aurais pas la chance d”avoir une place au Djoliba, qui comptait des gardiens de but comme Sory Kourouma et feu Karamoko Diané. A ce moment-là, Moussa Bagayoko était le goal titulaire. J”ai commencé à jouer avec Driballon, Amadou Pathé Diallo, Amadou Samaké, Jardin, Papa Coulibaly. Ces joueurs ont fait le bonheur du football malien" nous a déclaré Ousmane tout souriant.
Il se rappellera toujours de son premier match avec l”AS Réal. C”était à Sikasso, face au Tata, en championnat national de première division. Ce jour-là, le Tata a battu le Réal sur le score de 1 but à 0. Le même jour, le Sigui de Kayes a également battu le Stade Malien sur le score de 3 buts à 2.
Une semaine après, le Réal est allé à Accra dans le cadre de la Coupe UFOA. C”était l”opportunité pour Farota pour montrer tout son savoir-faire. Heureusement, il a été désigné comme l”homme du match. C”est en 1984-1985 qu”il sera appelé pour jouer en équipe nationale senior. Il y avait comme coéquipiers Drissa Traoré dit Poker, Bourama Guèye, Fagnery Diarra, feu Karamoko Diané, Mohamed Djilla, Seydou Diarra dit Platini pour ne citer que ceux-ci. Les joueurs qui ont le plus fatigué Ousmane Farota durant sa carrière sont Seydou Diarra dit Platini, Mohamed Djilla, et Poker.
"C”est Poker qui m”a le plus fatigué. Sa force était le tir au but (penalty). Tout le monde était d”accord qu”aucun gardien de but ne pouvait arrêter un penalty de Poker. En équipe nationale, j”essayais toujours de jouer contre lui pour m”entraîner à arrêter ses tirs. Un jour, le Réal était opposé au Djoliba. Au cours du match, le Djoliba a obtenu un penalty. J”étais content car je pensais que j”allais arrêter ce tir. Mais, encore une fois, Poker a marqué. Vraiment, c”était un grand joueur. Il m”a aussi impressionné parce qu”il menait une vie sportive exemplaire. Je voulais lui ressembler. Il était toujours au rendez-vous à chaque match du Djoliba" se souvient-il.
Au plan international, Farota retient le nom de l”ancien attaquant des Eléphants de Côte d”Ivoire, Hamed Ouattara. "Ce joueur m”a beaucoup fatigué lors de la Coupe d”Afrique des Nations (CAN) en Tunisie" a-t-il déclaré. Ses forces étaient sa régularité et sérieux dans les entraînements.
A cause du football, Farota n”a pas pu aller très loin dans ses études. Après avoir décroché le Diplôme d”Etudes Fondamentales (DEF), Ousmane Farota a suivi des cours de Comptabilité au CFTQ. Ce qui lui a permis d”intégrer la Banque Malienne de Crédit et de Dépôt (BMCD), qui est devenue aujourd”hui la Banque de Développement du Mali (BDM). Actuellement, il est l”un des guichetiers de cette banque. "C”est grâce à mon oncle Ismaël Kanouté que j”ai pu intégrer la banque. A l”époque, il était le PDG de la BMCD. C”est lorsque que je jouais au Stade Malien qu”il m”a proposé un emploi. J”ai commencé en 1990 comme guichetier. Comme je voyageais beaucoup avec l”équipe nationale ou avec le Stade, j”ai débuté à la caisse comme manipulateur" se rappelle Farota. Il fut l”un des meilleurs joueurs de la Coupe Cabral qui a eu lieu à Bamako en 1989 et dont le Mali a remporté le trophée en battant la Guinée Conakry sur le score sans appel de 3 buts à 0. "Vous savez, j”étais blessé au début de la compétition. J”ai été blessé lors d”un match amical contre l”Algérie. C”est Kindian qui est venu me chercher pour que j”aille à l”internat. Finalement, avec l”aide des médecins, j”ai pu tenir. J”ai joué contre le Cap Vert. J”ai également joué la demi-finale contre la Sierra Léone (1 -0). Et nous avons battu la Guinée en finale sur le score de 3 buts à 0. C”était ma première coupe Cabral avec l”équipe nationale " raconte-t-il.
C”est en 1997 que Farota a tiré sa révérence, lors d”un match amical qui a opposé l”équipe nationale "les Aigles du Mali" à la Tunisie. Comme entraîneur, il a comme référence Mamadou Kéïta dit Capi : "Mamadou Kéïta est un bon entraîneur. C”est quelqu”un qui est très bien, qui connaît le football. Je n”ai jamais eu un meilleur entraîneur que lui".
Ousmane Farota est très satisfait de sa carrière footballistique : "je peux dire que je suis satisfait. Le football m”a tout donné. Il m”a ouvert toutes les portes, dans la mesure où je suis aujourd”hui une référence. C”est grâce au football que j”ai pu avoir une maison et travailler à la BDM aujourd”hui. Je suis vraiment très ravi".
S”agissant du football malien, Ousmane estime qu” "il a beaucoup évolué, contrairement à notre temps qui était celui de l”amateurisme où chacun se débrouillait pour aller au stade.
A l”époque, notre prime variait entre 10 000 et 50 000 FCFA. Pour Tunis 94, notre prime était 50 000 FCFA. Et nous jouions avec beaucoup de cœur pour défendre les couleurs notre pays. C”est ce qui manque à nos joueurs d”aujourd”hui, qui, pourtant, gagnent beaucoup d”argent. Vraiment, les choses ont évolué. Il y a aussi la pression des supporteurs qui joue sur les joueurs. En tout cas, il faut qu”on se donne la main pour soutenir nos jeunes, afin qu”ils puissent se qualifier pour la prochaine CAN" a-t-il conclu.
Alou B HAIDARA
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