Organisation de la Can 2015 : L’Union africaine remise en question

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Le choix du pays devant abriter la Coupe d’Afrique des Nations 2015 (Can 2015) a suscité de vives polémiques sur le continent. Et pour cause, le pays organisateur qu’était le Maroc, a jeté l’éponge, arguant que la fièvre à virus Ebola fait des ravages. Et pourtant, ce pays organisera la Coupe du monde des Clubs de la Fifa du 10 au 20 décembre 2014. Quel paradoxe ! Du coup, c’est sur la Guinée Equatoriale que la Confédération africaine de football (Caf) a jeté son dévolu pour organiser la Can 2015. Là encore, cela pose problème, étant donné que ce pays reste sourd à la circulation des personnes et de leurs biens, tant prônée par les pionniers des Etats-Unis d’Afrique (Union africaine), avec sa carte de séjour.

 

Du 10 au 20 décembre 2014, le Maroc accueillera les plus grandes stars de la planète football à l’occasion de la Coupe du monde des Clubs de la Fifa. Sept équipes du monde entier se rencontreront à Rabat et à Marrakech. Or, invoquant des risques liés l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, le Maroc avait demandé, à plusieurs reprises, à la Confédération africaine de football (Caf) le report de la Coupe d’Afrique des nations (Can) prévue sur son territoire du 17 janvier au 8 février 2015. Une hypothèse que l’instance suprême du football africain a catégoriquement exclue. En effet, le président de la Caf, Issa Hayatou, a soutenu que le report de cette compétition allait porter «un coup mortel» au football africain, qui risquait de ce fait de perdre sa crédibilité. Pour lui, il était donc urgent de mettre un terme au «bras de fer» engagé avec la Fédération marocaine de football. Et le président Hayatou de souligner que l’argument brandi par le Maroc pour demander l’annulation de la compétition -à savoir l’épidémie d’Ebola- ne tient pas, car Rabat organisera en décembre sur son territoire la Coupe du monde des Clubs, soit 25 jours seulement avant le début de la Can.

 

Mauvaise volonté du Maroc ou impréparation mise sur le dos d’Ebola ? Sinon, comment peut-il refuser une Can qui se tiendra en 2015 et accepter d’accueillir la Coupe du monde des Clubs qui se tient cette année ? Où est donc passée la solidarité africaine, surtout quand on sait que «c’est dans le malheur qu’on reconnaît ses vrais amis» ?

 

De toutes les façons, après des controverses, c’est finalement la Guinée Equatoriale qui a été retenue pour organiser cette Can 2015. Ce pays, il faut le dire, est loin du «djatiguiya» malien, surtout avec sa carte de séjour. Finalement, la question qui taraude les esprits, est de savoir si l’Africain ne peut pas vivre libre en Afrique, dans un pays de son choix. Et pourtant, tout comme le Maroc, la Guinée Equatoriale prétend promouvoir l’Union africaine, ou comme aimait le dire feu Kadhafi de la Lybie, les Etats-Unis d’Afrique.

 

Ce rêve panafricain est-il alors devenu un mythe ? Pour rappel, le rêve d’une unité politique de l’Afrique ne date pas d’aujourd’hui. Depuis le début du XXème siècle avec l’émergence du panafricanisme sous sa forme politique, qui prônait le retour de tous les Africains à la mère patrie, l’unité du continent a toujours été l’objectif primordial des promoteurs du panafricanisme. À ce propos, le panafricanisme était d’ailleurs défini comme «une aspiration des Noirs d’Afrique et de la diaspora qui s’identifient culturellement par leur appartenance à la civilisation négro-africaine ; puisant sa force dans la résistance pluriséculaire des Nègres à l’esclavage, cette aspiration se projette dans une unité politique du continent sous la forme des Etats-Unis d’Afrique».

Plus concrètement, cette unité politique que Kwamé Nkrumah appelait de tous ses vœux, s’est manifestée non seulement par la naissance du panafricanisme, mais également par l’intervention dans la politique mondiale de ce qu’on a appelé la personnalité africaine. Historiquement, l’expression «panafricanisme» était inconnue avant le XXème siècle, quand Henry Sylvester Williams de l’île de Trinité et WEB Dubois des Etats-Unis d’Amérique, tous deux descendants d’Africains, l’employèrent lors de plusieurs congrès africains auxquels assistèrent surtout des savants américains d’origine africaine. Une autre contribution notable au nationalisme africain fut le mouvement de «retour à l’Afrique» de Marcus Garvey.

Ce petit rappel historique étant fait, revenons à notre sujet. Le Maroc étant disqualifié de la Can pour son comportement anti-sportif sous le fallacieux prétexte d’Ebola, la Guinée Equatoriale devra, elle, revoir sa copie en «abolissant» la carte de séjour. Car, un Equato-guinéen n’a pas besoin de cette carte pour vivre au Togo, au Mali, en Côte d’Ivoire… Pourquoi pas alors une certaine réciprocité ? À y réfléchir tout simplement !

Bruno E. LOMA

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