Le sport est une activité d’interaction par excellence. Il arrive à fédérer les jeunes dans un pays. Des nations l’ont utilisé comme outil d’intégration et de réconciliation nationale.
Il est 17 h. Le crépuscule s’annonce sur Niamana, quartier périphérique de la capitale. Au moment où la chaleur ardente de la journée s’atténue, les Espoirs de Niamana sont en pleine séance d’entraînement. L’équipe de 3e division prépare le championnat national de sa catégorie.
Le coach Ibrahim Nadder, à ses côtés son adjoint, Mohamed Ag Aly originaire de Gao. Avec son chapeau à la Maha, l’ancien gardien de l’équipe nationale du Mali, vêtu d’un maillot blanc et noir, Nadder donne de consignes à ses poulains. “Occupez le terrain, courez…!”, ordonne-t-il.
“Dans mon équipe, vous avez des jeunes venus de divers horizons mais aussi de nationalités différentes. Nous avons ici des Maliens, des Guinéens, un moment donné aussi il y avait des Ivoiriens. Pour moi, le sport est un facteur d’intégration”, détaille le coach des Espoirs de Niamana.
Des joueurs inondés de sueur, habillés en maillots rouge et orange crient autour d’un ballon rouge. Ici, toutes les catégories sont présentes. Les poussins, les pupilles, les minimes… Ils s’entraînent sur un vaste espace à Niamana, loin du fracas bamakois.
Les interactions favorisent la paix
Selon Cheick Koné, sociologue et enseignant, le regard furtif, dans le sport, il y a l’ambiance, il y a la joie pour apaiser les cœurs, et les gens peuvent s’accepter facilement. Pour ce sortant de l’Université Paris 8, “il y a des règles et principes auxquels les gens sont soumis. Ils peuvent les socialiser”.
Au niveau national, son idée est partagée par les autorités. Celles-ci ont initié du 24 au 31 décembre 2017 les Jeux nationaux de la jeunesse. Une compétition qui a réuni toutes les régions administratives du pays. 891 participants ont pris part à cette compétition. Elles ont concouru dans sept disciplines sportives.
A la cérémonie inaugurale, Habib Sissoko, le président du Comité national olympique du Mali, avait déclaré que “le sport doit prendre toute sa part dans la quête de l’unité du pays”. Pour cet acteur incontournable du landerneau sportif malien, cette fête sportive était un moment de communion et de cohésion pour la jeunesse malienne”.
Les jeunes voyagent, discutent, causent, il y a des relations qui se créent, permettent que les affinités naissent dans le rapprochement, affirme le sociologue Koné
Et de recommander aux Maliens l’exemple sud-africain où Nelson Mandela a su réunir ses compatriotes autour du rugby, jadis réservé exclusivement aux Blancs sud-africains. Aujourd’hui celui-ci est devenu un symbole d’un pays uni, car il a contribué au brassage et la réconciliation de la nation arc-en-ciel.
Journaliste et directeur de publication du journal “La Mutation”, Sadou Bocoum pense qu’au Mali seul le sport, notamment le football peut réunir les jeunes, les communautés. “Les tournois de football organisés dans les quartiers mobilisent les populations”, souligne-t-il. Le journaliste invite les acteurs au respect strict des textes qui régissent le sport.
Il faisait allusion à la crise qui a gangréné le secteur au Mali. Les acteurs étaient à couteaux tirés avant la mise en place de la Commission de normalisation nationale (Conor) instituée par la Fédération internationale du football (Fifa).
Yehia Mahmoud