Athlète déficiente visuelle présente aux jeux paralympiques, la fille du chanteur Salif Keita aimerait changer la perception du handisport.
Il lui est arrivé de l’accompagner jusque sur la scène pour une danse effrénée. La réciproque n’est pas vraie. Nantenin Keita n’autorise pas son père, le mythique chanteur malien Salif Keita, à assister à ses compétitions. Ni ses proches. Souvent, ils insistent, mais “Nanto” “ne leur donne pas les infos”. Sa peur? “Qu’ils viennent pour rien, qu’ils soient déçus du résultat.” Elle déçoit pourtant rarement. Double médaillée à Pékin (2e sur 200 m, 3e sur 400 m) sous les couleurs françaises, elle a aussi détenu en 2009 le record du monde du 100 m (12” 20). À Londres, elle s’imagine enveloppée d’or, notamment demain sur 400 m.
Nantenin a une vue de famille. Des yeux déficients comme ceux de son père, touché par l’albinisme. Avec 0,7 et 0,8 dixièmes, ils lui permettent juste de distinguer les distances et de vagues repères sur une piste. Elle craint les fortes luminosités et l’exposition de sa peau au soleil, mais pas le quotidien d’une athlète. Elle ne s’entraîne qu’avec des valides dans son club de Saint-Quentin-en- Yvelines. Il y a là, en creux, l’un de ses combats : être considérée comme une sportive, une performeuse, avant d’être perçue comme une handicapée. “Nanto est très militante à ce niveau, confirme Philippe Lefèvre, son entraîneur. Elle ne veut surtout pas qu’on s’apitoie. À l’entraînement, les autres oublient qu’elle a un handicap tant elle montre l’exemple, en vraie leader.”
“Il y a des gentils handicapés, des cons, des pénibles…”
Son prochain défi? S’aligner sur un 400 m haies. Autant dire sans voir les obstacles. Mais en déclenchant son impulsion selon le nombre de foulées. Elle s’y essaie à l’entraînement avec des haies en mousse, pour ne pas risquer la blessure. S’adapter, toujours. Un peu comme pour le relais, dont elle maîtrise l’art via des signaux sonores au passage de témoin. Avec une petite astuce en plus : sa vue étant plus sensible aux couleurs sombres, les autres relayeuses s’habillent le bras de noir. Résultat : une 2e place aux championnats de France élite sur 4x400m. À titre individuel, sur le tour de piste, elle a déjà atteint la finale B.
Employée aux ressources humaines chez Malakoff Médéric, sa vie est finalement celle d’une jeune femme de 27 ans comme les autres. Le permis de conduire en moins, mais elle prend le bus seule. Et la difficulté à lire les étiquettes en séance shopping en plus. Sans compter certains clichés réducteurs, qu’elle s’efforce de dissiper : “On pense souvent que les personnes handicapées sont lisses, fonctionnent de la même manière, sans états d’âme. Comme si on rentrait tous dans la même case. Mais de la même façon qu’il y a des gentils handicapés, il y en aussi des cons et des pénibles.”
Après les Jeux, elle trouvera peut-être le temps d’aller se ressourcer au Mali, sa terre natale. Salif Keita l’avait fait venir en France, à Montreuil (Seine-Saint- Denis), dès l’âge de 2 ans. Pour ne pas qu’elle ait à subir ce que lui-même avait vécu, jeune albinos mis au ban d’une société qui leur prête parfois encore des pouvoirs maléfiques. Là-bas, quand ce n’est pas “la Blanche” ou “la Française”, on l’appelle “la fille de…”. Son indépendance, elle a pourtant très vite voulu la gagner, à tous niveaux. “Même avant d’être majeure, j’étais autonome.” Aucune défiance de sa part, juste une gêne touchante : “Mon père est quelqu’un d’important en Afrique. Je ne voulais pas lui poser des problèmes.”
lejdd.fr/ 2 septembre 2012
Bon vent à toi chère frangine !
Fière de toi ma soeur et surtout bon courage à toi.Salif ton père est unique au monde dans la musique mandingue.J’ai dejà assisté a ces concerts à argenteuil et conflant sainte honorine vous avez tres bien dansé sur scène et assuré.Vive l’afrique et vive le Mali
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