Avec un seul pays qualifié en quart de finale du Mondial de la Fifa Qatar 2022, la diaspora africaine présente à Doha n’est pas à la fête. Micro-trottoir.
Claude Mailassou, étudiant centre africain à Doha, grince les dents : « Encore un seul qui flambe. Le reste, à la maison ! Un sur cinq, le bilan est à peine modeste ». A la mi-temps, l’Afrique n’a donc pas la banane. Et pour cause : de ses cinq représentants au Qatar, seul le Maroc a su se faufiler dans la meute des prétendants pour arracher une place dans le wagon des quarts de finale. Les autres et là encore en dehors du Sénégal qui a goûté les 8es de finale, ont traîné comme des boulets de curieux évènements (affaire des vestiaires du Cameroun) ou avoué leurs petites ou grandes insuffisances (Cameroun, Ghana et Tunisie).
Alors, comme les soirs de mauvaise fortune, le continent noir pousse l’introspection et se pose mille questions : qu’a-t-il offert à la face du monde lors des qualifications ? Qu’est devenu son football ?
Les sélectionneurs locaux n’ont-ils pas été à la hauteur?
Bonne image ?
Face au miroir des premières réalités du Mondial, le président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto’o refuse de faire la moue : « Le foot africain a montré une bonne image d’elle. Il n’est plus ce faire-valoir qui prenait régulièrement le bouillon devant les grands du monde. Aujourd’hui, sur deux qualifiés en 8es de finale, il n’y a qu’un seul qualifié pour les quarts, mais les Africains ont su se mettre au diapason des meilleurs. Et ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour un continent longtemps en retrait, largué».
Rien que du « politiquement correct » ! Car cette tendance surréaliste à enjoliver un bilan peu reluisant n’occulte pas le malaise ambiant qui se traduit par le débat latent sur la perte d’identité d’un football africain phagocyté par une mondialisation à outrance. L’Afrique a troqué son jeu d’instinct et dirige son football quelconque, quoique naïf, contre un cartésianisme européen qui ne lui va trop bien non plus.
La mayonnaise ne prend pas, une polémique s’invite !
Le Burkinabé Herman Yaméogo s’est fait le lointain écho de la « campagne anti Sofiane Boufal », qui fait rage à Ouaga après la qualification des « Lions de l’Atlas », en quarts de finale, au Qatar.
Visiblement ému de cette victoire, le joueur marocain s’est prononcé au micro de Bein Sports après la rencontre. «Merci à tous les Marocains à travers le monde pour leur soutien, à tout les peuples arabes, à tout les peuples musulmans. Cette victoire leur appartient », a-t-il dit.
Une déclaration qui fait déjà polémique notamment sur les réseaux sociaux. Pour avoir oublié de mentionner l’Afrique dans sa déclaration, Sofiane Boufal est devenu la cible des fans de foot africains qui ont pourtant tous supporté le Maroc.
Pour l’instant, la mayonnaise même avec des sélectionneurs locaux sur le banc de nos représentants (apprécié) n’a pas pris. Et au Mondial qatari, le football africain a plutôt beaucoup émargé dans la rubrique « faits divers » avec les sombres histoires de gestion et la mise à l’écart d’André Onana et la déclaration de Boufal, qui ont jeté le ridicule sur le Cameroun et le Maroc. « Mais c’est tout le continent qui en a pris pour son grade», regrette le Zambien, N’Dolovu. «On a encore parlé de l’Afrique de manière négative et ce cette fois-ci vers la fin et sur la route de l’histoire et de la gloire. Dommage, car le football est le meilleur ambassadeur de notre continent. Pour une fois qu’on ne parlait pas de guerre ou de famine, cette déclaration. Merci à tous les Marocains à travers le monde pour leur soutien, à tous les peuples arabes, à tous les peuples musulmans. Cette victoire leur appartient», vient faire tâche ».
Correspondance particulière
Boubacar Diakité Sarr
Depuis Doha au Qatar