De retour d’un séjour d’intenses activités au Maroc à l’occasion de la 13e édition du Salon de Cheval d’El Jadida (du 18 au 23 octobre), le président réélu à la tête de la Fédération malienne des Sports Equestres nous a accordé une interview au cours de laquelle plusieurs sujets ont été évoqués : sa réélection pour un 3e mandat de 4 ans, les chantiers battus, les nouvelles pistes à explorer ainsi que les retombées du Salon de Cheval pour le Mali et le Cheval malien ont été entre autres les questions abordées avec Mohamed Haïdara.
Mali Tribune : Monsieur le président, votre réélection est le fait du travail bien fait ou c’est parce qu’il vous manquait de challenger de poids ?
Mohamed Haïdara : Je ne pense pas qu’il y avait un défaut de challenger. C’est tout simplement la reconnaissance de mes pairs vis-à-vis de ce que j’ai pu entreprendre pour la Fédération malienne des Sports Equestres. Parce que vous n’êtes pas sans savoir que mes deux premiers mandats ont été réservés à la mise en place institutionnelle de la Fédération. Pour la petite histoire, quand nous venions aux affaires, la Fédération n’avait même pas de récépissé. Il a fallu en chercher, prouver que le sport équestre au Mali est reconnu par l’Etat donc d’utilité publique. Chemin faisant, on a mis en place les jalons d’une bonne association. Ensuite, le terrain sur lequel nous travaillons nuit et jour le champ hippique de Bamako n’était pas du tout sécurisé. Avec le concours du ministère des Sports, on a pu sécuriser l’hippodrome de Bamako. Une clôture qui a valu 300 millions de F CFA à l’Etat. Après ça on est passé à une redynamisation des ligues parce qu’au début il n’y avait que six. Aujourd’hui, nous sommes 13 ligues ça veut dire qu’on cravache dur pour essayer d’intéresser le maximum de personnes aux courses hippiques, ce qui fait qu’aujourd’hui, on a 13 ligues. Au-delà de ces 13 ligues, le nombre de chevaux a augmenté bien sûr. Et on est même passé à la catégorisation d’une nouvelle race de coursiers au Mali. On a fait venir des demi-sang, des « Quarter Horse » et on a même fait des pur-sang. Ça veut dire qu’on a deux nouvelles catégories qui concourent aujourd’hui aux destinées du sport équestre au Mali. C’est quelque chose de très reluisant de la part de la Fédération et on devrait s’en féliciter. Au-delà de cet aspect, aujourd’hui le Mali peut aller compétir à l’international. Ce qui était un rêve avant. C’est désormais possible, nous pouvons compétir partout que ça soit au Sénégal, en Côte d’Ivoire ou encore au Burkina Faso. Et très bientôt, nous sommes appelés à aller au Nigeria.
Nous irons surement au-delà puisqu’il y a des courses de très belle facture qui se passent au Cameroun. Et dès lors que nous aurons un effectif un bien approprié, il n’y a pas de raison à ce que nous ne puissions pas aller jusqu’au Cameroun par exemple pour compétir. C’est pour vous dire ce à quoi à peu près je m’étais attelé depuis des ans pour essayer d’asseoir les bases solides d’une Fédération. Notre parrainage avec le PMU-Mali (Pari Mutuel Urbain au Mali, ndlr) c’était quelque chose de verbal. Aujourd’hui c’est une convention qui lie la Fédération malienne de Sport Equestre au PMU-Mali.
Le montant est assez élevé maintenant pour que nous puissions nous reposer sur un bon matelas et essayer de diversifier nos activités au niveau de la Fédération. Pareil pour Moov Africa Malitel aussi qui nous aide beaucoup surtout quand on voyage. Quand on se déplace pour aller à l’international Moov Africa Malitel nous accompagne dans ce cadre-là. C’est quelque chose qui est vraiment très bien. Ensuite on a mis en place un canevas de communication bien approprié et avec le Comité national Olympique et Sportif du Mali (Cnosm). Ça veut dire que la mère des Fédérations est au courant de tout ce que nous faisons tous les jours. La dernière remarque qu’on a pu nous faire c’était pendant la dernière édition du Grand Prix de la Nation. Le Premier ministre était présent, il a vu lui-même qu’on a donné une énorme visibilité à l’hippisme au Mali. On a donné une visibilité au Champ Hippique de Bamako. Et désormais c’est un sport que les gens apprécient beaucoup. Le bilan ne peut être que réconfortant. C’est-à-dire on a posé les bases d’une structuration parfaite durant nos deux premiers mandats à la tête de la fédération. Malgré tous ces efforts, l’élection pour la présidence de la Fédération malienne des Sport Equestres a été quelque chose d’un peu mouvementé.
Mali Tribune : Vous venez de prendre part au Salon de Cheval au Maroc, quelles seront les retombées de ce rendez-vous mondial pour le Mali et le Cheval malien ?M H. : Pour la 4e fois le Mali a participé au Salon de Cheval à El Jadida au Maroc. C’était quelque chose de très bien. En partant pour le Salon du Cheval, on avait initié un voyage d’études avec le PMU-Mali. Donc le PMU-Mali a eu l’amabilité d’inviter un membre du CENIA (le Centre national d’Insémination Artificiel) et un vétérinaire de la Fédération pour qu’ensemble nous puissions aller voir ce qu’il y a de mieux en matière d’insémination au Maroc. Des années auparavant j’avais déjà pris contact avec la Société Royale d’Encouragement pour le Cheval, (SORAC). C’est une Société qui s’occupe vraiment de l’avenir du cheval au Maroc. Avec eux et le concours du PMU-Mali bien sûr, on a signé un protocole d’accord. Un protocole d’accord qui va aboutir à la signature d’une convention. On a déjà même amené la convention avec nous au Mali. Donc on verra avec l’Etat malien, le PMU-Mali pour voir dans quel sens on va gérer cette collaboration avec le Maroc. La convention stipule quoi ?
Premièrement, que le Maroc nous fournisse des Etalons pour la reproduction et nous de notre côté ici au Mali, il va falloir qu’on mette en place des structures pour accueillir les chevaux, mettre en place un laboratoire où on pourra recueillir les spermes pour pouvoir faire des inséminations, éventuellement mettre des jalons pour la mise en place des haras nationaux. Donc si on arrive à faire tout ça, on aura un stud-book de qualité par rapport à l’insémination. Ce qui fait que désormais, les chevaux nés sur le sol malien seront des chevaux identifiés et au Mali ici et à l’international. Donc nous ferons éventuellement partie du concert des grandes nations qui s’occupent des courses hippiques ou du sport équestre. Cela va permettre au Mali de se mettre au même diapason que les autres pays. Ce sont entre autres des petits détails qu’on a gérés avec la Sorac. Et à l’avenir ils vont nous aider pour la mise en place d’un hippodrome digne de ce nom. C’est une collaboration qui continuera à chaque fois que le contrat viendra à échéance. C’est une tacite reconduction. On prendra trois à quatre points qu’on va développer. Les domaines d’activités de la Sorac avec le Mali seront à grande échelle. Donc des années durant on aura une collaboration avec cette structure. Comme je le disais tantôt si jamais quelqu’un devait venir après moi à la tête de la Fédération malienne des Sport Equestres, la personne aura les atouts à sa possession : les chevaux, la structure, les infrastructures, l’élevage à côté. Donc il sera vraiment sur un terrain conquis et ça ne peut que l’aider dans l’exercice de ses nouvelles fonctions.
Mali Tribune : Ceci dit, quels sont les nouveaux chantiers auxquels vous allez vous attaquer ?
M H. : Aujourd’hui ce qui me tient le plus à cœur c’est ma collaboration avec le PMU-Mali, le ministère de l’Elevage, le ministère des Sports pour que nous puissions ensemble accorder nos violons et sortir de nos rencontres quelque chose d’édifiant pour la Fédération. Je parle de quelque chose d’édifiant, par exemple je disais tantôt la mise en place d’un Hippodrome digne de ce nom au Mali. Comme ça les autres pays de la sous-région pourront venir compétir au Mali sans problème.
La deuxième chose, c’est que je suis en pourparlers très avancés avec le ministère des Sports, avec le ministère des Domaines pour que demain on puisse transplanter le siège du PMU-Mali à l’Hippodrome de Bamako et qu’en retour le PMU-Mali puisse nous aider pour l’édification de notre Hippodrome. C’est un chantier qui me tient vraiment à cœur. C’est l’un de mes principaux chantiers aujourd’hui pour l’exercice qui me reste à finir à la tête de la Fédération.
Ensuite on verra notre collaboration avec France Galop. Dès que mon Secrétaire général sera de retour du Maroc, je vais adresser une correspondance à France Galop. Et voir dans quelle mesure la Fédération malienne des Sports Équestres pourra s’entretenir avec le France Galop pour voir les retombées que ça peut avoir pour l’épanouissement du sport équestre au Mali.
Mali Tribune : A l’avenir, pouvons-nous nous attendre à des courses organisées au Mali et dont les résultats seront pris en compte par PMU-Mali pour ses parieurs ?
MH. : Tout à fait ! La question vient à point nommé. Pas plus tard qu’un mois, j’ai eu une discussion très franche avec le PMU-Mali qui va d’ailleurs nous offrir une photo-finish pour la véracité de nos résultats au niveau de l’arrivée. Le PMU-Mali va nous fournir aussi un starting-block pour que les départs des différentes courses que nous organisons, soient sans équivoques. Qui dit départ normal, dit aussi arrivée bien justifiée. Ça veut dire qu’à l’avenir, les gens pourront commencer à parier sur les chevaux ici au Mali. Sur un plan légal, tout sera mis en œuvre pour attester la véracité des résultats. Donc quelque part, le PMU-Mali pourra de temps à temps demander aux parieurs de parier sur les chevaux du Mali. Et ça sera un grand bénéfice pour la Fédération puisque les retombées nous reviendront.
Mali Tribune : Quel visage comptez-vous donner à l’hippisme malien avant de passer le témoin à un successeur ?
MH. : Mon souhait aujourd’hui c’est que nous soyons au même niveau que le Sénégal, le Nigeria, le Cameroun ou encore le Soudan puisque des courses de bonne facture sont régulièrement organisées dans ces différents pays. Mon souhait le plus ardent est de pouvoir organiser ce genre de course au Mali pour qu’en quittant la présidence de la Fédération je puisse laisser derrière moi cette capacité à la Fédération d’organiser des courses de très bonne facture dont les gens pourraient nous envier.
Vous avez une ébauche de concrétisation de plein de chose aujourd’hui au Mali en matière d’hippisme. Je demande aux fans du cheval de venir s’épanouir sur nos hippodromes. Et puis ils verront. Ce n’est pas seulement qu’à Bamako. Il y a aussi, Ségou, Koro, Bankass, Ballé, Troukounbé, Nioro, Falou. Dans toutes ces contrées-là, il y a des courses de chevaux tous les dimanches. J’avoue sincèrement que ce sont de très belles courses. D’ailleurs les champions que nous avons ici à Bamako, nous viennent des régions. Le public sera vraiment servi.
Propos recueillis par
A. Cissouma, avec S. Diakité