Me Sy Aminata Makou Traoré, présidente de l’association pour la promotion de la jeunesse et des sports (APJS) “Nous ambitionnons de construire un complexe sportif de haut standing afin que les enfants apprennent et pratiquent en même temps le sport”

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“Nous voulons un accompagnement à long terme du département de la Jeunesse et des Sports pour soutenir nos actions”

Jeune, ambitieuse et très engagée pour la promotion de la Jeunesse et des Sports, Mme Sy Aminata Makou Traoré est la présidente de l’Association pour la promotion de la jeunesse et des sports (Apjs). Elle nous a accordé une interview, dans laquelle, elle parle de l’Apjs, ses objectifs, les perspectives et les difficultés auxquelles son association est confrontée.   

Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Mme Sy Aminata Makou Traoré : Je me nomme Mme Sy Aminata Makou Traoré, ceinture noire 4ème dan internationale en Taekwondo. Présidente de l’Association pour la promotion de la jeunesse et des Sports (Apjs) et présidente de la Commission égalité de sexe du Comité national olympique et sportif du Mali. Je suis également gérante de “Sport Agency” (une agence de communication, marketing et événementiel sportif). En plus de cela, je suis ambassadrice à Right To Play au Mali.

Comment êtes-vous venue dans le Taekwondo ?

En fait, tout est parti d’un documentaire télé que j’ai eu l’occasion de suivre sur un ancien champion français de taekwondo du nom de Pascal Gentille. A travers ce documentaire, ils ont fait un reportage sur l’athlète français, tout en montrant les nombreuses médailles qu’il a remportées durant sa carrière. Après avoir regardé ce documentaire, j’ai tout de suite été fascinée par la discipline. Directement, j’ai été emballée et je me suis dit pourquoi ne pas m’inscrire à cette discipline.

Ensuite, je me suis inscrite en Taekwondo au niveau de l’école de la Paix, et cela avec toutes les difficultés parce que mes parents n’acceptaient pas que je pratique cette discipline. Pour eux, cette discipline est seulement réservée aux garçons et non aux filles. Tellement que j’étais passionnée par cette discipline, je me suis cachée pour commencer en 2003, à l’âge de 11 ans.

Lors de l’une de nos passations de grade, étant donné que je portais la ceinture blanche, j’ai effectué un combat avec succès face à une ceinture noire. Après cette victoire, les maîtres de notre centre ont mis un accent particulier sur moi et ils m’ont proposé d’aller en compétition à Dakar, au Sénégal, en fin 2003 et début 2004.

C’était ma toute première compétition et ma première compétition internationale de Taekwondo. A l’issue de cette compétition, j’ai été deuxième avec une médaille d’argent. Au retour au pays, j’ai été un peu fâchée parce que je voulais gagner la médaille d’or et donc je me suis mise au travail. C’est là que tout est parti.

Parlez-nous de votre parcours d’athlète et les médailles remportées durant votre carrière ?

Mon parcours, je pense qu’il est riche parce que j’ai participé à plusieurs compétitions sous-régionales, africaines et internationales de Taekwondo. En 2006, j’ai participé à la première compétition ouest-africaine de Taekwondo où j’ai été classée deuxième. A la même année, j’ai participé à une compétition francophonie de Taekwondo en Tunis (Tunisie) au cours de laquelle j’ai effectué une belle prestation. Toujours en 2006, j’ai remporté la médaille d’or lors du tournoi de la Zone II de Taekwondo tenu à Bamako. Une année plus tard, j’ai participé aux Jeux africains d’Alger où j’ai gagné une médaille de bronze.

En 2011, j’ai empoché la médaille d’argent lors de la compétition de la Francophonie de Taekwondo, à Cotonou au Bénin. Lors de la Coupe d’Afrique de Taekwondo qui s’est déroulée au Mozambique, en 2011, j’ai gagné la médaille d’or et j’étais la seule femme à avoir ce titre jusque-là, au Mali. Ensuite, je suis partie en France pour participer au tournoi de Plotorro à Nantes que j’ai dominé en remportant une médaille d’or et le trophée de meilleure combattante. Quelques années après, je suis retournée en France pour participer au Challenge Espoir à Lille. Lors de cette compétition, j’ai remporté une médaille d’or. Hormis tout cela, j’ai participé à la qualification mondiale des Jeux olympiques 2008 à Londres, en Angleterre, où j’ai effectué une meilleure prestation. Malheureusement, je n’ai pas pu monter sur le podium afin d’avoir mon ticket pour les Jeux olympiques.

Pouvez-vous nous parler de l’Association pour la promotion de la Jeunesse et des sport (Apjs)?

Avant la création de l’Association pour la promotion de la jeunesse et des sports (Apjs), c’était le Groupement jeunesse des arts martiaux (Gjam). A l’époque, nous avons créé ce groupement afin d’accompagner les pratiquants des arts martiaux et faciliter leur insertion socioprofessionnelle. Après, nous avons eu beaucoup de sollicitations des autres disciplines sportives. Donc, nous nous sommes dits que nous n’allons pas nous arrêter seulement aux arts martiaux, mais nous allons donner une ouverture aux pratiquants des autres disciplines sportives. C’est suite à cela que le Groupement jeunesse des arts martiaux est devenu l’Association pour la promotion de la jeunesse et des sports (Apjs).

Les objectifs de l’association sont de contribuer aux efforts entrepris par les autorités sportives dans la promotion de la jeunes et des sports ; d’utiliser le sport comme un facteur de paix et de cohésion sociale ; de permettre à la jeunesse d’exprimer ses idées, projets et initiatives dans un cadre d’échanges, d’accompagnements de différents acteurs économiques ; de promouvoir la réinsertion socioprofessionnelle des jeunes non scolarisés et déscolarisés en leur offrant des opportunités d’apprentissage et de formation dans un métier de leur choix ; d’orienter et inciter les jeunes vers les métiers de l’agriculture et de l’élevage à dessein de parvenir à une autosuffisance alimentaire, tout en réduisant le taux de chômage et enfin d’organiser une fois par an un forum international sur le sport, en vue de le promouvoir auprès des jeunes le sport et d’inciter les autorités gouvernement à considérer le rôle incontournable du sport dans la processus de développement.

Quelles sont les activités menées par votre association depuis sa création jusqu’à aujourd’hui ?

Parlant des activités menées par l’Association, nous avons organisé plusieurs activités, comme l’organisation d’un Forum international sur le sport (FIS) dont nous sommes en train de préparer la sixième édition. Nous avons organisé la caravane pour la paix. A travers cette caravane, nous sensibilisons la population sur l’importance du sport dans la consolidation de la paix.

Nous avons aussi organisé plusieurs fois un tournoi interscolaire en partenariat avec Right To Play. En plus de cela, nous avons organisé une marche collective des femmes dénommée le “Parcours des Titans”. A travers cette compétition, nous invitons les femmes à la marche. Hormis tout cela, nous avons eu la chance de scolariser 20 enfants de quatre localités (Ségou, Sikasso, Bandiagara et Bamako).

Pouvez-vous nous parler des perspectives pour l’Association ?

Dans les jours à venir, nous ambitionnons de construire un Complexe sportif de haut standing pour les enfants du Mali. Un complexe sportif où les enfants peuvent étudier et pratiquer en même temps le sport. Il est important que les gens sachent que, aujourd’hui, le sport est une véritable industrie, un business et qu’il est temps qu’on aille vers cela. Nous avons remarqué, aujourd’hui, que la majeure partie des athlètes maliens ont dû abandonner leurs études pour se consacrer seulement au sport. Après leur carrière, ils auront des difficultés pour se reconvertir. Donc, nous allons accompagner ces athlètes à se reconvertir dans d’autres activités.

Quelles sont les difficultés auxquelles votre association est confrontée aujourd’hui ?

Aujourd’hui, les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, ce sont les problèmes de financement. Lors du dernier Forum international sur le sport (FIS), nous avons beaucoup parlé du problème de financement des activités sportives. Vous savez, nous n’avons pas cette culture de financer le sport. Certains chefs d’entreprise pensent que financer du sport c’est jeter son argent. Ce n’est pas parce qu’ils ne veulent pas, mais je pense que c’est par méconnaissance. L’autre difficulté à laquelle nous sommes confrontés, c’ est l’accompagnement du ministère des Sports. Le département des Sports nous a accompagnés dans quelques activités, mais nous voulons un accompagnement à long terme pour soutenir nos actions.

Votre mot de la fin ?

Mon mot de la fin, c’est d’inviter nos mères, nos pères, nos frères et sœurs à pratiquer le sport pour leur bien-être. En plus de cela, nous invitons également les bailleurs, les Ong, les entreprises privées, à accompagner le sport parce que sans le financement c’est très difficile d’exceller dans une discipline sportive.

Réalisé par Mahamadou TRAORE

 

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