Après les rumeurs dans la presse, la Fifa a décidé d’entamer une enquête officielle pour déterminer si la sélection sud-africaine a bénéficié de matches truqués lors de sa préparation au Mondial 2010. Des matches amicaux auraient été truqués à des fins de paris sportifs frauduleux. Des arbitres africains sont en cause. Une délégation d’enquêteurs de la FIFA est arrivée ce jeudi 1er mars à Johannesburg.
C’est un ancien d’Interpol, Chris Eaton, chef du département sécurité de la Fifa qui a débarqué en Afrique du Sud ce jeudi 1er mars, à la tête d’une équipe d’enquêteurs de l’organisation mondiale du football. L’affaire est grave. Après l’Asie, le fléau des matches truqués est en train de s’étendre en Afrique. Une affaire d’autant sensible qu’il ne s’agit pas de clubs mais de sélections nationales ! Le Zimbabwe a été le premier pays du continent africain à subir la colère de la FIFA.
Joseph Blatter, président de la Fifa s’y est rendu l’année passée pour annoncer que le ménage va commencer. Cela n’a pas tardé. Le sélectionneur du Zimbabwe Norman Mapeza et des dizaines de joueurs, dont des stars comme Mwanjali, Thomas Sweswe, ont été suspendus le mois dernier pour complicité dans des matches amicaux truqués en Asie en 2009. Et voilà que c’est au tour de l’Afrique du Sud de passer sur le grill. Les rumeurs sur des matches truqués pour des besoins de paris sportifs n’ont pas épargné les Bafana Bafana.
Des arbitres africains et un homme d’affaires singapourien soupçonnés
Avant la Coupe du monde 2010, les Sud-africains ont joué quatre matches amicaux de préparation. Notamment contre le Guatemala, la Colombie, la Thaïlande et la Bulgarie. Ce sont les matches que la FIFA soupçonne d’avoir été trafiqués. Il y a eu beaucoup de penalties en faveur des Sud-Africains contre le Guatemala (5-0). Trois pénalties aussi dans le match les opposants à la Colombie (2-1) et un score fleuve contre la Thaïlande 4-0.
Autre particularité : des arbitres venus de loin avaient été désignés pour ces matches (du Niger, du Togo et du Kenya), alors que d’habitude ce sont des arbitres de la région qui sont appelés. Pour la presse britannique, il n’y a pas de doute, c’est Wilson Raj Perumal, qui aurait encore sévi. Cet homme d’affaires singapourien est un truqueur de matches internationalement reconnu. Il est en prison depuis un an en Finlande où il a corrompu des sportifs, mais son nom apparait aussi dans le dossier zimbabwéen, dans plusieurs pays d’Asie et maintenant en Afrique du Sud.
C’est la Fifa elle-même qui a dévoilé le mode opératoire de cet homme d’affaires publiant des parties de sa correspondance. «On veut deux buts encaissés par mi-temps et tu auras droit à marquer un but après avoir encaissé le quatrième but. La récompense sera de 100 000 dollars», peut-on lire dans un de ses emails rendus publiques par la FIFA qui ne dévoile pas le nom du destinataire.
La Fédération sud-africaine décidée à coopérer
Le président de la SAFA (Fédération sud-africaine du football) Kirsten Nematandani a exprimé à la FIFA sa ferme volonté de coopérer dans l’enquête que commence celle-ci en Afrique du Sud. «Nous allons faire tout notre possible pour aider la Fifa à résoudre le problème concernant les matches joués par l’équipe nationale et pour bannir du
football sud-africain les pratiques corrompues s’il y en a», a-t-il déclaré dans un communiqué, tout invitant les Sud-Africains qui auraient des preuves à prendre contact avec la SAFA.
Selon la Fifa, le phénomène des matches truqués constitue la plus grande menace qui pèse aujourd’hui sur le football à l’échelle mondiale. 300 matches amicaux joués en 2010 sur trois continents sont soupçonnés d’avoir été truqués. Ce business rapporterait entre 5 à 15 milliards d’euros par an aux organisations criminelles. Mais Perumal, l’homme arrêté dans ce trafic et bien connu par la FIFA, ne semble pas avoir des regrets : « La plupart des fédérations ou équipes de football sont démunies. Lorsque tu vas vers elles en leur proposant un adversaire prêt à prendre à sa charge toutes les dépenses pour disputer une (rencontre) amicale, elles t’accueillent les bras grand ouverts”, soutient-il dans sa correspondance.
On peut y lire aussi : «Les joueurs que je connais vivaient dans des conditions atroces. En six mois, leur vie a fait un virage à 360 degrés. Ils ont été capables de payer un acompte pour une maison, leurs enfants pouvaient aller dans des écoles de meilleure qualité». Face à un tel fléau, la FIFA a décidé d’engager Interpol à qui elle vient de faire un chèque de 20 millions de dollars pour une coopération sur dix ans. Est-ce que cela va suffire?
Par Genc Burimi
RFI