Le Conseil national de la Fédération malienne de judo, jiu-jitsu et Kurash est annoncé pour le 10 juin 2017. Voulant que coûte que coûte prendre en otage cette discipline et ses instances dirigeantes, le Collectif des judokas maliens tire désormais sur tout ce qui bouge. En panne de légitimité, car ayant été incapable de mobiliser au-delà du cercle très restreint de ses initiateurs, il cherche des boucs émissaires comme cibles au point d’étaler son amateurisme par rapport au management du judo. Quelques éclaircissements sur les règles en vigueur en la matière.
En se faisant passer comme des “opposants à Habib Sissoko” pour demander “un arbitrage du ministre des Sports” (visiblement surpris par cette démarche), les animateurs du présumé Collectif des anciens judokas du Mali déplacent les débats et se trompent (volontairement) aussi bien de combat que de cible.
En effet, c’est faire un très mauvais procès au président du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) et de l’Union africaine de judo (UAJ) que de l’impliquer dans cette histoire parce qu’il n’est ni président de la Fédération ni membre du bureau fédéral. A moins qu’on ne lui en veuille parce qu’il est l’un des présidents d’honneur de la Fédération d’une discipline dont il a été un précieux artisan à écrire les plus belles pages en tant combattant, technicien et président.
Attitude d’ailleurs curieuse d’autant plus que ces combattants retraités sans gloire qui, au début de leur fronde, nous avaient assuré qu’ils n’avaient rien contre Habib dont la gestion comme président était leur période de référence (les années 1990-2000). Et que c’est à la Fédération qu’ils en voulaient.
Mais, ce choix est délibéré parce que le collectif est en manque de reconnaissance dans la famille du judo malien. Faute de légitimité, il commence donc à tirer dans tous les sens sans une cible précise.
Malheureusement, ses initiateurs réussissent plutôt à étaler au grand jour leur méconnaissance des règles du management du judo et discipline assimilées au niveau national.
L’article 4 (chapitre III-Organisation) des statuts de la Fédération malienne de judo, jiu-jitsu et Kurash stipule que celle-ci est “organisée à partir des dojos et ligues”. Il n’est nulle part question d’une autre organisation, notamment de collectif, fut-il d’anciens judokas.
Et les institutions d’administration de ladite fédération (chapitre IV-Administration) sont le conseil national, l’assemblée générale et le bureau fédéral (article 5). Pour ce qui est du Conseil national (article 6), il se réunit en session ordinaire tous les quatre ans et la présence des 2/3 des ligues et dojos est obligatoire. Tout comme le conseil peut être convoqué en session extraordinaire à la demande de la majorité simple des ligues et des dojos ou à la demande du bureau fédéral.
Le conseil ordinaire statue sur, entre autres, l’admission, la suspension ou l’exclusion des membres ; l’élection des membres du bureau fédéral ; la nomination des commissaires aux comptes…
Il n’a pas donc les mêmes prérogatives que l’assemblée générale, un organe consultatif pouvant se tenir chaque année sur convocation du bureau fédéral. Elle permet surtout à ce dernier de rende-compte, à mi-parcours, de ses activités et de recueillir les critiques et les avis sur les nouvelles orientations.
Il est donc curieux de voir le collectif saisir les instances sportives nationales pour contester “l’assemblée générale élective de la Fédération malienne de judo”. S’il y a des griefs pertinents dans cette “plainte” (correspondance), on se rend compte que ses animateurs y étalent ainsi une étonnante méconnaissance de la réglementation nationale, africaine et internationale à la matière.
Le président n’est pas le DTN
Pour ce qui est de la mise en place du bureau fédéral par exemple, le règlement intérieur de la Fédération malienne de judo, jiu-jitsu et Kurash indique (article 7), “le conseil national prend acte de la démission du bureau à l’expiration de son mandat (4 ans) et désigne, à la majorité simple des membres présents, un présidium chargé de mettre en place un nouveau bureau. Ce présidium se compose d’un président, de deux vice-présidents, d’un rapporteur et d’un rapporteur adjoint. Le mode de scrutin est arrêté par consensus”.
Le collectif fait aussi référence aux statuts de l’Union africaine de judo (UAJ) dont l’article 34 stipule que son président “doit-être obligatoirement ceinture de noire de judo”. Mais, c’est au niveau continental et, selon nos investigations, cela n’est pas une disposition imposée aux fédérations nationales ni par l’UAJ ni par la Fédération internationale de judo (FIJ). Elle ne figure nulle part dans les statuts et règlements de la Fédération malienne de judo, jiu-jitsu et Kurash pourtant membre de ces deux organisations.
“La Fédération doit être dirigée au moins par un président, un secrétaire général et un trésorier”, indique la FIJ à l’article 13 de ses “dispositions statutaires obligatoires pour les fédérations membres”.
Nous n’y avons vu nulle part qu’une fédération nationale doit être forcément dirigée par un détenteur de ceinture noire. Et cela d’autant plus que la ceinture est un grade, un indicateur et une référence au niveau technique. Elle n’est donc pas un diplôme de management ou une caution de bonne moralité.
Même s’il doit le promouvoir et l’impulser son essor par des projets concrets, le président est avant tout un manager qui ne saurait se substituer à une direction technique nationale dont la mission essentielle est le développement de la discipline sportive, de l’art martial.
Si les anciens judokas veulent prendre réellement les destinées de la discipline en main, ils doivent d’abord faire preuve de persévérance et accepter de côtoyer leurs aînés pour mieux s’imprégner du management de la discipline de la base au sommet.
Qu’ils s’impliquent d’abord dans le développement de cet art marial à la base, c’est-à-dire dans les dojos où ils sont les plus attendus et où leurs cadets ont le plus besoin de leur expérience de combattant et de leur savoir-faire technique.
La plupart de leurs revendications nécessitent une révision statutaire dont personne ne voit pour le moment la nécessité qu’eux. Et cela d’autant plus que rien ne prouve qu’ils aient les moyens de leur prétention. Est-il sage de vouloir isoler une discipline sportive des mécènes qui compensent la rareté de sponsors et surtout l’insuffisance des moyens mis à sa disposition par l’Etat ?
Est-ce que c’est parce qu’on n’a pas pratiqué une discipline qu’on ne peut pas avoir de nobles ambitions ou une vision novatrice pour contribuer à son développement ? Peut-on convaincre les autres qu’on brigue la présidence de la Fédération parce que l’on se soucie de l’épanouissement du judo et des judokas alors qu’on n’a jamais assisté à aucune réunion statutaire du bureau fédéral dont on est membre ?
Selon un membre du bureau en fin de mandat, le président a invité les jeunes aux débats et au dialogue, mais “dans le strict respect” des uns et des autres. “Ils n’ont pas voulu. Maintenant qu’on doit aller aux élections, ils soulèvent des griefs mettant en évidence leur méconnaissance de la gestion de la discipline au niveau national, africain et international. Et nous nous demandons ce qu’ils veulent exactement ?”, s’est-il interrogé ! Nous nous demandons s’ils le savent eux-mêmes.
Alphaly