Management du sport : Le basket malien bientôt dans une zone de turbulence

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aiglonnes
Bain de foule des basketteuses

Annoncée pour le 12 avril 2014, l’Assemblée générale élective de la Fédération malienne de basket-ball (Fmbb) risque de plonger la discipline dans une dangereuse zone de turbulence. En effet, les deux candidats annoncés, pour le moment, ne semblent pas suffisamment armés pour réunifier la famille et mettre la préservation du fabuleux héritage sur les rails. D’où la nécessité d’un report (mi-mai ou début juin 2014) afin de rassembler tous les acteurs autour d’un dirigeant consensuel.

 

Probablement, au niveau de la Fédération malienne de basket-ball (Fmbb), si l’Assemblée générale du 12 avril 2014 doit avoir lieu (un report serait sans doute dans l’intérêt de la discipline), deux candidats vont en découdre. Il s’agit du sortant Seydou Diawara, qui vient d’être élu député à l’Assemblée nationale et Jean Claude Sidibé qui a toujours convoité ce poste, sans jamais réaliser son rêve.

 

Mais en tant que chroniqueur sportif neutre, nous pensons ni l’un ni l’autre a aujourd’hui les capacités requises pour maintenir le basket malien au niveau qu’il a atteint en presque 10 ans (de 2005, avec le sacre du Djoliba en coupe d’Afrique des clubs champions, à nos jours). L’héritage est certes fabuleux, mais la méthode s’essouffle. L’Equipe nationale féminine senior le démontre éloquemment. Championne d’Afrique en 2007, elle s’est classée 5ème à Maputo (Mozambique) en septembre dernier. Et cela, après avoir été 2ème à Madagascar (2009) et 3ème à Bamako (2011).

 

Il faudra donc faire preuve d’une grande dextérité pour assurer la relève. Et comme on le dit : atteindre les sommets n’est pas le plus difficile, mais s’y maintenir ! Successeur du très regretté Abdallah Mahamane Haïdara, Seydou Diawara n’a jamais su insuffler à la discipline en dehors de l’élan donné par Hamane Niang. Nous avons l’impression qu’il n’a jamais compris qu’il faut faire preuve d’initiatives créatrices dans le management sportif. Quand le nombre de licenciés augmente, il faut innover pour les occuper, pour leur donner de la matière et des opportunités pour progresser dans leur passion et dans leurs ambitions sportives. C’est ce que M. Niang avait sans doute compris en initiant les Conférences de basket-ball.

 

Avec l’engouement pour le basket, il fallait non seulement multiplier ces Conférences à toutes les échelles, mais aussi créer d’autres compétitions pour toutes les catégories et à toutes les échelles. Cela n’a pas été fait et le niveau s’en ressent, surtout dans les régions. Le développement d’une discipline sportive, ce n’est pas seulement à l’échelle d’une capitale, mais de tout un pays. Le niveau national va stagner tant que les équipes des régions ne parviendront pas à rivaliser avec celles de Bamako. Et la balle au panier y sera longtemps condamné à l’amateurisme puisqu’incapable de drainer nous sponsors indispensables à son épanouissement. En presque 3 ans d’administration, M. Diawara n’a pas réussi à imprégner sa marque au développement du basket-ball. Bien au contraire, nous ne voyons que des signes d’essoufflement un peu partout. Cela n’engage que nous ! Et cela ne fait pas forcément de son rival un meilleur candidat que lui. Bien au contraire !

 

Un intérêt circonstanciel pour le prestige

Malgré son immense ambition et ses compétences avérées dans beaucoup de domaines, Jean Claude Sidibé oublie quelque chose d’important dans sa stratégie de développement : les hommes ! Nous ne parlons pas de formation pour telle ou telle corporation, mais du relationnel ! A-t-il la capacité de rassembler la grande famille du basket malien autour de lui ? Cela n’est pas évident !

 

En effet, même si ses partisans lui revendiquent aujourd’hui sept ligues sur neuf, ils savent aussi pertinemment que celles-ci ne lui sont pas acquises par conviction sportive ou parce que leurs responsables croient en son programme de développement. Et cela, d’autant plus que son intérêt pour la discipline est très discutable. Ses adversaires peuvent facilement lui reprocher de n’être intéressé que par le prestige du fauteuil de président, donc un intérêt électoraliste ! Il est vrai qu’on entend parler de lui qu’à la veille des joutes électorales. Et selon des confidences, depuis décembre 2013, J.C.S ne participe plus aux réunions statutaires du bureau dont il est l’un des vice-présidents. Si cela est avéré, il doit savoir que sa candidature ne tiendra qu’à bonne volonté de son ou de ses adversaires puisqu’une disposition statutaire l’exclut d’office ! Il est bon avocat pour le savoir !

 

Alors, en tant que chroniqueur, nous récusons d’office ces deux candidatures. Pas parce que nous avons quelque chose contre leur personne ? Loin de là ! Simplement, parce que nos investigations ont démontré que les préjugés ne leur sont pas favorables. «Vous voyez qui d’autre alors en dehors de Seydou (Seydou Diawara) et Jean (Jean Claude Sidibé) ?», s’est risqué un arbitre de basket avec qui nous avons longuement échangé sur la question. Il est loin d’être le seul à penser que «les choix sont réellement limités» pour diriger aujourd’hui la Fédération malienne de basket-ball.

 

Certains poussent le désespoir jusqu’à souhaiter le retour de… Hamane Niang ! Assurez-vous, c’est hors de question pour l’intéressé avec qui nous avons également discuté d’une telle éventualité. Il est sorti par la grande porte pour penser à un périlleux comeback ! Dire aujourd’hui qu’on a l’embarras du choix par rapport à une candidature idéale à ce niveau, c’est vraiment une injure grave à l’égard de ceux qui ont donné leur vie pour cette discipline.

 

Aujourd’hui, les hommes et femmes compétents ne manquent pas pour diriger la FMBB en quête d’un excellent manager depuis la nomination, en octobre 2007, de M. Hamane Niang comme ministre de la Jeunesse et des Sports. Contre vents et marées, et malgré les peaux de bananes ici et là, ce dernier a réussi à donner à la discipline l’élan que nous connaissons de nos jours. Et cela, à travers les initiatives heureuses comme l’organisation des Conférences et la multiplication des terrains de proximité bien éclairés. Une initiative d’ailleurs largement soutenu par le président Amadou Toumani Touré pendant son règne.

 

Babou, le choix idéal pour la présidence ?

Quand nous insistons souvent auprès de certains acteurs pour leur demander qui est aujourd’hui le cadre idéal pour diriger la Fédération malienne de basket-ball, beaucoup de noms reviennent. Mais on sent une nette préférence pour Mamadou Seydou Traoré alias Babou.  Il s’agit de, pour paraphraser un confrère qui lui a consacré un article en 2008, «ce dribbleur hors pair qui reste encore une référence pour le sport malien pour avoir longtemps servi le basket malien au cours d’une riche et mémorable carrière basée sur l’engagement et la rage de vaincre». Babou n’est pas un mauvais choix, parce qu’il est quelqu’un qui s’est voué corps et âme à cette discipline. D’abord en tant que joueur (capitaine de l’E.N masculine senior de 1965 à 1975), puis en tant que coach puis administrateur. À l’image du regretté Kandé Sy, peu de dirigeants osent aujourd’hui se vanter devant Babou d’avoir mieux servi le basket-ball malien qu’eux, que leur génération. Et si tous les protagonistes sont aujourd’hui réellement animés de la farouche volonté de consolider la bonne santé de la balle au panier, nous pensons que le choix de quelqu’un comme Babou Traoré doit faire l’unanimité. Mais, c’est quelqu’un qui ne briguera point ce suffrage si on ne le lui demande pas à l’unanimité. Humilité et noblesse obligent ! Et pourtant, l’intérêt de l’homme pour la discipline ne fait l’ombre d’aucun doute. Ceux qui sont de sa génération nous rappellent souvent, pour donner des exemples de patriotisme, qu’il a dû renoncer à une bourse d’études sur l’Allemagne pour honorer le drapeau national aux Jeux africains de 1968, finalement annulés. Cela symbolise à souhait la dimension patriotique de l’homme pour qui, la patrie vient avant ses propres intérêts. On comprend alors aisément que «la riche carrière de basketteur n’ait jamais été altérée, ni même perturbée par ses ascensions professionnelles». Comme le disait un confrère, membre du comité exécutif de la fédération depuis de longues dates, Babou a encore «une vision claire et un plan aéré pour le développement du basket à partir des écoles et des régions». Avant d’occuper le poste actuel à la fédération. Le choisir, c’est le moindre mal aujourd’hui pour le basket malien. Et cela ne serait que justice pour ce fidèle et dévoué serviteur de la discipline ! Et pour ce faire, le plus urgent, c’est de reporter l’A.G du 12 avril pour se donner le temps et les arguments de convaincre Mamadou Seydou Traoré dit Babou d’assumer cette grande responsabilité pour l’intérêt exclusif du basket malien !

 

Dan FODIO

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