Les Aigles du Mali reçoivent les Eperviers du Togo le 8 octobre prochain. Cette rencontre aura certainement lieu au stade Abdoulaye Makoro Sissoko de Kayes. Mais elle suscite déjà beaucoup de frayeurs au sein du public sportif malien. Ils sont nombreux ceux qui craignent le syndrome du 27 mars 2005. Et pourtant les choses sont simples pour les Aigles : gagner.
« Pour nous qualifier, nous devons gagner tous nos matches à domicile et mieux négocier ceux de l’extérieur » : c’est l’essence du discours tenu par l’entraîneur des Aigles du Mali, Jean-François Jodar. C’était lors d’une conférence de presse qu’il a animée au lendemain du match Sierra Leone-Mali (0-0). Il dédramatisait ainsi le nul blanc ramené de Freetown. Cela donne au match du 8 octobre prochain toute sa saveur et relève son enjeu. Victorieux du Bénin à Lomé (2-1), les Eperviers mènent la danse devant les Aigles du Mali. Mais, Kokè (Bassala Touré) et ses coéquipiers ont l’opportunité de reprendre les commandes du groupe à domicile.
A condition que notre sélection nationale ait surmonté les lacunes décelées dans son jeu à Freetown. Dans la capitale sierra léonaise, les poulains de Jodar ont péché par manque d’audace et de cohésion. Il est vrai que l’arbitrage a privé le Mali de nombreuses opportunités de scorer. Mais, cela n’est pas un prétexte suffisant pouvant cacher les déchets dans le jeu des Aigles. Les automatismes n’ont pas fonctionné aussi bien au niveau de la défense qu’au milieu de terrain.
En l’absence de Djilla, l’équipe a manqué de récupérateur et d’un vrai animateur dans l’entrejeu. A l’attaque, le coach a eu tort de longtemps garder Dramane Traoré « Rivaldo » émoussé aux côtes de Fréddie le plus souvent contraint de tenter sa chance de loin. Il n’est pas dans notre intention de nous immiscer dans les choix tactiques de l’encadrement techniquement qui a notre confiance. Mais, notre petite expérience nous dit qu’aligner un attaquant plus percutant, comme Mamady Sidibé ou Cheick Oumar Dabo, serait déjà un atout offensif de taille pour lui et ses protégés.
Il ne faut pas s’attendre surtout à une partie de plaisir face au Togo qui a une avance psychologique sur nous parce qu’il nous a battus à l’aller (1-0) comme au retour (2-1) lors des éliminatoires combinées Can/Mondial-2006. Déjà, les autorités maliennes ont mis une pression inutile sur les épaules de nos joueurs en déplaçant la rencontre à Kayes. Il est vrai que les stigmates des émeutes du 27 mars 2005 demeurent toujours. Mais, cela justifie-t-il le choix du Khasso pour abriter ce derby ?
Paradoxalement, le Mali n’a disputé aucune rencontre amicale afin d’instaurer plus de cohésion au sein de l’EN. Cela ne facilite pas la tâche à l’encadrement technique. Maintenant, c’est le choix des joueurs qui va être déterminant. Ceux qui étaient à Freetown n’étaient pas forcément mauvais. Mais, le schéma tactique ne nous a pas permis d’y atteindre nos objectifs. Il faut donc le revoir en fonction du retour des joueurs comme Momo (Mohamed Lamine Sissoko) étincelant avec Liverpool.
Beaucoup de nos expatriés épousent la grande forme dans leurs clubs respectifs. David Coulibaly (Grenoble), Dramane Coulibaly (Gueugnon), Drissa Diakité et Cédric Kanté (Nice), Mamadou Diallo (Nantes), Jimmy Boubou Kébé (Châteauroux), Seydou Kéita, Adama Coulibaly et Sidi Yaya Kéita (Lens), Cheick Oumar Dabo (JSK), Mohamed Lamine Sissoko (Liverpool), Brahim Thiam (Caen)… font beaucoup parler d’eux dans leurs championnats respectifs.
Mais, cela n’est pas forcément un baromètre sûr. Nos expatriés ont rarement été à la hauteur de nos attentes quelle que soit leur forme dans leurs clubs, contrairement aux Togolais. Cela n’est un secret pour personne. Le choix des joueurs chargés de défendre nos couleurs doit se faire dans la plus grande rigueur et sans état d’âme.
Tout compte fait, les Aigles demeurent toujours maîtres de leur destin. Ils tiennent l’opportunité d’une belle revanche sur un adversaire qui les avait humiliés il y a peu. A nous de leur faciliter la tâche. Les réalités du match de Freetown diffèrent de celles du 8 octobre. L’optimisme du public sportif sera incontestablement un soutien de taille pour Bassala et ses coéquipiers. La confiance, la communion… doivent être de mises entre les Aigles et leurs supporters. La victoire est impérative, mais chacun peut y contribuer.
Moussa Bolly
“