#Mali : Nos expatriés : Adama Coulibaly dit police sans langue de bois

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Dans cette interview, l’ancien défenseur central des Aigles aborde plusieurs sujets : le limogeage du technicien Éric Sékou Chelle, les problèmes de l’équipe nationale, la gestion de la Fédération malienne de football, sa nouvelle vie d’entraîneur de l’équipe régionale de l’AJ Auxerre, en France

L’Essor : Le sélectionneur national Éric Sékou Chelle vient d’être remercié par la Fédération malienne de football. Selon vous, est-ce une bonne ou une mauvaise décision ?

Adama Coulibaly : Pour moi, la Fédération malienne de football pouvait garder Éric Sékou Chelle parce qu’il s’était familiarisé avec les joueurs. Il connaît beaucoup de choses dans cette équipe et il a fait une bonne CAN, Côte d’Ivoire 2023 même si nous avons été éliminés en quarts de finale (2-1 par la Côte d’Ivoire après prolongations, ndlr). Tout le monde mérite une deuxième chance et malgré certains de ses choix surtout dans les deuxièmes périodes du jeu, il a prouvé qu’il pouvait se racheter et obtenir des résultats.

Le Mali n’est pas encore éliminé du Mondial, nous sommes toujours en course et tout peut arriver dans le football. Pour moi, ce changement d’entraîneur va sans doute jouer sur l’équipe qui avait commencé à s’adapter au 4-4-2 losange d’Éric Sékou Chelle. Maintenant, il faut trouver un sélectionneur, le plus rapidement possible pour qu’il puisse se mettre au travail et faire la connaissance des joueurs avant de début des prochaines échéances.

L’Essor : En tant qu’ancien international, comment expliquez-vous la valse de sélectionneurs à la tête des Aigles et les échecs à répétition de la sélection nationale, notamment en Coupe d’Afrique des nations ?

Adama Coulibaly : La réponse est simple, c’est parce que nous ne donnons pas beaucoup de temps aux entraîneurs de travailler. Je prends exemple sur le sélectionneur du Sénégal, Aliou Cissé qui dirige l’équipe sénégalaise depuis 2015. Il a pu offrir au Sénégal sa première Coupe d’Afrique des nations en 2021 au Cameroun, malgré l’élimination du pays en huitièmes de finale de la dernière CAN par la Côte d’Ivoire, la Fédération sénégalaise de football a prolongé son contrat jusqu’en 2026. Le seul fautif, c’est le comité exécutif de la Fédération malienne de football et non les entraîneurs qui ont dirigé les Aigles. La vérité, elle est amère mais il faut la dire sans oublier que les supporters ont également leur part de responsabilité dans la situation que nous connaissons. Si nous voulons des résultats, alors soyons patients et donnons du temps aux entraîneurs.

L’Essor : Après quatre journées de compétition dans les éliminatoires de la Coupe du monde 2026, le Mali occupe la 4è place du groupe I, à quatre points des deux leaders, les Comores et le Ghana. Selon vous, l’équipe at-elle les moyens de refaire son retard et se qualifie pour la première fois de son histoire à la phase finale du Mondial ?

Adama Coulibaly : Bien sûr, nous avons toutes les chances de nous qualifier pour le prochain Mondial. Il suffit qu’il y ait une bonne politique au sein de l’équipe et que l’entraîneur intérimaire, Alou Badra Diallo que je salue au passage, commence le travail, lui qui doit aussi préparer les U23 pour les prochains Jeux olympiques qui débuteront dans quelques semaines à Paris. C’est pourquoi, je disais que la Fédération malienne de football doit vite trouver un remplaçant à Éric Sékou Chelle pour prendre le relais. Que les joueurs sachent que tous les anciens internationaux, notamment notre capitaine Seydou Keïta «Seydoublen», mon cadet Cheick Tidiane Diabaté et les autres, nous sommes là pour les accompagner. Je leur souhaite bonne chance pour les matchs à venir.

L’Essor : soyez-vous d’avis avec ceux qui disent que la génération actuelle des Aigles produit l’un des meilleurs footballs du continent ?

Adama Coulibaly : Je partage parfaitement cet avis. Lors de la dernière CAN en Côte d’Ivoire, le Mali était l’un des pays qui a impressionné les spectateurs en terme de qualité du jeu. Malgré l’élimination en quarts de finale, nous avons été les meilleurs dans le jeu. Sur le plan tactique également, je pense que le Mali a été meilleur aux cinq adversaires qu’il a rencontrés lors de la CAN (l’Afrique du Sud, la Tunisie, la Namibie, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, ndlr ). Le seul bémol pour cette équipe, c’est l’absence d’attaquants coriaces devant les buts adverses. Il faut que cette génération continue sur cette lancée et qu’elle n’oublie pas que le bon jeu ne suffit pas et que seuls les résultats comptent dans les grandes compétitions. Les Maliens ont besoin d’une Coupe d’Afrique des nations, on a été finaliste en 1972, deux fois 3è (2012 et 2013), il ne manque plus que le trophée et cette génération peut l’offrir au pays.

L’Essor : Vous avez porté le maillot des Aigles pendant plusieurs années et vous faites partie des joueurs qui sont sélectionnés comme des références par les supporters. Quels souvenirs gardez-vous de votre carrière internationale, les bons et les mauvais ?

Adama Coulibaly : Je garde de bons souvenirs de ma carrière internationale surtout avec le public malien, la presse et les dirigeants. Dans ma carrière, je n’ai eu aucun problème en équipe nationale. J’ai disputé 4 Coupes d’Afrique des nations (2002 au Mali, 2004 en Tunisie, 2008 au Ghana et 2013 en Afrique du Sud) et mon seul regret, c’est le fait de n’avoir pas réussi à donner le trophée de la CAN au Mali. Mon pays m’a tout donné et m’a permis d’être là où je suis aujourd’hui. Mes anciens coéquipiers et moi serons toujours disponibles pour accompagner nos cadets afin qu’ils puissent remporter un trophée pour le Mali. Je remercie tous les Maliens de leur amour et surtout leur respect à mon égard lors de mon passage en équipe nationale entre 1997 et 2013.

L’Essor : À la fin de votre carrière en club, vous avez intégré le staff technique de Lens. Quel est aujourd’hui votre statut dans cette équipe française où vous avez passé presque toute votre carrière ?

Adama Coulibaly : Effectivement, après ma retraite, j’ai dirigé l’équipe U17 de Lens. Avec cette équipe j’ai passé mon diplôme d’entraîneur, je garde de bonnes relations avec les dirigeants, les staffs techniques, les joueurs et les supporters de Lens. Après avoir obtenu mon diplôme d’entraîneur, j’ai été contacté par Auxerre pour diriger sa troisième équipe (régionale une). Je suis là-bas depuis 6 ans avec ma famille mais je ne peux pas faire un mois sans partir à Lens qui est devenu ma 2è famille. Que les gens se rassurent donc, je suis dans le milieu du sport et je suis toute l’actualité sportive de mon pays, singulièrement des Aigles.

L’Essor : Quelles sont vos relations avec votre club formateur, le Djoliba et avez-vous des projets pour le Mali ?

Adama Coulibaly : Avant de répondre à cette question, je tiens à rendre un vibrant hommage au Djoliba après son sacre en championnat cette saison. L’équipe a fait une bonne saison même si elle a raté la Coupe du Mali. Je félicite la direction du Djoliba, l’encadrement technique, les joueurs et surtout les supporters. Maintenant, il faut faire tout pour qu’un club malien puisse entrer dans la phase de poules de la Ligue des champions d’Afrique. Pour revenir à votre question, je suis en contact permanent avec mon club formateur, je suis même dans le groupe WhatsApp des anciens joueurs du Djoliba. Je n’ai pas de projets dans l’immédiat pour le Mali. Quand j’étais à Lens, j’envisageais de faire venir certains joueurs en essai et de faire tout pour que ces joueurs puissent signer dans le club. Malheureusement, ça n’a pas marché mais dans le futur, je vais reprendre le même projet afin que les joueurs qui n’ont pas la chance d’avoir de contrats professionnels puissent venir en France pour avoir un peu de sous.

L’Essor : Si vous avez retenu un message pour les supporters, que leur direz-vous ?

Adama Coulibaly : Je salue tous les supporters pour leur amour et leur respect pour moi, je n’oublie pas non plus mes anciens coéquipiers en équipe nationale. J’exhorte les supporters à continuer à soutenir toutes les sélections nationales, car la force d’une équipe, ce sont les supporters. Lors du match contre le Ghana, le stade du 26 Mars était plein à craquer et la façon dont l’équipe a perdu fait mal. Malgré tout, les supporters ne doivent pas se décourager, qu’ils continuent à avoir confiance aux joueurs. Sans eux, l’équipe n’ira nulle part. J’invite également les anciens joueurs à soutenir la jeune génération. Qu’Allah bénisse le Mali.

Interview réalisée par

Djénéba BAGAYOGO

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