Le sport malien en 2015 : une prestigieuse vitrine de la renaissance internationale du Mali

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Les championnes d'Afrique , Aissata et A Maiga

Année historique pour le football malien, 2015 a sans doute permis à notre pays de faire un pas significatif dans son ambition de se hisser dans le gotha des grandes nations de sport en Afrique voire dans le monde. Une avancée menacée aujourd’hui par la crise sans précédent au niveau de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) où deux camps se combattent sans aucun égard pour l’intérêt national. «Sur le plan sportif, 2015 aura été une année faste, une année de fierté nationale et une année annonciatrice de performances inédites» ! Le constat est du président Ibrahim Boubacar Kéita dans son Message du Nouvel an 2016.

Oui, nous avons encore en mémoire la liesse populaire occasionnée par les performances de nos U-16 garçons à l’Afrobasket dans le majestueux Palais des Sports de l’ACI 2000. Certes les Pharaons nous ont privés de la couronne continentale de la catégorie. Mais la médaille d’argent est loin d’être un maigre lot de consolation. Et surtout que l’image du pays a été rehaussée par la réussite dans l’organisation de l’événement et que les Aiglonnets seront l’un des deux représentants de l’Afrique à la coupe du monde de la catégorie. Quelques jours avant, les Aiglonnettes (U-16 filles) avaient coiffé leur 4e couronne en autant d’éditions de l’Afrobasket U-16 filles à Antananarivo (Madagascar). Et comme cerise sur le gâteau, nous avons connu le sacre de l’Equipe nationale sénior dame qui, pour la première fois, a remporté le trophée des 11es Jeux Africains ou «Jeux du Cinquantenaire» à Brazzaville (Congo, du 4 au 19 septembre 2015).  Une participation fructueuse avec dix médailles dont deux médailles d’or, une d’argent et sept médailles de bronze. Jamais dans l’histoire des Jeux africains le Mali n’avait jamais remporté autant de médailles. «C’est une première dans l’histoire du sport de notre pays», s’exclame le chef de mission de la délégation malienne, Abdel Kader Sangho. Un sacre historique à Brazza, même si Meiya Tirera et ses coéquipières n’ont pas réussi à le rééditer à l’Afrobasket féminin senior «Yaoundé 2015» quelques jours plus tard. Elles ont terminé 5e, comme à Maputo (Mozambique) en 2013, obtenant du coup leur qualification pour la prochaine édition.

En escrime, en handisports, en athlétisme et en taekwondo, au volley-ball «le Mali a démontré, lors des grandes joutes sportives, qu’il était bel et bien de retour», a rappelé IBK avec une légitime fierté. On ne saurait non plus passer sous silence l’honorable participation de nos Specials Olympics aux Jeux de Los Angeles (USA, du 25 juillet au 2 août 2015) avec une fructueuse moisson de quatre médailles, dont une en Or, une en Argent et deux en Bronze. Et cela sous la conduite de l’infatigable Hamchétou Maïga Bâ, ex-internationale de basket qui est aujourd’hui déterminée à donner de nouvelles opportunités à ces athlètes souffrant de troubles et de déficiences divers. Mais, c’est certainement au niveau du football que l’année 2015 sera à jamais gravée dans «les mémoires collectives» des fanatiques du sport malien. Une année qui avait pourtant mal débuté avec les Aigles seniors du Mali éliminés dès le premier tour à la CAN «Guinée Equatoriale 2015» et le mauvais parcours de nos clubs lors des compétitions africaines.

De l’histoire à la légende

Le 1er mars 2015 à Niamey (Niger), les Aiglonnets ont permis au Mali de s’offrir son premier trophée continental avec une sélection nationale avant de jouer une finale de Coupe du monde au Chili. En prime, le titre de «Meilleur gardien» pour Samuel Diarra et le 2e «Meilleur joueur» du tournoi décerné à Aly Mallé. En quelques mois, les protégés de Baye Bah sont passés de l’histoire à la légende en réalisant des performances inédites pour le football malien. Avant le mondial des cadets, nous avions assisté à l’épopée des Aiglons à la Coupe du monde en Nouvelle Zélande où ils ont terminé sur la 3e marche du podium avec le sacre aussi d’Adama Traoré comme «Meilleur joueur» de la compétition. Des performances que nous devons en partie au gouvernement qui a pleinement assumé sa partition dans la préparation et la participation de nos sélections nationales à ces compétitions. Pour preuve, rien que pour les compétitions nationales, africaines et internationales, l’Etat a déboursé près de 3 milliards CFA pour assurer la participation de nos Equipes nationales. Ce qui fait plus que la moitié du budget de tout le Département des Sports.

En dehors des résultats sportifs, des efforts sont en cours au plan de la promotion de la gouvernance administrative et organisationnelle pour consolider ces performances. Il s’agit, entre autres, de la construction du Centre national de médecine du sport ; l’ouverture  prochaine d’une filière de spécialisation en médecine sportive à la Faculté de médecine, pharmacie et d’Odontostomatologie ; la réhabilitation et l’équipement des infrastructures sportives ; le soutien aux fédérations sportives en leur dotant d’un siège ; le développement du sport scolaire et universitaire. Des efforts nationaux appuyés par la coopération bilatérale dans le domaine des sports que le Département a réussi à relancer avec le Venezuela, l’Algérie et Cuba à travers la signature de protocoles d’accords bilatéraux dans le domaine de la formation des cadres du sport.

Avec l’Algérie, le Département a obtenu 150 bourses en raison de 50 par an, dont 30 sont déjà en formation depuis une année, et le gazonnage synthétique de six terrains foot. Le Venezuela a aussi offert au ministère des Sports 150 bourses, dont 40 sont déjà en formation. Avec Cuba, en dehors des engagements existants depuis l’indépendance du Mali, le protocole porte sur 100 bourses, dont 40 pour l’année universitaire 2015-2016. Conscient que l’espace scolaire et universitaire est «un cadre approprié pour le développement des activités physiques et sportives», le ministère des sports et le CNOSM ne ménagent pas leurs actions pour en faire un tremplin de la performance sportive du pays. «Une large part lui est réservée dans la mise en œuvre de la Politique Nationale de Développement du Sport au niveau de son axe stratégique qui porte sur la promotion de la gouvernance administrative et organisationnelle des structures», a assuré Housseini Amion Guindo alias Poulô lors de son passage à l’Assemblée nationale le 15 décembre dernier. Il a, entre autres, attiré l’attention des élus sur l’organisation des compétitions scolaires et universitaires (nationales, sous-régionales, continentales et mondiales) pour créer une saine émulation entre les écoles, les universités et détecter les jeunes talents ; la création d’associations et de clubs sportifs au niveau des écoles et des universités. Et déjà, quelques actions importantes ont été initiées pour le développement du sport scolaire et universitaire comme la mise en place de la fédération malienne du sport scolaire et universitaire et ses démembrements le 17 août 2014 ; l’organisation des coupes du Président de la République dans les sports de l’esprit, en scrabble et en jeu d’échecs, qui a réuni la plupart des académies à Bamako ; des échanges d’expériences à travers la participation de la jeune fédération malienne de sport scolaire universitaire à Accra (Ghana) en juillet 2015, aux Jeux de l’Association des écoles polytechniques de l’Afrique de l’Ouest et aux jeux universitaires mondiaux de la fédération internationale en Corée du Sud en juillet 2015.

Une menace à vite circonscrire pour éviter la contagion

En 2015, les jalons ont été posés pour faire du Mali une grande nation par la performance de ses sportifs. En leur réaffirmant la reconnaissance de la nation, le président IBK n’a pas manqué de «saluer les acteurs de ces performances sportives et leur dire combien nous sommes fiers d’eux». Hélas, ce tableau est assombri par la crise qui divise les dirigeants du football malien. À cause de la mégalomanie et des conflits d’intérêts inavoués, le football malien travers depuis une année la crise la plus grave de son histoire. Malgré les médiations engagées par le Comité national olympique et sportif et presque l’ensemble des couches socioprofessionnelles du pays, le bout du tunnel tarde à se pointer. Dépité, le président Ibrahim Boubacar Kéita a profité de son message de Nouvel an pour «lancer un appel pressant à l’ensemble des dirigeants sportifs nationaux, et particulièrement à ceux du football, afin qu’ils se ressaisissent et sachent raison garder». Comme le chef de l’Etat malien, tous les Maliens sont aujourd’hui convaincus que «rien ne peut justifier les querelles intestines en cours qui, si l’on n’y prend garde, pourraient porter un préjudice intolérable à notre sport-roi. Ce qui serait totalement inacceptable» !

Comme l’a souligné Housseini Amion Guindo, lors de la séance des questions orales de l’Honorable Yaya Sangaré à l’Assemblée nationale, le 15 décembre 2015, «cette crise doit prendre fin à un moment donné. Le football malien ne doit pas continuer à rester dans cette situation. Mais il est important d’attendre les conclusions des processus engagés» ! Il est temps qu’elle prenne fin, car si on n’y prend garde, elle prend une tournure qui en fait un précédent dangereux pour l’ensemble du mouvement sportif malien ! Nous ne pouvons pas impunément regarder des mégalomanes aux aspirations douteuses hypothéquer l’effort collectif du développement du sport, principalement du football. La marge de manœuvre du gouvernement étant étroite et surtout périlleuse (sanctions de la CAF et de la FIFA), il faut que les acteurs responsables (dirigeants, joueurs, arbitres, supporters, journalistes) s’engagement pour siffler la fin de la récréation. Quand deux parties d’une crise sont incapables de s’entendre sur l’essentiel comme les pertinentes propositions de la médiation, il faut les balayer toutes et repartir sur des bases plus saines. Aw yé wili ! Levez-vous pour opposer la plus farouche résistance à ceux qui veulent sacrifier notre sport-roi sur l’autel de leurs ambitions personnelles ! Levez-vous alors qu’il est encore temps !

Moussa BOLLY

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