Barbe noire, tignasse bouclée et crampons: Hussein Ali ressemble à s’y méprendre à la star égyptienne du ballon rond Mohamed Salah. Attaquant dans le club al-Zawraa, cet Irakien de 20 ans est même régulièrement arrêté par des supporters pour un selfie.
Pourtant, même son entraîneur Adnane Mohammad l’avoue: “Au premier entraînement, il s’est présenté et m’a dit ‘Hussein Ali‘. Je lui ai répondu ‘Non, non, toi tu es Mohamed Salah‘.”
Alors quand Salah est devenu la superstar de la Premier League, le meilleur joueur africain et le “footballeur numéro un pour tous les Arabes”, selon les mots de Hussein Ali, son jeune sosie a gagné en notoriété et commencé à travailler son image.
“Même des filles!”
Depuis, il arbore régulièrement le maillot rouge du club anglais de Liverpool. “Attention, c’est le vrai maillot, acheté chez un fournisseur officiel”, dit-il en décrochant avec précaution sa tenue d’un cintre. “Même sans aucun flocage, je l’ai payé 40 dollars”, poursuit, pas peu fier, celui qui, en tant que joueur de l’équipe B, ne perçoit aucun salaire d’al-Zawraa et travaille chaque jour pour subvenir aux besoins de sa famille.
Aujourd’hui, le “Mohamed Salah d’Irak” ne peut plus sortir de chez lui sans se faire arrêter pour des selfies ou se faire aborder par des fans qui confondent parfois l’original et la copie. “Avant-hier, je suis allé dans un mall: les gardes de sécurité, les employés des magasins et les clients, tout le monde voulait se prendre en photo avec moi”, raconte-t-il. “Même des filles!”.
A la fin des matches, c’est la même histoire: “quand on a joué contre le club libanais al-Ahed, j’ai passé une heure et demie à me faire photographier avec des gens dans le public”, assure-t-il.
Et il y a deux semaines, pour la finale de la Ligue des Champions, il a rejoint un groupe de supporters en centre-ville pour regarder le match sur un écran géant. “Quand Mohamed Salah a été blessé, certains sont venus me voir comme si c’était moi qui souffrait”, raconte-t-il à l’AFP. “Après dans mon quartier, pendant plusieurs jours, des gens qui me croisaient me disaient ‘bon rétablissement'”, ajoute-t-il en riant.
Passionné de ballon rond depuis tout petit, cet enfant originaire d’un quartier pauvre est parvenu à se hisser au poste d’attaquant de l’équipe B d’al-Zawraa, le club le plus titré d’Irak.
Imiter son jeu
Et Hussein Ali espère bien un jour vivre le même miracle qui a propulsé son illustre jumeau de sa petite bourgade du fin fond du Delta du Nil au coeur de la planète foot. “Nous jouons au même poste et je fais tout pour l’imiter et reproduire ses gestes”, assure le jeune homme, le visage barré en permanence d’un immense sourire.
Mais il n’y a pas que sur le terrain qu’il veut imiter son héros dont la participation ou non au Mondial a tenu en haleine la planète entière. Mohamed Salah “est pieux”, assure Hussein, alors que les buts de l’Egyptien ont amené des supporters enflammés à scander que s’il marquait encore, ils deviendraient “musulmans aussi”.
“Il lit le Coran et il demande à Dieu de l’aider avant les matches. Moi aussi, je lis le Coran et je prie, comme ‘Abou Mekka'”, le surnom de l’attaquant de Liverpool qui a appelé sa fille Mekka, La Mecque en arabe.
Hussein aimerait maintenant que ce soit à son tour de prendre la pose aux côtés de son idole. “Le rêve de ma vie c’est de rencontrer Mohamed Salah”, affirme-t-il à l’AFP depuis sa petite maison aux volets fermés pour préserver un semblant de fraîcheur durant les longues heures de la journée où Bagdad est privée d’électricité. “Peut-être qu’il m’invitera à la Coupe du monde en Russie?”, se prend-il à rêver, en imaginant son selfie avec le ballon d’or africain. Si ce cliché existe un jour, bien malin celui qui devinera qui est qui.