Même classé 20e au tableau des médailles des Xe Jeux africains, «Maputo 2011» (Mozambique du 3 au 18 septembre 2011), le Mali a réalisé sa meilleure participation à cette manifestation depuis la première édition organisée en 1965 à Brazzaville (Congo). En effet, nos représentants dans la capitale mozambicaine repartent avec 8 médailles, dont une en or. Et une fois de plus, le taekwondo malien (une médaille d’or, une en argent et deux en bronze) a confirmé son statut de locomotive du sport malien. Et naturellement les pratiquants de cet art martial souhaitent avoir plus de moins afin d’être encore plus présents dans les compétitions internationales.
Les Xe Jeux africains se sont achevés ce samedi 17 septembre 2011 après 16 jours de compétition. Au niveau des compétitions les plus médiatisées, le Ghana a remporté le tournoi de football masculin face à l’Afrique du Sud (4 tirs au but à 3, 1-1 après prolongation). Chez les hommes, les Black Meteors succèdent ainsi au Cameroun, triple tenant du titre. Toutefois, il ne réalise pas le doublé au foot car les Ghanéennes se sont inclinées 1-0 face au Cameroun chez les dames.
En basket-ball, le Mozambique s’est contenté de la médaille d’argent après avoir perdu contre le Nigeria, 57 à 62. Chez les filles, le pays organisateur avait terminé à la 4e place après un départ très prometteur. Hélas, le Sénégal a brisé le rêve de consécration des Mambas Ladies en demi-finale et le Nigeria dans le match de classement.
Ces Jeux africains 2011 s’achèvent donc sur une bonne note pour le Ghana et le Cameroun contrairement, au Mozambique, le pays hôte, qui n’a pas remporté le moindre titre. Et c’est l’Afrique du Sud qui a réalisé la plus importante moisson de médailles avec plus de 150 breloques, dont une trentaine en or. L’Egypte en a remporté moitié moins. La natation, en particulier, aura permis aux Sud-Africains et Sud-Africaines de se livrer à une véritable razzia de titres, à l’image de Karin Prinsloo, la nageuse a remporté quatre médailles d’or et un en argent.
Le Mali améliore son record de médailles
Avec un total de 8 médailles (karaté 1 argent et autant de bronze ; taekwondo 1 Or, 1 argent et 2 bronzes ; et 2 médailles en bronze pour le Zurkhaneh-Sport), dont une en or, le Mali a battu tous ses records de participation aux Jeux africains depuis 1965, l’année de la première édition tenue à Brazzaville, au Congo. Selon, les observateurs, c’est la meilleure participation malienne à cet événement !
Avec quatre médailles (1 Or, 1 Argent et 2 Bronze), le taekwondo a conforté son statut de locomotive du sport malien depuis quelques années. Ce qui ne surprend pas d’ailleurs parce que c’est la seule discipline sportive dans laquelle le Mali est double champion du monde à travers Daba Modibo Kéita. Ce géant, dans tous les sens du terme, est aujourd’hui la référence pour des jeunes combattants comme Aminata Makou Traoré, Ismaël Coulibaly, Oumar Cissé, Aminata Oumou Traoré, Toumani Diabaté…
Et c’est donc fort justement que le taekwondo sollicite plus de soutien afin de participer à davantage de compétitions de haut niveau afin de se maintenir sur cette courbe ascendante. Même s’il n’a pas réalisé sa performance d’Alger (Algérie, 2007), d’où elle était revenue avec une médaille d’or remportée par Me Fousseyni Sacko (aujourd’hui en aventure en France), le karaté malien est rentré au bercail avec deux médailles (1 d’argent et autant de bronze) dans son escarcelle. Après avoir vaincu les vieux démons de la division, cet art martial a de l’ambition. Avec la politique de sollicitation de la diaspora initiée par le Général Cheick Ahmed Niambélé (président de la FEMAKA), on peut beaucoup miser sur cette discipline dans les années à venir. En dehors des médailles, le karaté malien s’est imposé dans les instances africaines et mondiales. En effet, le président de la Fédération malienne de Karaté et disciplines affinitaires, Général Sékou Ahmed Niambélé a été confirmé dans la Commission juridique et de discipline de la Confédération africaine de karaté. Mieux, il va désormais siéger comme membre africain à la Fédération internationale de cet art martial.
Au niveau de l’arbitrage, Me Jean Claude Assy a passé avec succès son examen de juge et arbitre africain. La cinquantaine affichée avec charme et élégance, Me Assy était juge mondial depuis 2002. Mais, à cause de la crise ivoirienne (il était installé en Côte d’Ivoire), il a tout perdu. Ce qui l’obligea à s’éloigner du karaté un moment pour mieux s’occuper des siens psychologiquement et socialement marqués par ce drame. Grâce à lui, le Mali est donc désormais présent dans le gotha africain de l’arbitrage du karaté. Et le néo juge africain ne s’arrêtera pas naturellement en un si bon chemin. Avec l’ambition qui l’anime, il ne va pas tarder à reconquérir sa place au niveau mondial.
En athlétisme, même si le pays retourne sans médaille, on a vu des signes d’espoir à Maputo à travers certaines performances. Ainsi, dans l’épreuve du triple saut, Cissé Tounkara (6e de la compétition) est passée de 12,31m à 12,48. Elle améliore donc son record. Quant à la jeune Djénébou Danté, elle a atteint la demi-finale des 200m. Et Moctar Djigui a été en finale (9e) du lancer de javelot. La satisfaction est davantage grande au niveau de l’handisport. En effet, Mohamed Sacko est respectivement 4e et 5e des 100m et 200m. A défaut du podium, dans ces deux épreuves, il a réalisé les minima qualificatifs pour les Jeux Paralympiques de 2012 à Londres, en Angleterre.
Mieux, cette performance donne la chance à deux autres athlètes (à choisir par la Fédération malienne des sports pour handicapés) d’aller se frotter aux meilleurs dans la capitale anglaise. Même s’il n’a pas réalisé les minima (31m), Lassina Sanogo (javelot) a amélioré sa performance en passant de 23m à 27,98m. Tout comme Oumar Sidibé n’a pas à rougir de ses performances sur les 800, 400, 200 et 100 mètres.
Selon le délégué fédéral, M. Amadou Diarra, l’handisport n’était pas prévu aux Jeux africains de Maputo. Il a failli la clairvoyance et la persévérance d’un coopérant cubain pour qu’il soit programmé. Mais sans certaines disciplines comme l’haltérophilie dans laquelle les Maliens excellent. «Cette introduction tardive n’a pas permis aux handicapés maliens de mieux préparer l’échéance de Maputo», explique M. Amadou Diarra.
Des basketteurs et des tennismen décevants
Avec deux demi-finales, le judo est passé à deux doigts du podium. Quant à la natation et au tennis, ils ont naturellement fait de la figuration comme lors des éditions passées. Si les nageurs ont des circonstances atténuantes (manque d’infrastructures de préparation, dénuements matériels…), les tennismen n’ont plus d’arguments valables pour rester à la traîne dans ce genre de compétition. Grâce à la volonté des dirigeants fédéraux et à l’effort du Ministère de la Jeunesse et des Sports, les infrastructures de tennis se sont beaucoup améliorées dans notre pays.
Le président de la fédération malienne de tennis, Mohamed Traoré, et son équipe ne manquent pas d’ambition et d’initiatives pour favoriser l’éclosion et la progression des jeunes talents. Au Mali, c’est d’ailleurs l’une des rares disciplines, sinon la seule, à avoir aujourd’hui un plan de développement harmonieux et réaliste. Visiblement, certains ténors du tennis malien n’ont pas conscience des sacrifices consentis par leurs dirigeants et les autorités maliennes.
Le basket a été sans doute la grande déception de la participation malienne aux Xe Jeux africains de Maputo. Si l’équipe expérimentale des dames (12e sur 12) n’était pas très attendue dans cette compétition, on espérait voir les messieurs au moins en demi-finale. En effet, après un AFROBASKET fantomatique à Madagascar, on misait sur un sursaut d’orgueil de la part de la bande à Alkaya Touré. Hélas ! Mamadou Tangara et ses coéquipiers ont fini derniers de leur poule avant de se classer 9e sur 10 grâce à une victoire sur l’Afrique du Sud en match de classement. En réalité, ces joueurs ont passé plus de temps à exiger des «motivations» qu’à se concentrer sur leur mission à Maputo.
Il faut tirer le chapeau à la très forte colonie malienne de Maputo qui n’a rien ménagé pour rendre le séjour de la délégation malienne très confortable. Le président Moussa Touré et son équipe ont été au petit soin pour leurs compatriotes. Grâce à leur dynamisme et à leur disponibilité, beaucoup d’écueils ont été évités et des problèmes rapidement résolus. Mieux, ils n’ont jamais hésité à fermer leurs boutiques ou à renoncer à d’autres occupations quotidiennes pour venir supporter nos différentes équipes, notamment le basket féminin et masculin.
Gageons que les fédérations, le Comité National Olympique et Sportif (CNOSM) ainsi que le Ministère de la Jeunesse vont tirer tous les enseignements de cette participation afin de donner davantage de chances au pays lors des Jeux du Cinquantenaire prévus en 2015 à Brazzaville (Congo). Cette ville qui avait accueilli la première édition des Olympiades africaines en 1965 !
Moussa Bolly
(Depuis Maputo)
Une opportunité de modernisation pour Maputo
Après le désistement de Lusaka (Zambie), c’est Maputo qui a été choisie par le Conseil Supérieur du Sport en Afrique (CSSA) pour organiser la Xe édition des Jeux africains du 3 au 18 septembre 2011. Même si les autorités mozambicaines sont avares de chiffres par rapport à l’investissement consenti en deux ans, il est évident que le fait d’accueillir les Olympiades à l’africaine aura un impact positif sur le sport et surtout l’économie du pays.
Grâce à l’organisateur des Jeux africains, cette ancienne colonie portugaise d’Afrique australe dispose d’infrastructures modernes qui, dans les années à venir, vont servir de tremplin au développement des différentes disciplines sportives. Ainsi, un nouveau stade, situé dans la banlieue de Zimpeto (à une quinzaine de kilomètres du centre ville), a été construit spécialement pour ces 10e Jeux africains. D’une capacité de 42 000 places, l’enceinte a accueilli les compétitions d’athlétisme et de football.
Le basket, le volley et le taekwondo ont eu lieu dans un Stadium Maxaquene de Maputo et dans la Salle Desportivo, réalisés pour la compétition. Les compétitions de canoë-kayak et d’aviron se sont déroulées au Chidenguella Lagoon, à 275 km au nord de Maputo. Pour la circonstance, d’anciennes infrastructures comme le stade de football de Machava, où joue actuellement l’Equipe nationale, et quatre gymnases ont été aussi réhabilités. Tout comme le Mozambique s’est doté d’une piscine olympique et d’un autre bassin d’entraînement.
Et le «Village» de 848 logements réalisé pour les athlètes au pied du nouveau stade pourra servir de cité universitaire pour le pays. L’aéroport de Maputo a été doté d’un nouveau terminal afin de faire face au flux des passagers. Des infrastructures routières et de transport ont été considérablement améliorée faisant aujourd’hui de Maputo l’une des villes les plus modernes d’Afrique.
Les retombées économiques ont été à la hauteur des attentes. Le pays misait sur la présence de 45.000 visiteurs. Mais, officiellement, ce chiffre a dépassé les 50 000 ! Une vraie aubaine pour tous les secteurs de l’économie mozambicaine, notamment la restauration et l’hôtellerie. «Depuis deux mois, nous affichons complets grâce aux Jeux africains», souligne l’administrateur d’un des plus grands hôtels de la ville. A 72 heures de l’ouverture des Jeux, le 3 septembre 2011, il n’y avait plus de places dans les hôtels. Même les Auberges ont refusé du monde. Les Super marchés, les nombreux fast-foods, les artisans, les vendeurs ambulants… se frottent toujours les mains ! Et le Mozambique a sans doute fait le plein de devises étrangères, notamment de dollars fréquemment échangés par des délégations contre la monnaie nationale, le Metical (100 metical = à environ 1 500 F CFA). Ce qui est un réconfort non moins important pour se consoler de l’absence de l’or au palmarès du pays à ces Xe Jeux africains !
Moussa BOLLY