L’ancien milieu de terrain Juninho s’est longuement exprimé dans les colonnes du Guardian sur la situation au Brésil, entre racisme et crise sanitaire. Le directeur sportif de l’Olympique Lyonnais a également évoqué le rapport des joueurs brésiliens à l’argent, prenant comme exemple sa carrière et celle de Neymar.
“Il y a des milliers de George Floyd au Brésil”. Le Guardian a relevé cette citation pour titrer son enrichissant entretien avec Juninho. L’ancien joueur, réputé pour ses coups francs magistraux, a vidé son sac pendant plus de deux heures et trente minutes sur la situation au Brésil, pays touché par la violence, le racisme, et plus récemment par la crise sanitaire du coronavirus. Au bout d’une demi-heure d’interview, le Brésilien a d’ailleurs fondu en larmes devant son interlocuteur.
“Des milliers de personnes souffrent en silence au Brésil”
La preuve que l’actuel directeur sportif de Lyon est très préoccupé par l’actualité autour de son pays. “Des milliers de personnes souffrent ou ont souffert en silence. Nous ne savons pas tout. Les homosexuels sont également persécutés et c’est l’une des choses qui me met le plus en colère contre les personnes qui soutiennent Bolsonaro. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu des incidents comme ceux de George Floyd au Brésil, des fusillades ont lieu tous les jours. Par exemple, comment est-il possible qu’un enfant de huit ans soit abattu par la police à Rio? C’est incroyable”, s’indigne-t-il.
La crise du Covid-19? “Nous faisons tout de travers”
Juninho a exprimé sa “profonde tristesse” face à la gestion de l’épidémie du coronavirus par le gouvernement brésilien. 65.000 personnes sont mortes du Covid-19 au Brésil, alors que le président Jair Bolsonaro a toujours minimisé la crise. “C’est désespérant. Nous faisons tout de travers, nous allons à l’encontre de tout ce que fait le reste du monde. Je sais que notre pays est pauvre et que les gens ont besoin de travailler, mais c’est une question de vie ou de mort. Si nous avions eu un lockdown, la fin de l’épidémie aurait été proche”, regrette l’homme de 45 ans.
“Culture de la cupidité”
Puis Juninho a évoqué le rapport des Brésiliens à l’argent. Il explique qu’il existe une “culture de la cupidité” dans son pays. “Au Brésil, on nous apprend à ne nous soucier que de l’argent, mais en Europe, ils ont une mentalité différente. Inconsciemment, j’ai monté un plan de carrière pour aller dans un grand club au Brésil, mais pas pour le sportif. On m’a appris à aller là où on me paierait le plus. C’est la voie brésilienne”, estime-t-il.
L’exemple de Neymar
Après avoir pris comme exemple sa carrière, Juninho a illustré son propos en évoquant celle de Neymar. “Regardez Neymar, il n’a été au PSG juste pour l’argent. Le PSG lui a tout donné, tout ce qu’il voulait, et maintenant il veut partir avant la fin de son contrat. Mais c’est le moment de rendre la pareille, de montrer de la gratitude. C’est un échange. Neymar doit donner tout ce qu’il peut sur le terrain, faire preuve d’un dévouement total, de responsabilité et de leadership. Le problème est que le système brésilien a une culture d’avidité et veut toujours plus d’argent. C’est ce qu’on nous a enseigné et ce que nous avons appris”, détaille l’ancien milieu de terrain.
“Il a besoin de se remettre en question”
Alors, est-ce la faute de Neymar ou celle de la société brésilienne ? “C’est simplement ce qu’il a appris. Je dois faire la différence entre Neymar en tant que joueur et Neymar en tant que personne. En tant que joueur, il est dans les trois meilleurs au monde, au même niveau que Cristiano Ronaldo et Leo Messi. Mais en tant que personne, je pense qu’il a besoin de se remettre en question et de grandir. Mais pour l’instant, il fait simplement ce que la vie lui a appris à faire”, tranche-t-il.
Leonardo n’a pas apprécié
Si l’intention de Juninho n’était certainement pas de heurter son compatriote, mais de prendre un exemple qui parle au plus grand nombre pour illustrer son argumentaire sur la mentalité des joueurs brésiliens, une petite polémique a vu le jour. Leonardo, également Brésilien et directeur sportif du PSG, n’a pas apprécié la pique de Juninho, pourtant extraite d’une interview où le fond de son discours est bien plus important. “Je ne comprends pas pourquoi Aulas parle autant du PSG. Et Juninho, maintenant, parle de Paris et de Neymar. Ça serait mieux de parler de leur club. Nous, on ne parle pas de la situation de l’OL et je demande à l’OL de ne pas parler de nos joueurs et de notre club”, a-t-il rétorqué.
Par: 7sur7.be