Les Fennecs ont attendu 32 ans pour remporter une victoire en phase finale de Coupe du monde. Mais ils ont aussi fait mieux en offrant à l’Afrique un second ticket pour les huitièmes de finale de cette Coupe du monde, «Brésil 2014». Une première pour l’Algérie et aussi pour le continent. Les Algériens y ont cru ! Et ils ont enfin réalisé ce vieux rêve ! Les fans des Fennecs ont donc eu raison de célébrer cette qualification historique comme un triomphe final. En effet, l’Algérie n’était par forcément favorite dans un groupe H qui avait la Belgique comme tête de série. Les Algériens devaient aussi se frotter à la Corée du sud et à la Russie, deux abonnés à la Coupe du monde FIFA. Mais l’Algérie, qui n’a jamais franchi un premier tour du mondial, a enfin réalisé son rêve avec une défaite, une victoire et un précieux nul (1-1) contre la Russie ainsi privée de la seconde place du groupe derrière la Belgique (9 points pour 3 victoires).
Les Super Eagles, champions d’Afrique 2013, ont franchi le premier tour. Sans surprise, dirons-nous d’autant plus que nous avons toujours pensé que le Nigéria a hérité d’un groupe (poule F composée de l’Argentine, du Nigéria, de l’Iran et la Bosnie) compliqué, mais jouable. En effet, en dehors de l’ogre argentin du génie Messi, les deux autres équipes qui composaient le groupe E étaient prenables. Même si les Champions d’Afrique ont mal négocié leur première sortie contre l’Iran (0-0), ils ont livré un match correct et chanceux contre la Bosnie (1-0) avant de faire douter l’Argentine finalement victorieuse (2-3) grâce à un Messi dans ses beaux jours. À notre avis, le Nigéria a été le représentant africain qui a réellement montré un visage convainquant au point de vue tactique, physique et mental. Hélas, les Super Eagles sont retombés dans leur travers (voir encadré) dès le lendemain de la qualification pour les huitièmes de finale qu’ils doivent disputer contre les Bleus, la France, ce 30 juin 2014.
Mauvais sort, erreur de coaching
Mais, en atteignant le second tour, les protégés de Stephen Keshi ont déjà réussi à nous faire oublier leur piètre prestation en Afrique du sud, en 2010. Terrible fut la désillusion des Eléphants de la Côte d’Ivoire qui était au rendez-vous de l’histoire à trente seconde de la fin du match. Hélas, le pays a une fois de plus échoué à se qualifier pour les huitièmes de finale, comme en 2006 en Allemagne et 2010 en Afrique du Sud. La faute à un penalty trop sévère, mais surtout à un très mauvais coaching de Sabri Lamouchi coupable d’avoir exposé son équipe en faisant sortir ses stars comme Didier Drogba dans les ultimes minutes de ce décisif match contre les Grecs. Cela a accentué la pression grecque sur sa défense poussée à la faute ayant entraîné le penalty, donc à encaisser un second but synonyme de rêve brisé pour toute une génération de talents incontestés. Et pourtant, après le tirage au sort, on avait trouvé que ce groupe C (Côte d’Ivoire, Colombie et Japon) était équilibré pour permettre à Sabri Lamouchi et à ses poulains de réaliser leur rêve : franchir le premier tour d’une phase finale de Mondial ! Hélas, les Eléphants ont laissé échapper le ticket, si vaillamment défendu, dans les ultimes secondes du match contre la Grèce.
Les Black Stars n’ont pas également réussi à s’extraire du groupe G avec l’Allemagne, les Etats-Unis et le Portugal. Les Ghanéens se sont fait surprendre par des Yankee (Américains) conquérants dès leur premier match perdu (0-1). Face aux Allemands, ils ont livré l’une des meilleures rencontres de ce premier tour du mondial avec un nul élogieux (2-2). Face au Portugal de Christiano Ronaldo, ils pouvaient encore crânement jouer leur chance pour obtenir le ticket des 8es de finale. Hélas, les héritiers d’Abedi Pelé se sont inclinés 1-2. Et pourtant, dans ce groupe, le Portugal est apparu comme le pays le plus à leur portée parce que sans âme avec un Ronaldo physiquement très diminué.
Des Lions orphelins de leur force de caractère
Avec une défense fébrile, les Ghanéens ont perdu plus d’énergie dans des revendications que dans l’étude des stratégies pour se hisser au second tour. Comme l’a dit un confrère, les Lions Indomptables sont une fois de plus passés à côté de leurs crampons… Pis, ces «Lions domptés» ont fait honte à toute l’Afrique par une scène de bagarre irréaliste face à la Croatie (0-4). Avec trois défaites (0 point), neuf buts encaissés, un seul marqué, il a fini bon dernier de son groupe A (Cameroun, Brésil, Croatie et Mexique). Sans doute le bilan le plus médiocre de la participation africaine au mondial brésilien. Le Cameroun a encore déçu. Et cette fois ci, dénonce un chroniqueur, pas «à cause des défaites, mais pour leur comportement inadmissible sur le terrain… En arriver à la main alors que le monde entier les observe est purement et simplement lamentable». Et pourtant, «cette équipe a des valeurs, regorge des potentialités énormes», a défendu Nicolas Nkoulou après la rencontre perdue contre le Brésil (1-4), sans doute le meilleur match des Lions Indomptables pendant cette campagne au Brésil. On n’a beau avoir les meilleurs talents du monde, ils ne peuvent pas combler les attentes sans la discipline et le mental requis. Le Cameroun est donc loin d’être guéri de ses vieux démons. Le problème, c’est que ce pays n’a jamais réellement fait face aux problèmes auxquels sa sélection nationale est confrontée depuis 2002. On s’est toujours contenté de saupoudrage, des entraîneurs sacrifiés comme boucs émissaires, des stars amadouées pour des raisons politiques, etc. Mais, jusque-là, les autorités camerounaises n’ont pas réussi à prendre le taureau par les cornes. Il est temps que tous les acteurs se retrouvent autour de la table pour crever l’abcès en se disant la vérité en face et en balisant le chemin consensuel de la performance.
À cette rencontre, il faut aussi que les anciennes gloires comme Joseph Antoine Bell, Roger Milla, Patrick MBoma… viennent y faire leur mea-culpa. Elles ne se font pas prier pour critiquer tout le monde, joueurs et dirigeants ainsi que coaches. Et pourtant, il est clair que ces stars d’une époque font aussi partie du problème à gérer. Elles ne voient pas l’avenir du football camerounais sans elles alors qu’elles sont incapables de tirer dans le même sens. Et dans cette lutte d’influence chacun tente de gagner la sympathie des joueurs tout en essayant de barrer le chemin à ceux qui ne les adulent pas.
Moussa BOLLY