“Les joueurs doivent être dans les conditions pour s’exercer et jouer en ligne contre d’autres”
Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le nouveau président de la Fédération Malienne de Jeu de Dame, Ladji Sara, conseiller à la Section judiciaire de la Cour suprême de Bamako, nous parle de son élection, de l’état actuel de la discipline au Mali, des défis majeurs qu’il compte relever au cours de son mandat et des difficultés auxquelles la fédération est confrontées aujourd’hui. Exclusif.
ujourd’hui-Mali : Vous êtes élu président de la Fédération malienne de tennis depuis une année. Comment s’est déroulée cette élection ?
Ladji Sara : Je suis venu à la tête de la fédération le 21 janvier 2023 suite à une élection qui s’est déroulée dans une atmosphère véritablement conviviale parce qu’il y a eu un bureau consensuel.
De façon générale, comment jugez-vous l’état actuel du jeu de dame au Mali ?
Il est important de dire que le jeu de dame est assez répandu au Mali, mais il faut également reconnaitre qu’il est mal organisé. Que cela soit dans les clubs, les quartiers, les villages et les villes, les pratiquants de la discipline ne sont pas organisés de manière à être indépendants, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas faire d’activité sur ressources propres, or quand vous êtes dépendants des sponsors et des mécènes, il est évident qu’il y a beaucoup de compétitions que vous ne pourrez pas entreprendre.
Aujourd’hui, les gens aiment voir le jeu de dame se dérouler, mais très peu son enclins à venir au secours des joueurs pour les appuyer en termes de logistique, financier et autres. Pour que cette discipline puisse aller de l’avant, il faudrait que les gens à la base s’organisent et cela doit se faire avec l’aide de la Fédération malienne de jeu de dame et des ligues régionales.
Comme je le disais tantôt, il y a le Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) qui nous donne des subventions, ainsi que l’Etat à travers le ministère de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, même si cela n’est pas de façon pérenne acquise parce qu’il y a des conditionnalités à satisfaire chaque fois pour en bénéficier.
Cependant, le Cnosm s’emploie régulièrement à nous donner des ressources qui nous permettent avec l’appui des sponsors et des mécènes d’organiser des compétitions au niveau des ligues régionales et les districts. En réalité, la subvention du Cnosm est assez modeste, elle ne permet pas de faire beaucoup d’activités. Avec ces moments, il n’est pas évident de faire plusieurs compétitions dans l’année.
Quels sont les défis que vous comptez relever au cours de ce mandat ?
Le défi majeur que nous comptons relever, c’est avoir un siège pour la Fédération parce qu’après tant d’années et de parcours voir que nous n’avons pas un siège de nom est inacceptable. Lorsque vous demandez où se trouve le siège de la Fédération malienne de jeu de dame, des gens vont certainement vous dire que c’est au Carrefour des jeunes, mais vous allez au Carrefour des jeunes, nous n’avons qu’un seul bureau.
Lorsque nous tenons nos réunions, nous sommes obligés de débourser de petites sommes pour demander au gardien d’arranger une salle pour nous. C’est vrai qu’ils ne nous interdisent pas cela, mais pour mener une activité digne de nom, il faut pouvoir être localisé dans l’espace et à chaque fois que les gens ont besoin de nous pour qu’ils puissent nous trouver là-bas. Nous envisageons au cours de ce mandat de pouvoir accéder à un siège.
Nous avons déjà entrepris les démarches et nous sommes à la phase de l’exécution du dossier et si tout va bien, nous comptons avec l’aide de Dieu pouvoir bénéficier de ce siège et à partir de là tout pourra aller. En plus de cela, nous allons apporter des innovations à nos compétitions parce que classiquement, nous organisons des compétitions avec des prix qui allaient jusqu’à quatre.
Avec cette innovation, nous allons opter seulement pour le podium, c’est-à-dire les trois premiers. Cela va certainement encourager l’excellence au niveau de jeu. En plus de cela, il y aura des innovations dans l’organisation technique avec des méthodes de classement qui favorisent les joueurs.
Que comptez-vous faire pour consolider les acquis et rehausser davantage l’image du jeu de dame au Mali ?
Dans la quête toujours de performance, nous encourageons des joueurs de jeu de dame à multiplier les rencontres parce que tant que vous ne faites pas de compétitions, il n’est pas évident que vous puissiez évoluer. Le jeu de dame est un sport intellectuel et il faut jouer régulièrement à travers des compétitions avec des joueurs qui ont un niveau élevé.
C’est à travers ces genres d’initiative que les joueurs vont avoir de bons niveaux de jeu et tant qu’il n’y a pas ce genre d’initiative, il est difficile que le joueur puisse avoir un bon niveau. C’est avec cette volonté de rencontre permanente que nous voulons faire avancer afin que les joueurs puissent se rencontrer régulièrement et de jouer le plus possible. Nous envisageons de mettre les joueurs en condition pour qu’ils puissent s’exercer et jouer en ligne avec les joueurs de l’extérieur.
Aujourd’hui, le jeu de dame est tellement développé à international qu’il y a la possibilité que les joueurs s’affrontent en temps réel en ligne. Dans ce sens, nous encourageons tous ceux qui ont la volonté d’aller de l’avant en leur offrant des tablettes numériques afin qu’ils puissent continuer de jouer. Avec ce système, le joueur peut s’entraîner en ligne où jouer en ligne contre les joueurs expérimentés.
Il y a un point important dans tout cela qui est la conscientisation des joueurs. La plupart des joueurs pensent qu’ils jouent pour la Fédération alors qu’ils jouent pour eux-mêmes. Il faut que les joueurs arrivent à comprendre que la discipline ne peut pas se développer sans leur participation active.
Cette année, nous sommes en train de nous préparer pour participer au Championnat africain de jeu de dame prévu pour le mois de mai prochain au Congo-Brazza. Ce sont les deux premiers du championnat national qui vont représenter le Mali à cette compétition. Il s’agit de Ladji Sacko Camara et Moussa Diallo. Maintenant, l’ancien champion du Mali, Moussa Coulibaly, pourrait également participer à cette compétition à condition qu’il obtienne assez de points à l’issue d’une compétition “Open”.
Quelles sont les difficultés auxquelles la Fédération malienne de jeu de dame est confrontée aujourd’hui ?
Les difficultés auxquelles la Fédération malienne de jeu de dame est confrontée sont d’ordre organisationnel et économique. Malheureusement, la majeure partie des fédérations sportives sont confrontés à un problème de financement, et cela, au fait que le bureau fédéral tourne autour de quelques-uns. Les gens viennent s’inscrire sans pour autant participer à des réunions de bureau. Par exemple si au départ vous avez un bureau de 23 membres avant de boucler la première année, vous trouvez que seul une dizaine de personnes viennent aux réunions de bureau. C’est dire que les gens aiment être dans le bureau, mais ils n’aiment pas travailler. Cependant, il suffit seulement d’avoir quelques victoires pour qu’ils viennent réclamer pour eux le mérite de ces compétitions. En plus de cela, il y a la difficulté économique, très peu de personnes nous viennent en aide. Pour bénéficier l’aide d’un mécène, il faut que la personne connaisse la discipline ou qu’elle comprenne qu’en sponsorisant notre compétition, son entreprise peut gagner en visibilité. Jusqu’ici, nous travaillons avec deux sponsors qui sont la société “Bara Muso” et la compagnie de transport “Air Niono”. Ils essayent de nous accompagner comme ils peuvent.
Si vous aviez un message à lancer au monde de jeu de dame, lequel serait-il ?
Le message que j’ai à l’endroit du monde de jeu de dame au Mali, c’est de venir nous accompagner afin qu’ensemble, nous puissions booster cette discipline. Nous avons déjà besoin de leur soutien moral, c’est-à-dire qu’ils peuvent commencer à nous donner des conseils. Ensuite, j’invite les jeunes joueurs à venir jouer d’abord avant qu’ils ne pensent au bénéfice de performance. Le jeu de dame ne s’accommode pas avec la médiocrité, il faut de l’exercice. Malheureusement, nos garçons sont très distraits. Ils privilégient les jeux de hasard à la compétition normale.
Propos recueillis par
Mahamadou Traoré