Keita Domani Doré, ministre des sports de la Guinée : «Le Horoya est une fierté nationale»

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Effectuant le déplacement à Casablanca au Maroc pour assister au match des 16e de finale retour de la Ligue africaine des champions entre le Raja et le Horoya AC de Guinée, le ministre des Sports de la Guinée, Kéita Domani Doré (30 ans, mariée et mère de 2 enfants) nous a accordée une exclusive à l’Hôtel Golden Tulip Farah juste après le match. Nommée à la tête du Département des Sports, le 20 janvier 2014, Kéita Domani Doré est titulaire d’une Maîtrise en Philosophie et d’une Licence en Communication Evénementiel. A Casablanca, le ministre Doré était au premier plan pour soutenir et encourager le Horoya, seul représentant du football guinéen encore en course en compétitions africaines. Dans l’interview qui suit, Kéita Domani Doré, émue, décontractée et fière de la qualification du Horoya pour les 8e de finale, laisse éclater sa joie, parle de la candidature de la Guinée pour l’organisation des CAN 2019 et 2021, son projet pour le développement pour le sport guinéen…

 

 

 Keita Domani Doré

Keita Domani Doré

Bonjour Madame le ministre ! Comment avez-vous vécu cette qualification historique du Horoya AC pour les 8es de finale de la Ligue des champions en terre marocaine ?

D’abord, j’ai été très  honorée d’être à côté de ce grand club.  Pour moi, c’était l’occasion de rappeler à tous les amoureux de foot que qui parle de développement du sport  parle justement  de l’accompagnement nécessaire auprès de ce club de haut niveau  que représente aujourd’hui le Horoya AC.  Donc  que cela se soit soldé par une victoire. Le Maroc et la Guinée sont  deux nations sœurs qui ont ensemble une histoire qui ne date pas d’aujourd’hui. C’est donc cette consécration que nous avons vécue au Stade. Pour moi,  c’était plus que du foot. C’était une fraternité renouvelée.

 

 

 

Peut-on dire que ce triomphe du Horoya est un déclic pour le football guinéen qui bat de l’aile depuis quelques années ?

Vous avez raison.  Nous quittons d’un haut niveau il y a des années où on se demandait comment nous allons relever le sport guinéen. Aujourd’hui, le Horoya fait la fierté du sport et du football guinéen. Ceci dit, il ya beaucoup de choses à faire.  Heureusement que des personnes comme Antonio Souaré s’investissent  pour que nous puissions nous retrouver au niveau  où nous sommes aujourd’hui. Il était donc nécessaire que j’accompagne le Horoya à Casablanca. Cela représente pour moi l’explosion même de ce que nous envisageons pour l’émergence du sport en Guinée.

 

 

Nous avons appris dans les coulisses que vous avez lâché ceci : «C’est désormais le Horoya national.» Vous le confirmez ?

Je le réitère.  Le Horoya AC est vraiment le Horoya national. C’est avec beaucoup de fierté que nous l’exprimons. Vous n’êtes pas sans savoir que le sport est un vecteur de cohésion nationale. Pour cette  troisième République, c’est l’un des grands chantiers du  chef de l’Etat, Alpha Condé.  Aujourd’hui  autant à Casablanca qu’en Guinée  tout le monde a vécu cette victoire du Horoya avec beaucoup d’engouement.

 

 

 

C’est votre première sortie pour soutenir un club guinéen. Vous devez être très fière et honorée de ce triomphe du Horoya à  Casablanca ?

Je suis honorée. Quand j’ai dit à son Excellence monsieur le chef de l’Etat que j’allais à Casablanca, il m’a dit : «Je comprends que tu mesures à sa juste valeur l’enjeu du match.»  Donc, je retourne à Conakry fière de lui annoncer que la mission est bien accomplie, même s’il est déjà  au courant. Cette brillante qualification du Horoya est à l’honneur de la Guinée.

 

 

Vous êtes une jeune ministre de 30 ans qui a en charge le sport guinéen. Une grosse responsabilité et un grand défi pour la jeunesse ?

Vous avez tout à fait raison. A travers ma modeste personne, cette nomination est un signal fort lancé à la jeunesse. Pour moi, c’est comment  servir le sport de mon pays en tant que jeune et  amener mes pairs à comprendre que nous sommes  un maillon essentiel dans le développement.  Cela doit passer par le fait que nous nous intéressons à ce qui se fait dans notre nation et pour nos sociétés. J’avoue tout de même que j’ai été surprise de ma  nomination.  Mais je la prends avec beaucoup de philosophie. Si le chef de l’Etat m’a confié le département  des sports, c’est qu’il cible les préoccupations des jeunes par les jeunes. Pour moi, cette nomination est un élément «booster» pour toute la jeunesse guinéenne et même africaine.  C’est donc pour dire aux jeunes que la balle est dans notre camp. A nous de la prendre au rebond et d’en faire bon usage !

 

 

Quel est l’état des lieux du sport en Guinée ? Qu’avez-vous trouvé sur place ? Et qu’envisagez-vous de faire ?

 En Guinée, au niveau du sport, je dirais que tout est à refaire. Mais je pense qu’on devrait changer le mécanisme et gérer le problème  de façon très  profonde. En illustrant le sport guinéen à travers une pyramide, vous remarquerez que le sport de masse est certes assez développé mais de façon anarchique. Donc à ce niveau, il va falloir resserrer l’étau de manière à ce que ce sport de masse évolue de façon graduelle et structurée. C’est pourquoi je salue l’arrivée réelle  de tous ces mécènes dans le domaine du football. Il faudra tout de même trouver une stratégie pour que les mécènes accompagnement d’autres disciplines sportives. Je pense qu’il ya un espoir.  Chez nous comme ailleurs, le sport est un élément très essentiel. A cet effet, avec mes services, nous envisageons d’organiser des ateliers en vue des validations des contrats d’objectifs  avec les différentes Fédérations sportives. C’est vrai que nous aimons bien aller compétir sur le plan international et sous-régional, mais je pense qu’il y a nécessité qu’on relance le sport en milieu scolaire et universitaire.  Que des disciplines comme l’escrime, le tennis soient vulgarisées au niveau national pour le bien des plus jeunes.  C’est en cela que nous pourrions  puiser cette pépinière nécessaire pour aller décrocher des médailles aux plans africain et mondial.  C’est ce travail en amont qui est en train d’être affiné en ce moment. J’ose croire que nous saurons trouver la bonne formule.

 

 

L’on sait qu’en Guinée qu’il y a un problème d’espace et un manque d’infrastructures sportives. Le Stade de Nongon est fini mais il n’est pas encore fonctionnel.  Faites-nous l’état des lieux des infrastructures  en Guinée ?

Il  y a un vrai problème d’infrastructures. Il y a surtout  un réel  manque d’infrastructures. C’est pour vous  dire que toutes ces  énergies qui se  dégageant dans le sport  dans  notre pays n’ont pas l’espace nécessaire. C’est  l’un des grands chantiers de mon département. Vous avez cité le Stade de Nongon qui fait la fierté de la Guinée  toute entière avec ses 50 000 places. La remise des clés a été faite et nous sommes en train de nous organiser pour l’ouvrir et de le mettre à la disposition du grand public. A défaut du Stade Nongon,   nous avons le grand Stade du 28-Septembre qui,  aujourd’hui, accueille toute les disciplines de 6h à 23h. Or, ce Stade doit être  renouvelé. D’ici  là où vont se transporter tous les sportifs ? Nous allons réfléchir autour des grandes thématiques pour voir comment elles pourraient s’investir dans l’amélioration de ces infrastructures  dans notre pays. Je vous informe aussi que la Guinée est parmi les pays présélectionnés  pour accueillir les CAN 2019 et 2021. Cela est un grand challenge pour nous. Aujourd’hui, nous remarquons que la population elle-même adhère à ce programme. Nous nous organisons de manière à ce que nous réussissions ce pari.

 

 

La transition est toute trouvée pour parler de l’organisation des CAN 2019 et 2021. Votre pays, la Guinée, est en compétition avec cinq autres. Avez-vous des chances d’être retenu ?

Déjà en nous engageant dans cette compétition, nous y allons confiants.  Parce qu’au delà même  des infrastructures et tout le protocole que vous pouvez savoir autour de l’organisation d’une CAN, il y a ce coté qui me semble important : la volonté politique liée à l’accompagnement populaire. Ça c’est une caractéristique qui est vraiment celle qui se dégage en Guinée. A mon avis, c’est quelque chose qui pèse sur la balance.  Et justement, c’est ce grand atout  là que nous allons mettre en avant lors de l’inspection de la Caf en avril prochain. En plus de nos atouts sur le plan infrastructurel, je pense que nous pouvons tenir la barre  à bon port.

 

 

C’est dire que vous avez déjà un planning bien détaillé avec l’aval du chef  de l’Etat qui doit être un amoureux du football afin de faire de la Can en Guinée un projet de développement ?

Bien entendu ! La meilleure illustration de la volonté politique c’est l’adhésion personnelle du chef de l’Etat. Je vous apprends que c’est le président, Alpha Condé, lui-même adhérant pleinement à ce projet  pour la simple raison que c’est un élément central pour le développement et la visibilité de notre pays. Ceci représente pour nous tout l’intérêt qu’il y a pour relever ce grand challenge. En tout cas en ce qui concerne le Ministère des sports et tous les autres départements concernés,  le comité préparatoire est mis en place à cet effet. Les rencontres de travail sont organisés  de façon périodique. Je peux vous dire que le travail est quotidien autour de ce projet d’organisation de CAN.

 

 

Madame le ministre, nos sources nous informent que vous ne connaissez pas grand-chose dans le sport. Que peut-on attendre d’un jeune ministre néophyte dans des réalités sportives. Vos détracteurs ont-ils tord de s’inquiéter de votre gouvernance ?

Je ne dirais pas que les détracteurs ont tord, j’avoue qu’ils sont assez pessimistes. Ce n’est pas méchant.  Mais aujourd’hui,  je ne pense pas qu’être un joueur ou un sportif  est l’équivalent d’être un bon administrateur sportif. Tout est question de management et d’engagement. Pour moi,  mon travail consiste à coordonner tous ces cadres, tous ces expérimentés du sport et  les accompagner dans l’élaboration de la stratégie. Pour moi, ceci ne nécessite pas d’être un sportif avéré. Ce travail de coordination de management fait de moi quelqu’un qui accompagne justement toute ces personnes qui ont le profil nécessaire pour réussir à sortir le sport guinéen de l’ornière. Etre jeune pour moi est un atout.  Parce que qui parle de coordination parle également de possibilité à amener des partenaires. Pour moi, être jeune et femme donne  encore plus d’envie de bien faire les choses. Donc je m’y emploie à fond. Pour moi, c’est le résultat qui compte. Je crois que lorsque j’aurais à faire un bilan, c’est de le faire de façon honorable.

 

 

Quels sont les premiers actes que vous avez posés ? Et quelle est votre vision sur la bonne gouvernance du sport en Guinée ?

Mes premiers actes ont été d’ordre  traditionnel. C’est-à-dire rencontrer les Fédérations, compter tous les organismes qui sont en partenariat avec le Ministère en ce qui concerne le sport. J’ai fait ma petite tournée, rencontrer et visiter les sièges de toutes les Fédérations.  Ce fut l’occasion pour moi d’avoir également leurs avis sur la gestion future de nos relations. Cela s’est soldé par l’obtention de différents mémos autour desquels nous allons nous pencher très bientôt autour d’un atelier. Nous organisons un atelier au cours duquel nous allons inviter les Fédérations, les mécènes et même les journalistes sportifs. Il ne suffit pas de demander des subventions à l’Etat. L’Etat et les Fédérations ont besoin de suivi-évaluation et de contrôle de ce qui se fait sur le terrain. C’est en cela que nous allons travailler très bientôt. Ça sera l’occasion encore de réfléchir au mieux autour des stratégies conformément à la lettre de mission que le chef de l’Etat m’a assignée via son le Premier Ministre.

 

 

Pensez-vous que vous pouvez changer les choses dans le sport guinéen ?

Je suis très certaine que quelque chose a déjà changé à partir du moment où c’est une femme qui est la responsabilité du département des Sports.  Ensuite, il ya le fait que le chef de l’Etat a estimé que le Ministère des Sports est un département  à part entière. Aujourd’hui, je pense que les choses peuvent davantage bouger.

 

 

Vous réalisez madame le ministre  que le sport est le meilleur  ambassadeur pour un pays. C’est aussi  une grande responsabilité et un devoir de résultat.  Cela ne vous donnera t-il pas des cheveux blancs ?

Des cheveux blancs ! Je ne pense pas. Vous savez j’ai appris grâce à mon père à faire mieux. Il faut que les gens comprennent que la gestion d’un projet, d’un domaine, d’un département est une chaîne.  A tous les niveaux, il faut que les gens acceptent de faire ce qu’ils ont à faire. Qu’ils se donnent la peine de se dire qu’ils ont des responsabilités et un devoir de résultats devant les populations. Je pense que si cette chaîne se fait de façon structurée, nous pourrons réussir ce pari. A ce titre chacun doit s’y mettre avec toute la responsabilité requise. Si mon arrivée au département des Sports peut servir à projeter une image encore plus honorable de la Guinée, je m’y emploierai au quotidien. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à sauter dans le premier avion pour être ici à Casablanca auprès du club Horoya qui représente tout le football guinéen dans son ensemble.

 

 

 Vous êtes une jeune dame de 30 ans, mère de 2 filles. Avec cette nouvelle responsabilité, comment coordonnez-vous vos responsabilités politiques et la gestion familiale ? Comment votre jeune époux réagit à tout cela ?

Vous me donnez justement l’occasion de rendre hommage à mon jeune époux et ami, Alassane Marie Jack Kéita. Nous avons pratiquement grandi ensemble. J’avoue que dans le contexte guinéen et africain, il n’est pas facile pour une femme d’émerger sans l’aide de son époux.  Et ce jeune homme a toujours fait de son mieux pour que je sois heureuse et réaliser en même temps mes rêves. C’est lui qui s’occupe pratiquement de nos enfants. Je le remercie pour cela. C’est pour moi l’occasion de dire aux hommes que les femmes peuvent aussi leur donner la chance de pouvoir faire quelque chose de leur vie. Rien n’est impossible. Tout de même, il faut reconnaître qu’il y a des gens qui t’amènent à croire en toi et te donnent l’envie de faire chaque jours un peu mieux.

 

 

 

Madame le ministre, avez-vous déjà  pratiqué le sport ?

Oui ! A l’époque nous faisions l’éducation physique à l’école. J’ai pratiqué le sport comme tout le monde à l’école. Malheureusement, ces valeurs se perdent aujourd’hui dans nos structures scolaires.

Et après je me suis aventurée à faire du judo. Malheureusement, je n’ai pu le faire que 5 mois parce que tout simplement le Stade du 28-Septembre, le seul endroit où on pouvait le faire était à des kilomètres de mon domicile. C’était difficile pour une jeune élève d’y aller tous les jours.  J’ai donc fini par arrêter.  Voilà un peu mon petit cursus en sport.

 

 

Madame Kéita, quand  on est ministre à 30 ans, quel plan de carrière  peut-on se faire pour l’avenir ?

Ça c’est la plus grosse question. Quant on est  ministre à trente ans, son plan de carrière dépendra de la loyauté de l’environnement qui va colorer toutes les actions que nous nous aventurons à faire. Aujourd’hui, au-delà de la confiance que le chef de l’Etat a placée en moi, je remarque que cela à créé un grand espoir au sein de la jeunesse et même au sein des populations. Pour moi, c’est un grand honneur que je devrais entretenir par le travail. Je respecte cette marque de confiance. Ce témoignage est pour moi la meilleure manière de faire carrière dans n’importe quel domaine que soit. J’essayerai de me rappeler toujours que je me dois d’être utile à ce peuple. Je me dois d’être loyale au chef de l’Etat élu pour un programme. Pour rendre ce programme viable, je dois m’y employer à fond. C’est en cela que je peux prétendre à avoir une carrière des plus honorables.

 

 

Madame le ministre, nous vous demandons de bien vouloir clôturer cet entretien pour le journal Match,  un journal sportif du Mali.      

Etre  interviewé aujourd’hui par un journal malien me ramène à mes tendres années d’enfance. J’ai commencé  à aller à l’école primaire au Mali, à Sainte-Thérése du fleuve. C’est là-bas que j’ai eu mon basique scolaire. Le Mali est un pays auquel je reste rattachée. Aujourd’hui qui parle de formation parle de la base.

 

Pour conclure, je voudrais dire aux Guinéens que les relations entre les nations, ce sont les ressources humaines. Si aujourd’hui Domani Doré peut donner espoir à la jeunesse guinéenne, cela doit passer par la formation, la confiance en soi. J’ose croire que cela se réussira avec toutes les ferveurs que je vois aujourd’hui se dégager de la jeunesse guinéenne.

                                      Par Baba Cissouma, envoyé à Casablanca  

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2 COMMENTAIRES

  1. Du courage madam la minitre je ss ivoirien mai j avoue que avec vous il ya eu par mal de changement au niveau du sport guineenne. J ai suivie les eliminatoire de la can vs avez suivi partour et encourager votre equipe ont voix en vous la determination l envue de porter le sport guinnenne au devant de la scene continue

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