Tout comme à Beijing (Chine), il y a quatre ans, le Mali misait sur Daba Modibo Kéita (Taekwondo, +80 kg) pour s’offrir une première médaille olympique de son histoire à Londres (Royaume Uni, du 27 juillet au 12 août 2012). Hélas ! Cet espoir a été une fois de plus déçu, le combattant ne parvenant plus à se hisser à hauteur de souhait. Même, s’ils n’ont pas approché le podium, les autres représentants du pays n’ont pas été ridicules. Ils ont affronté les meilleurs du monde sans aucun complexe. Et aujourd’hui, il est nécessaire de tirer tous les enseignements de la participation malienne à ces jeux de la 30e Olympiade pour mieux préparer «Rio 2016». Le Ministère des Sports et le Comité National Olympique et Sportif du Mali (CNOSM) en sont conscients.
«Il n’est pas question de faire de la figuration, mais bien de remporter des médailles. Nous souhaitons faire mieux qu’en 2008 à Pékin» ! Telle était l’ambition du président de l’Association des Comités nationaux Olympiques d’Afrique (ACNOA), le Général Lassana Palenfo. Malheureusement, aux Jeux olympiques de «Londres 2012» (du 27 juillet au 12 août 2012), l’Afrique n’a remporté au total que 34 médailles, dont 11 en or. Un recul par rapport à «Beijing 2008» où les athlètes du continent avaient eu 40 médailles, tous métaux confondus. Pis, l’Afrique a fait moins qu’en 2000 et 2004, respectivement à Sydney (Australie) et Athènes (Grèce) avec 35 médailles.
L’Afrique du Sud est redevenue, après «Atlanta 1996» (Etats-Unis), la nation africaine la mieux classée avec six médailles, dont trois en or reportées par ses nageurs Cameron Van Der Burgh (100m brasse) et Chad Guy Bertrand (200m papillon) et à son équipe masculine d’aviron en quatre de pointe poids léger.
Même s’ils ne sont pas allés loin dans leurs compétitions, nos athlètes ont mouillé les maillots pour ne pas être ridicules. Comme le disait le président Habib Sissoko, notre pays est allé à Londres conscient «des limites de nos représentants à rivaliser avec les meilleurs du monde». Et pour le Ministre des Sports, Hamèye Founé Mahalmadane, «le plus importants à nos yeux, c’était d’éviter le ridicule et surtout de bien se comporter pour faire honneur aux couleurs du pays».
Et chacun d’eux à véritablement donner le meilleur de lui-même, que ce soit sur la piste d’athlétisme, dans les bassins ou sur le tatami du judo. Les différents programmes de préparation pour ces J.O ont porté leur fruit parce que nos représentants se sont beaucoup améliorés par rapport à leurs performances précédentes.
Ainsi, Fatoumata Samassékou a amélioré son temps en passant de 32.40 à 31.88. Ce qui lui permet de se hisser désormais à la 62e place mondiale dans sa catégorie, 50m nage libre. Quant à Mamadou Soumaré (100m nage libre), il a aussi amélioré ses performances en passant de 58.21 à 57.32.
Le judoka Oumar Koné (-100 Kg) a aussi surpris plus d’un en résistant longtemps à son premier adversaire qui est un ex-champion du monde. Il a perdu par cumul de pénalité. Pour de nombreux observateurs, cet ancien pratiquant du taekwondo peut faire mieux dans des conditions idoines de préparation. «Nous avions dit aussi à nos représentants que, à défaut de médailles olympiques, qu’ils aient un comportement exemplaire pour rehausser l’image du pays. Et sur ce plan aussi, nous n’avons rien à leur reprocher», souligne Habib Sissoko, président du CNOSM.
Une présence bénéfique à l’image du Mali
«Je pense que, dans le contexte politique actuel dans votre pays, la présence du Mali à cet événement sportif le plus prestigieux du monde a été une très bonne chose», pense un membre de la famille olympique africaine. Et à notre humble avis, notre présence a rehaussé l’image positive de notre pays aux yeux de la communauté internationale.
Elle était d’autant nécessaire qu’ils étaient nombreux ceux qui pensaient que le Mali ne pouvaient lever une délégation pour ces jeux. Ils ont donc été surpris non seulement de sa présence, mais aussi et surtout par le niveau de représentativité. De façon générale, la présence malienne a été accueillie ici avec un certain soulagement, notamment dans le camp africain. «La présence malienne fait honneur à l’Afrique et à l’Olympisme. Ce pays, une fois de plus, démontre son attachement aux valeurs sportives et olympiques», souligne un consultant de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA).
C’est quand un pays traverse des crises comme celle que nous vivons ici depuis des mois qu’il doit redoubler d’ardeur pour soigner son image aux yeux de l’opinion internationale. Et les Jeux olympiques étaient une opportunité de donner une autre image du Mali. Notre absence aurait suscité beaucoup de questions et accentuer notre isolement sur la scène internationale.
Nous pensons, comme d’ailleurs beaucoup de spécialistes en communication, qu’il n’aurait pas été judicieux de s’isoler volontairement sur la scène sportive planétaire au moment où il est nécessaire de se donner la main pour rompre l’isolement politique et diplomatique imposé à notre pays depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012.
Il s’agissait aussi de consolider l’image de «nation de sport» que nous venons d’acquérir au prix de sacrifices financiers énormes à travers l’organisation de compétions comme l’Afrobasket féminin de 2011, l’Assemblée générale des secrétaires généraux de l’ACNOA, l’organisation de la sixième édition de la Convention internationale du sport en Afrique (CISA) en mars dernier… Et aussi par notre constante présence à presque tous les grands événements sportifs à travers le l’Afrique et le monde.
Des contacts utiles pour le développement du sport au Mali
Certains ont critiqué la composition de la délégation par rapport au nombre d’athlètes. Mais, ils ignorent sans doute que cela est identique à toutes les délégations. Parmi ceux qu’ils appellent dirigeants, il y a les encadrements techniques aussi ! Et l’Olympisme ne se limitent pas seulement aux compétitions sur le terrain, il y a aussi des rencontres…
En effet, beaucoup d’autres activités se déroulent en marge des compétitions et constituent des opportunités de plaidoyer et de lobbying pour des Etats comme le nôtre. Elles sont donc nombreuses les occasions à saisir en marge des jeux parce que les fédérations internationales y multiplient les cadres d’échanges.
C’est donc un moment privilégié pour nouer des relations partenariales dans presque tous les domaines. Le Mali, aussi bien le Comité olympique que le Ministère des Sports, a été très présent, très actif au niveau des fédérations sportives internationales, du Comité International Olympique (CIO), de la Solidarité olympique, de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA)…
«Nous avons pris beaucoup de contacts et nous pensons que si les promesses se réalisent, cela ne pourra qu’avoir un impact positif sur le développement du sport au Mali. Toutes ses instances se sont félicitées des efforts consentis par le Mali pour être au rendez-vous de Londres. En retour, leurs responsables se sont engagés à user de toute leur influence pour que le Mali retrouve rapidement la paix et la quiétude, bref un climat propice au développement du sport», souligne le président Habib Sissoko dans une interview accordée à notre rédaction à la fin des J.O 2012.
Aujourd’hui, il serait judicieux de tirer tous les enseignements de cette participation afin de capitaliser cette nouvelle expérience avec l’ambition de faire mieux que dans les années précédentes. Heureusement, que le ministère de la Tutelle et le CNOSM en sont conscients.
C’est ainsi qu’il est attendu, dans les jours à venir, un atelier avec l’ensemble des acteurs impliqués dans le développement du sport au Mali, notamment avec les Directions techniques nationales (DTN). Les participants à cette rencontre auront comme objectifs de tirer les leçons et d’élaborer des stratégies permettant à notre pays d’améliorer, qualitativement et quantitativement, sa participation aux jeux de la prochaine olympiade prévue en 2016 à Rio de Janeiro, au Brésil.
L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de baliser le chemin permettant au Mali d’entrer dans le cercle des pays qui ont au moins une médaille olympique à leur palmarès. C’est un défi à notre portée compte tenu de nos atouts et des immenses talents dont nous disposons aujourd’hui dans de nombreuses disciplines. Il faut maintenant se donner les moyens de les capitaliser en meilleures performances !
Moussa Bolly
C.C/Ministère des Sports