IBRAHIMA DIALLO, ENTRAÎNEUR DE L'EQUIPE NATIONALE CADETTE: Je crois en mes jeunes et ils relèveront le défi ici même à Bamako""

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Dans douze jours, l’équipe nationale cadette du Mali recevra le Malawi pour son premier match officiel, comptant pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique de Nations de cette catégorie qui aura lieu au Gabon en 2008. Pour nous enquérir de l’état de préparation des poulains de l’entraîneur Ibrahima Diallo, nous sommes entretenus avec lui, hier mercredi 6 septembre. Interview
Depuis quelques mois, vous avez pris l’équipe nationale cadette en mains pour préparer les éliminatoires de la prochaine CAN. Dans quel contexte avez-vous travaillé quand on sait qu’il n’y a pas de championnat de cette catégorie au Mali ?
 
La préparation que nous avons commencée le 4 mai continue dans de très bonnes conditions. Nous avons débuté avec un effectif de trois cent jeunes. Il faut que les gens sachent que dans cette catégorie, excepté le tournoi au niveau du District, il n’y a pas de championnat.
Il faut donc un travail préliminaire de détection pour former un noyau avec lequel on peut s’engager dans une compétition internationale.
La difficulté que j’ai rencontrée dans ce travail découle du différend entre la Fédération de football et le département. Ce qui nous a mis en retard, car nous devions débuter la prospection en novembre 2005. Il fallait voir les jeunes au niveau des clubs et des centres.
J’ai sillonné presque toutes les communes pour m’enquérir de toutes le potentialités que je pouvais avoir. Malheureusement, je n’ai pas pu terminer ce travail. Ce qui m’a poussé à contacter mes collègues entraîneurs pour qu’ils nous épaulent.
Le nombre de jeunes a été ainsi ramené à soixante dix. J’ai envoyé cette liste au Bureau Fédéral pour vérification des dates de naissance. A ce niveau, il a été constaté que certains avaient un âge qui dépassait la limite. Ceux-là ont été écartés.
L’équipe que j’encadre actuellement est celle qui répond aux exigences de la CAF et à notre objectif. Tout ce travail nous a pris à peu près deux mois et demi. C’était ensuite la phase de mettre en place un schéma tactique dans lequel les jeunes évolueront
 
Ce travail fini, vous avez entamé les choses sérieuses…
 
Oui. Un mois après, nous avons livré notre premier match contre la Côte d’Ivoire que nous avons gagné. Malgré cette victoire, je n’étais pas convaincu de l’état de préparation physique et tactique de mes joueurs, car nous n’avions qu’une semaine de préparation dans les jambes. Il fallait leur montrer comment se positionner sur le terrain.
Néanmoins, nous avons continué la préparation en livrant trois autres matches, au Maroc contre le Widad Athlétic Club et contre l’équipe nationale du Maroc de notre catégorie. Le dernier match que nous avons disputé s’est déroulé à Bamako, le dimanche dernier. Nous avons remporté tous ces matches.
Dans notre préparation, je ne cesserai de le dire, tout n’est pas parfait. Il faut que les jeunes se regroupent pour rester concentrés et pour assimiler toutes les consignes que nous leur donnons.
C’est un travail intensif qui demande des moyens de récupération. Nous sommes en train de voir dans quelle mesure garder les jeunes à l’internat avant le jour J.
Contre le Maroc, nous avons bénéficié de deux jours de regroupement et cela a porté fruit.
Avant notre match contre le Malawi, nous avons en vue de livrer un match amical contre les juniors burkinabés, le dimanche prochain. Même si ce n’est pas notre catégorie, nous préférons les affronter pour faire les derniers réglages sérieux au sein de notre formation.
 
Quand vous parlez de moyens, qu’est-ce que vous demandez concrètement ?
 
Quand j’évoque les moyens, je veux faire allusion à la préparation de nos jeunes. En général, en Afrique, nous ne commençons pas à suivre cette catégorie très tôt. Par contre, on demande aux entraîneurs de faire de bons résultats. Les jeunes que j’ai sous la main, c’est un constat personnel, ne sont pas bien préparés dans les clubs. Cela rend notre tâche difficile. A l’équipe nationale, on ne vient pas pour acquérir une condition physique ni pour apprendre la technique. Quand une équipe évolue sur le terrain et qu’elle ne parvienne pas à aligner cinq passes successives, il y a problème. Généralement, le public s’en prend à l’entraîneur. Ces lacunes doivent être effacées au niveau du club. Aussi, faudrait-il que les entraîneurs des clubs aient du matériel adéquat pour cela.
Si les joueurs ne viennent pas avec les qualités requises, nous sommes obligés, nous à l’équipe nationale, de reprendre le système à zéro. C’est à cela que nous nous sommes attelés au début de notre préparation. La solution est qu’il faut voir au niveau des clubs comment l’on entraîne ces jeunes. Il faut mettre des gens compétents qui soient capables de savoir quel type d’entraînement est compatible à la musculature d’un cadet. J’ai eu la chance de faire des stages en Allemagne et je crois qu’il faut des professionnels pour accomplir un travail.
 
La Fédération malienne de football doit alors songer à organiser un championnat de cette catégorie…
 
C’est vrai. Au niveau du Bureau Fédéral, on cherche les voies et moyens pour organiser des compétitions de jeunes de cette catégorie. Mais, comme vous pouvez l’imaginer, la question qui revient toujours est celle des moyens. Je crois que le Bureau Fédéral et le département des sports doivent chercher les sponsors pour organiser un championnat des cadets.
On peut, par exemple, intéresser les sociétés d’Etat dans ce sens. Il y a quelques années, la CMDT avait donné l’exemple en parrainant le championnat national des cadets. Nous avions la chance de voir tous les jeunes du Mali jouer et c’était non seulement plaisant, mais aussi une occasion de détecter les talents.
Même si le championnat national n’existe plus, il faut qu’on organise des tournois au niveau des régions. Nous qui sommes entraîneurs pouvons nous déplacer pour aller assister aux rencontres.
J’affirme que cela me met mal à l’aise de voir que l’ossature de l’équipe nationale ne soit constituée que des joueurs de Bamako. Alors que tout ce qui vient de Bamako n’est pas forcément bon. On peut trouver l’oiseau rare dans les régions. A condition qu’il y ait une ouverture et que l’on pense plus national. J’espère que dans l’avenir, on se donnera les moyens pour atteindre cet objectif. Ce sera d’autant plus une bonne chose pour les entraîneurs, car ils n’auront plus à regrouper trois cent jeunes pour en sortir une équipe nationale.
Les sélections au Mali ne se font qu’au niveau de Bamako alors qu’il y a aussi de très bons joueurs dans les régions. Si l’on se souvient, les tout premiers bons joueurs de l’équipe nationale n’étaient pas tous de la capitale.
 
Vous évoquiez tantôt une mauvaise préparation des jeunes au niveau de leurs clubs. Comment vous vous y prenez pour les mettre en bonne condition physique avant les différents matches ?
 
J’ai soulevé ce problème parce que j’ai constaté que même si les joueurs ont une bonne base technique, le physique leur manque cruellement. Vous avez certainement joué au football et vous savez aussi bien que moi que la technique a ses limites dans un match. Si les muscles ne sont pas au top, on ne peut pas faire un bon contrôle ou un bon tir. D’un autre côté, quand le physique est là, la technique et la compréhension d’un schéma tactique font défaut. Alors que toutes ces choses sont complémentaires.
Puisque je suis pris par le temps, je leur fais faire un travail à la fois physique et technique approprié. Il est basé sur un contact permanant avec le ballon, ce qui assouvit la technique des jeunes. La conduite de balle, quant à elle, prépare leur condition physique. C’est cela mon arme essentielle.
C’est aussi cela qui me permet d’obtenir les résultats que nous avons enregistrés ces derniers temps. Avant le premier match, Incha’Allah, nous seront prêts pour relever le défi.
 
Vous devez recevoir le Malawi dans quelques jours. Dans quel état d’esprit les jeunes préparent ce véritable premier test international ?
 
Nous nous préparons sérieusement. Je souhaite que nous rentrions cette semaine à l’internat pour une mise au vert. Cette dernière phase de préparation sera surtout mentale et aussi normale, c’est-à-dire un peu de physique et de tactique. A l’internat, j’aurai mes éléments sous la main et j’essaierai de renforcer l’homogénéité qui existe déjà au sein du groupe. Là-bas, on pourra leur inculquer certaines notions de base tel le comportement d’un joueur au sein de l’équipe nationale lors d’un match international.
C’est pourquoi l’on dit toujours qu’il faut un long moment pour former les plus jeunes. Nous mettrons tout en œuvre pour que nous atteignions un bon résultat le jour du match contre le Malawi.
 
Avez-vous une connaissance du football malawite?
 
Malheureusement, non. Je n’ai d’ailleurs aucune connaissance du football de ce pays. Nous essaierons de chercher dans la presse ou de chercher des cassettes pour visionner le jeu.
 Ce sont toujours des problèmes auxquels nous entraîneurs sommes confrontés. Les deux équipes de notre poule ont joué les tours préliminaires. Nous aurions pu avoir une cassette d’un de leurs matches.
Nous sommes obligés, le jour du match, de respecter un round d’observation et prendre nos marques. Nous déjouerons ensuite leur système pour marquer et gagner. Nous en avons fait autant contre le Maroc et cela a réussi. Nous avons l’avantage de jouer à domicile et nous profiterons de cela.
 
Etes-vous optimiste pour une victoire malienne à domicile ?
 
Je crois au groupe que j’entraîne actuellement et je crois en leur potentialité. Que cela soit aux entraînements ou sur le lieu de regroupement pour nos matches, j’ai constaté que c’est un groupe solide et soudé.
Ce sont des jeunes qui veulent réellement défendre les couleurs de ce pays de la plus belle des manières. Ces jeunes vont relever le défi et prendre une option sérieuse pour la qualification dès ici à Bamako.
 
Votre appréciation du match nul contre la Sierra Leone le week-end dernier…
 
Nous n’avons pas eu la baraka. Nous nous sommes créé plusieurs occasions et nous n’avons pas eu la chance de les concrétiser. Il faut compter avec cela au football. Je pense qu’on corrigera ces lacunes avant le prochain match. Je suis confiant de ce que l’encadrement technique entreprend à l’équipe nationale senior.  

Interview réalisée par Paul MBEN      

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