Le public sportif a appris le décès de Salif Keïta dit Domingo.
Né le 06 décembre 1946 à Bamako, il se révèle dans les compétitions de pionniers, avant de signer à L’AS Réal au début des années 60. Techniquement doué, il ne tarde pas à s’imposer dans le onze des scorpions.
En 1963, à dix-sept (17) ans, il participe à sa première compétition internationale en Indonésie: Le GANEFO ou Jeux des nouvelles forces émergentes. La même année, il est finaliste de la coupe Nkrumah à Accra, où il s’incline devant le Ghana de Baba Yara.
Deux ans plus tard, il est sélectionné pour les Jeux africains de Brazzaville et revient avec la médaille de Bronze.
Toujours en 1965, il participe à la coupe d’Afrique des clubs champions avec le Stade Malien et perd sa 3ème finale en 2 ans, face à l’Oryx de Douala. Durant ce parcours, le public du Stade Houphouët Boigny gardera longtemps en mémoire sa prestation contre l’ASEC à Abidjan. Le lendemain la presse ivoirienne séduite par Domingo, lui attribue les 6 buts de son équipe (victoire 6-4).
En 1966, il est d’attaque en clubs champions, cette fois ci avec son club de cœur l’AS Réal. Il atteint encore une fois la finale et perd la finale retour 1-4 à Abidjan, après avoir gagné 3-1 à Bamako. Pris en grippe par les fans à son retour, il quitte discrètement le Mali pour le Liberia, d’où il embarque pour la France, grâce au commerçant libanais Daguer qui le propose à Pierre Garonnaire (recruteur de Saint Etienne).
A son arrivée à Paris, ne voyant aucun dirigeant stéphanois, il prend un taxi à 1 000 FF pour le Forez. Dès son premier entrainement, le coach Albert Batteux est convaincu. Il passe cinq années chez les “Verts” avec plusieurs titres de champion, plusieurs coupes de France et un titre de soulier d’argent du championnat (42 buts contre 44 à Skhoblar).
Durant son séjour dans le Forez, il s’inscrit en capacité de Droit, afin de défendre plus tard ses intérêts.
En 1972, il exprime le désir de quitter Saint Etienne pour Marseille. Roger Rocher s’y oppose, brandissant un contrat, qui oblige Salif à rester une année de plus. Un bras de fer s’engage entre les deux (02) hommes et la fédération tranche finalement en suspendant Keïta pour quelques mois.
Pour sa rentrée des classes, Marseille accueille Saint Etienne au Vélodrome, le 19 novembre 1972. Au final, Domingo marque deux (02) buts et l’OM gagne 3-1. À la fin du match, il effectue un tour d’honneur sous les vivas du public, arrive au niveau du banc stéphanois, à un geste d’humeur en direction de Mr Rocher. Ce qui lui vaut une suspension.
Au cours de la même saison, il n’est pas au bout de ses peines, car les dirigeants vont lui demander de prendre la nationalité française, pour lui permettre d’évoluer avec Magnusson et Skhoblar à u e époque, où le règlement permettait d’aligner deux étrangers. Il refuse et dira plus tard qu’il fallait qu’il donne un exemple à la jeunesse africaine.
Au terme de la saison, il quitte les bords de la Cannebière pour Valence en Espagne, où il passe 3 saisons, avant de déposer son baluchon au Portugal (au Sporting de Lisbonne).
En 1979, il traverse l’Atlantique pour s’établir aux USA, plus précisément au Celtic de Boston. Après une année de compétition, il raccroche les crampons pour se concentrer sur ses études.
En fin d’année, il met fin à sa carrière à travers un jubilé itinérant à Bamako, Conakry et Abidjan.
Avec les Aigles, il est présent à la CAN 1972 où les blessures l’empêchent de donner la pleine mesure de son talent. Après une blessure contre le Togo, suite à un tacle de “Ressort”, il revient en finale et ne joue que les 20 premières minutes, où ses chevilles ne tiennent pas.
L’année suivante, il est auteur des 2 buts du Mali contre la Guinée à Bamako (2-2). Il jouera son dernier match à Bouaké contre la Côte d’Ivoire le 31 Juillet 1977 (défaite 0-2).
À son retour au pays, il quitte rapidement le poste de DTN qu’il occupe, suite à des divergences de vues avec la famille du football.
Après avoir travaillé à la BMCD pendant une année, il s’attèle à mettre en place un complexe hôtelier et un centre de formation, qui révèlera de nombreux champions dont les plus illustres sont Seydou Keita Mahamadou Diarra.
À titre personnel, il est élu premier ballon d’or africain en 1970.
À noter qu’il a été ministre chargé de mission en 1991 et président de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) de 2005 à 2009.
Il est le 14ème joueur de Yaoundé 72 à nous quitter après: Bassirou Diamounténé, Ousmane Traoré Ousmanebleni, Moussa Diakité dit UTA, Bassidiki Touré dit Bakoroba, Moussa Traoré dit UTA, Mamadou Keïta dit Capi, Moctar Maïga dit Charly, Sekou Sangaré, Idrissa Coulibaly dit entraîneur, Cheickna Traore dit Kolo, Idrissa Kanté dit Gorki, Issa Yattasaye et Sadia Cissé.
Un stade porte son nom à Cergy Pontoise, tout comme un complexe sportif privé à Sikasso. Une statue le symbolisant a été dressée par les anciens sportifs de l’AS Réal, dans l’enceinte du club.
Dors en paix Domingo !
À Dieu nous appartenons et à lui nous retournons.
Mohamed SOUMARÉ, Consultant sportif
Mahamadou Diarra Djilla «Une légende s’en est allé, le grand Salif Keïta. Tu as été et resteras pour toujours le numéro 1»
Merci infiniment pour ta contribution au football mondial et africain, particulièrement malien avec la formation de jeunes talents dans ton illustre centre, le CSK.
Tu as été une grande source d’inspiration pour moi et beaucoup d’autres. Homme exceptionnel sur le terrain mais aussi en dehors, tu m’as transmis tant de valeurs.
Toutes mes condoléances à la famille et aux proches. Qu’Allah te fasse miséricorde.
Repose en paix, légende.
Adios, Domingo
Mahamadou DIARRA Djilla Tweet
DÉCÈS DE SALIF KÉÏTA
Les Français n’ont jamais pardonné à Salif sa décision patriotique et courageuse. Hélas, les temps ont changé, mais dans le mauvais sens: ces dernières années, certains compatriotes, y compris mais pas seulement des sportifs, sont capables de “vendre” leur pays comme prix à payer pour acquérir une autre nationalité. Il est vrai aussi qu’entre-temps, la législation malienne a été modifiée pour autoriser la double nationalité.
Salif fut un patriote exemplaire et un démocrate inébranlable.
Dors en paix, Salif !
Dr Soumana SAKO, Ancien Premier ministre
HOMMAGE DE MAGASSOUBA À DOMINGO
Salif Kéita, l’étalon de mesure de la valeur footballistique pure africaine
Une ETOILE s’efface,
Un BAOBAB tombe,
Une LÉGENDE se couche,
Un ESPOIR s’éteint,
Une RIVIÈRE tarit
Une ÂME s’effondre,
Une VIE s’arrête
Une HISTOIRE s’achève.
Les hommes naissent libres,
Mais jamais égaux.
Dans un milieu donné,
Dans un domaine donné,
A un moment donné,
Naît un homme qui ne ressemble à personne,
Qui n’a pas son égal,
Aussi personne ne lui ressemble.
Tel un don de Dieu,
Sans ce domaine précis,
Il inspire la divinité sans égal.
SALIF KEITA, à l’instar des tous les hommes, est né libre.
Mais dans son domaine,
SALIF KEITA a vécu sans égal.
De lui est née toute une histoire,
L’histoire du BALLON D’OR AFRICAIN.
SALIF KEITA est et demeurera l’étalon de mesure de la valeur footballistique pure africaine, L’exemple, le symbole, la légende, le ROI.
Le ROI est mort,
Vive le ROI.
Que son âme repose en paix.
CONDOLÉANCES TRÈS ÉMUES
Mohamed MAGASSOUBA, Expert CAF/FIFA
Patrick Revelli: «Si Salif Keïta jouait aujourd’hui, il serait au même niveau que Messi et Mbappé»
Salif Keïta, disparu samedi, a marqué l’histoire du Championnat de France mais surtout Saint-Etienne, son club phare. Ses anciens coéquipiers témoignent tous d’un talent rare, digne des plus grands de son sport.
Patrick Revelli: «Le jour où le club rend un dernier hommage à Beret (Georges Bereta, avant le coup d’envoi de Saint-Étienne – Valenciennes, ce samedi soir, 0-0), Salif a décidé de partir à son tour. C’est dire si cette journée est difficile pour nous tous. Une image suffit à résumer le joueur qu’était Salif: centre de Bereta à Bordeaux, contrôle orienté de Salif dans les six mètres, talonnade et but. Salif, c’était un mélange de classe et de talent. Il avait tout et besoin de personne pour partir du milieu de terrain et aller marquer. S’il jouait aujourd’hui, Salif serait au même niveau, voire supérieur, à Messi, Neymar et Mbappé. Parce que c’était vraiment un joueur exceptionnel, avec lequel j’ai eu l’honneur de jouer. Il m’a également mis le pied à l’étrier, lorsque l’AS Saint-Etienne lui cherchait un complément en attaque, pour la saison 1971-1972, sa dernière chez les Verts. Salif a demandé à Monsieur Batteux (alors entraîneur): “Pourquoi vous ne pensez jamais à Patrick Revelli ?” Et c’est parti comme ça, grâce à lui».
Source: L’équipe
Adieu Salif…
J’étais, il y a quelques instants encore, assis à la terrasse d’un café-restaurant en train d’achever mon repas. Comme je le fais parfois je me mis à regarder mon portable. Un message annonçait la mort de Salif Keïta “Domingo”. Mais non, ce n’était pas possible. Avant-hier encore j’avais décidé de lui envoyer un message pour prendre de ses nouvelles. Cinq minutes plus tard coup de téléphone de mon ami Hamidou depuis Bamako. C’est vrai ce que je viens d’apprendre l’interrogeais-je ? Oui me dit-il. C’est pour cela que je t’appelle, mais tu es déjà au courant.
Je ne vous cache pas que de fines larmes ont commencé à poindre sur mon visage.
Salif faisait partie de ma vie de journaliste. Il m’avait choisi pour rédiger ses mémoires. Ce fut une belle aventure, pas facile, parce que Salif n’aimait pas parler de lui. Oui, il était timide, cela ne facilitait pas les confidences même à celui qu’il avait choisi pour parler en son nom.
Aujourd’hui, je pense à tous les jeunes footballeurs maliens qui ont perdu un peu de la lumière qui peut éclairer une carrière. Je pense à sa femme, à ses filles et à Fanta, hélas disparue prématurément.
Aux dirigeants maliens, je ne leur dit qu’une seule chose; décrétez des obsèques nationales pour un homme qui, sur tous les terrains où il a évolué, en Afrique, en France, en Espagne, au Portugal et aux Etats-Unis, a fait briller les couleurs du drapeau malien.
De tout cœur avec la grande famille du football malien.
Gerard Dreyfus