Aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs jeunes dirigeants sportifs du Mali, Harouna B. Maïga, Président de la Fédération malienne de basketball, nous a accordé une interview exclusive dans laquelle il est question de l’état actuel du basketball malien, le bilan de la saison écoulée, les perspectives pour la discipline et les accusations portées à sa fédération par rapport au détournement des parcelles que le gouvernement du Mali a offertes aux championnes d’Afrique U16 en 2013.
Aujourd’hui-Mali: Comment jugez-vous l’état actuel du basketball malien?
Harouna B. Maïga: Je dirais que le basketball malien se porte assez bien. C’est vrai qu’après notre arrivée à la tête de la Fédération malienne de basketball, nous nous étions fixés des objectifs que nous sommes en train d’atteindre. Cependant, nous pouvons mieux faire parce qu’il y a pas mal de choses qui peuvent être améliorées avec la conjugaison des efforts de tout un chacun.
Déjà, le Mali fait partie des meilleurs pays du basketball au plan mondial et figure dans le peloton de tête en Afrique. Donc, je suis persuadé qu’en continuant sur ce chemin, dans les années à venir, nous pourrons nous attendre à un trophée majeur au niveau sénior, mais seulement en continuant à travailler dans la quiétude.
Pouvez-vous nous faire le bilan de la saison écoulée et les perspectives pour la nouvelle saison?
Je dirais que nous avons eu une saison très laborieuse sur la durée par qu’elle a été très longue. Il y a eu un moment où nous avions arrêté les compétitions à cause de la pandémie de Covid-19. Cette période difficile a duré à peu près 3 mois sans compétition.
Nous avons profité de ces 3 mois d’arrêt des activités pour multiplier les formations des acteurs du basketball en ligne. Au cours de ces formations, nous avons renforcé les capacités des arbitres, coaches et administrateurs, mais également des photographes.
Hormis tout cela, au niveau des séniors, nous avons pu organiser toutes nos activités dont le championnat de première division (DI), celui de la deuxième division (D2) et enfin la Coupe du Mali, tout en respectant scrupuleusement les mesures barrières édictées par les Autorités
Pour ce qui est des petites catégories, nous avons tenu les championnats juniors et cadets dont les finales vont être jouées au mois de février prochain. En plus de cela, nous avons essayé aussi de vulgariser le basketball 3 fois 3.
Sur le plan international, le Mali a participé à trois (3) compétitions internationales sur cinq (5) prévues. Parmi ces trois (3) compétitions, deux (‘2) qui étaient mondiales ont été ajournées à cause de la Covid-19, notamment le championnat mondial U17 en Filles et Garçons.
Sur le plan continental, le Mali a d’abord participé à l’Afrobasket des qualifications seniors à Kidal où l’équipe est bien partie pour se qualifier à l’Afrobasket Sénior, Kigali 2021. Sur les quatre équipes présentes à ce tournoi, le Mali occupe la troisième place. Pour ce qui est des juniors, le Mali a participé l’Afrobasket U18, Égypte 2020 où nous nous étions fixé deux objectifs principaux pour les équipes, notamment celles des garçons et des filles.
D’abord, c’est de se qualifier pour la Coupe du monde et de conserver les titres de champions. Pour l’équipe nationale féminine, l’objectif a été atteint à 50% parce que l’équipe s’est qualifiée pour la Coupe du monde, mais elle a été battue en finale par l’Égypte.
Par rapport aux garçons, ils ont pu atteindre les deux objectifs. D’abord, ils ont obtenu leur ticket pour la Coupe du monde, mais également conserver leur titre. Il est important de dire que ce genre d’exploit est vraiment rare quand vous regardez l’historique du basketball masculin junior au niveau continental. Seule l’Égypte a effectué ce genre d’exploit, celui de conserver son titre, acquis de haute lutte. Ce n’était pas facile, mais nous avons pu le faire. C’est Donc, le lieu pour moi de féliciter les jeunes et les membres de leur encadrement.
Les équipes de l’AS Police (messieurs et dames) ont effectué un beau parcours en remportant les quatre (4) trophées de la saison. Quelle appréciation faites-vous de cette ascension des policiers au sommet basketball malien?
D’abord, je les félicite pour leur performance, c’est vrai que ce n’était pas facile quand vous regardez le déroulement des finales, que cela soit du championnat ou la Coupe du Mali. Ils ont gagné vers la fin de chaque finale. Franchement, ils sont à féliciter parce que les dirigeants du club ont beaucoup investi ces dernières années dans l’équipe. Je dirais que c’est encourageant pour eux parce que quand tu investis et qu’il y a des résultats qui suivent, c’est vraiment encourageant.
L’équipe masculine de l’AS Police était déjà en lice parce que cette équipe fait partie des douze (12) meilleurs clubs d’Afrique. Donc, je dirais que cela allait être surprenant de ne pas les voir sur la plus haute marche du podium du championnat national. C’était chez les dames (AS Police) que la performance est venue parce qu’elles ont eu un début difficile du championnat, mais vers la fin le Président du club a pu faire des recrutements pour renforcer l’équipe. Et au finish, elles ont remporté le titre. Je leur dirais tout simplement félicitation et bonne chance pour les sorties africaines parce que les deux formations vont représenter le Mali au niveau de la compétition des clubs champions en 2021.
Que comptez-vous faire pour consolider les acquis et rehausser davantage l’image du basketball malien?
D’abord, nous avons entamé dès l’année dernière la multiplication des compétitions nationales et la formation à la base. Maintenant, nous sommes en train d’aller vers les acteurs à l’intérieur du pays pour nous enquérir de leur difficulté parce que les difficultés diffèrent d’une région à une autre. Vous voyez, si nous prenons une solution globale pour essayer de l’appliquer à tout le monde, nous passons forcément à côté. Donc, il faut que nous nous approchions des acteurs pour connaître leur problème réel afin de les accompagner. La semaine dernière, quand nous étions à Mopti, nous nous sommes rendu compte qu’ils ont beaucoup plus besoin de formation des formateurs à la base, lorsque nous étions en train de préparer la formation pour l’élite. En plus de cela, nous continuerons à nous baser sur la pépinière afin d’avoir plus de jeunes pratiquants. Ces jeunes pratiquants doivent monter ensemble pour que, dans les années à venir, nous puissions avoir une équipe solide. Vous avez remarqué, c’est lors de la dernière saison que nous avons instauré dans le championnat le carré d’as, c’était pour relever davantage le niveau à notre basketball.
Selon certaines informations, la Fédération malienne de basketball aurait détourné les parcelles que le gouvernement du Mali a offertes aux championnes d’Afrique U16 en 2013. Que répondez-vous à ces allégations?
J’étais vraiment étonné d’entendre ces informations. A ce que je sache, ces parcelles étaient une promesse de l’ancien Président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéita, à l’équipe championne de l’époque, plus précisément en 2013. La Fédération malienne de basketball n’a rien à voir avec cette affaire. C’est à dire que ces parcelles qui devaient être allouées aux jeunes championnes et les dossiers suivaient les cours. À l’époque, je sais que les dossiers étaient entre le ministère de la Jeunesse et des Sports, celui du Domaine et des Affaires Foncières et la Présidence de la République. Donc, cela m’étonnerait qu’il puisse y avoir un problème jusqu’à ce que les enfants ne puissent pas avoir leur parcelle.
À mon avis, cela doit être lié à un problème de lenteur administrative, sinon je sais qu’elles n’ont rien à craindre, elles auront leur parcelle. Je suis également persuadé qu’ils vont éclaircir cela au niveau des Domaines. Il est important de rappeler que tout ce qui est intéressement des jeunes champions et championnes, c’est le ministère de la Jeunesse et des Sports qui le gère, peut-être avec le ministère de l’Économie et des Finances. La Fédération malienne de basketball n’a rien à voir avec cette affaire de détournement de parcelles et surtout que cela date de 2013.
Par contre, je voudrais souligner que des efforts doivent encore être fournis en matière de délai de paiement des primes promises ; C’est vraiment démotivant de prendre trop de retard dans le payement de primes des jeunes joueurs. Présentement, nous sommes confrontés à un problème de ce genre. Plus de six de nos équipes dont les vice-champions du monde qui sont allés en finale d’une Coupe du monde, chose qui ne s’est jamais réalisée en Afrique, une première fois dans l’histoire qu’une équipe africaine atteint la finale de la Coupe du monde de basketball. À présent, ces enfants n’ont pas encore reçu leurs primes. Cela peut représenter un grand facteur de démotivation. Quand nous essayons d’appeler ces jeunes pour d’autres compétitions, nous remarquons qu’ils ne sont pas très chauds à venir.
Tout en reconnaissant les efforts fournis par les Autorités, nous en appelons à une plus grande réactivité en matière de paiement des primes.
D’ailleurs, je voudrais vous assurer que le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Mossa Ag Attaher, que je salue, tout comme ses prédécesseurs, s’est résolument engagé à régler ces problèmes en faisant bouger les lignes. Je puis vous assurer qu’il a pris le dossier en charge et est en train de s’activer pour mettre les enfants dans leurs droits.
Si vous avez un message à lancer au monde du basketball. Lequel serait-il?
Le message que je voudrais lancer au monde de basketball est celui de de lui faire savoir que nous traversons un moment difficile, dans tous les secteurs, notamment avec la pandémie de la covid 19, et qu’il est donc important que les uns et les autres se donnent la main pour qu’ensemble nous puissions respecter et faire respecter les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires du pays.
Et c’est dans cela que nous pouvons mener convenablement nos compétitions.
Réalisé par Mahamadou TRAORE