Habib Sissoko, président du CNOSM : «Soigner l’image du pays en participant à un événement aussi prestigieux que les J.O, n’a pas de prix»

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A quelques heures de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques, «Londres 2012» (27 juillet-12 août 2012), le président du Comité national olympique et sportif du Mali (CNOSM), M. Habib Sissoko, nous a confié ses sentiments. Il parle du bon comportement des athlètes et se projette déjà dans l’avenir avec les enseignements à tirer de la participation du Mali à ces jeux de la 30e olympiade. Interview !

 A quelques heures de la fin des Jeux de «Londres 2012», que retenez-vous de la participation malienne ?

Habib Sissoko : Je pense que, dans le contexte politique actuel dans notre pays, la présence du Mali à cet événement sportif le plus prestigieux du monde a été une très bonne chose. Elle a reflété une image positive de notre pays aux yeux de la communauté internationale. Ils sont nombreux ceux qui pensaient que le Mali ne pouvait pas envoyer une délégation à ces jeux. Ils ont donc été surpris non seulement de notre présence ici, mais aussi du niveau de représentativité. Même si la délégation était moins importante qu’à «Athènes 2004» (Grèce, avec les Espoirs de football) et à «Beijing 2008» (Chine, avec l’Equipe nationale de basket féminin), nous avons été activement présents.

-Comment les sportifs maliens se sont-ils préparés pour les J.O de 2012 ?

H.S : Sur nos six représentants, quatre étaient dans des centres en Afrique ou aux Etats-Unis où ils se sont préparés pendant quatre ans grâce à des bourses olympiques négociés par le Comité National Olympique et Sportif du Mali (CNOSM). Et les deux nageurs, qui n’ont pas eu cette opportunité, ont aussi bénéficié d’une bonne préparation en Europe. Sans compter qu’ils ont beaucoup appris avec leur entraîneur anglais qui les a conduits aux Jeux.

Pour préparer notre participation, nous avons élaboré un budget qui, malgré la crise économique et politique que le Mali traverse depuis quelques mois, a été financé par le Gouvernement à travers le Ministère des Sports. C’est un immense sacrifice consenti par le Trésor public. Il faut donc se féliciter du fait que les autorités du pays aient compris que soigner l’image du pays, à travers une présence un événement aussi prestigieux que les J.O, n’a pas de prix.

Nos représentants aux différentes compétitions ont-ils comblé vos attentes ?

H.S : Nos athlètes ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Nous sommes venus à Londres conscients des limites de nos représentants à rivaliser avec les meilleurs du monde. Le plus important à nos yeux, c’était d’éviter le ridicule. Et franchement, je pense que chacun d’eux à donner le meilleur de lui-même, aussi bien sur la piste d’athlétisme, que dans les bassins ou sur le tatami. Il est évident que les différents programmes de préparation pour ces J.O ont porté leurs fruits parce que nos représentants se sont beaucoup améliorés par rapport à leurs performances précédentes.  Je ne m’attendais pas par exemple à ce que le judoka (Oumar Koné, -100 Kg) résiste aussi longtemps à son premier adversaire qui est un ex-champion du monde. Il a perdu par cumul de pénalité. Ce qui signifie qu’il peut mieux faire dans les années à venir s’ils bénéficient des mêmes conditions idoines de préparation. Nous avions dit aussi à nos représentants que, à défaut de médailles olympiques, qu’ils aient un comportement exemplaire pour rehausser l’image du pays. Et sur ce plan aussi, nous n’avons rien à leur reprocher.

Vous aviez sans doute misé sur Daba Modibo Kéita comme une chance de médaille pour le Mali ?

H.S : Naturellement ! Mais, dans ce genre de compétition, il faut toujours garder espoir car tout se joue souvent sur un détail. Il est vrai que depuis sa blessure aux Jeux de Beijing (Chine), il n’a pas été très fréquent dans les compétitions de haut niveau. Mais, un champion du monde, et de surcroit un double champion du monde, peut rebondir à tout moment. Il aurait donc pu briller à Londres comme au moment de sa dernière consécration mondiale à Copenhague (Danemark, 2009). Daba Modibo est un combattant qui a un mental très fort. Malheureusement, il a manqué de fraicheur physique pour se transcender et accéder à ce podium olympique tant attendu par le peuple malien. Mais, nous ne ménageons aucun sacrifice pour que ce rêve se réalise un jour, avec le taekwondo ou une autre discipline sportive.

En dehors des résultats sportifs, qu’est-ce que le Mali a tiré de ces jeux de la 30e olympiade ?

H.S : Beaucoup de choses ! Il y a beaucoup d’opportunités à saisir en marge des jeux parce que les fédérations internationales y multiplient les cadres d’échange. C’est donc un moment privilégié pour nouer des relations partenariales dans presque tous les domaines. Le Mali, aussi bien le Comité olympique que le Ministère des Sports, a été très présent, très actif au niveau des fédérations sportives internationales, du Comité International Olympique (CIO), de la Solidarité olympique, de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA)…

Nous avons pris beaucoup de contacts et nous pensons que si les promesses se réalisent, cela ne pourra qu’avoir un impact positif sur le développement du sport au Mali. Toutes ses instances se sont félicitées des efforts consentis par le Mali pour être au rendez-vous de Londres. En retour, leurs responsables se sont engagés à user de leur statut pour que le Mali retrouve rapidement la paix et la quiétude, bref un climat propice au développement du sport.

Comment comptez-vous tirer les enseignements de la participation malienne aux Jeux de «Londres 2012» ?

H.S : De retour à Bamako, nous comptons organiser un atelier avec l’ensemble des acteurs de notre préparation, notamment avec les Directions techniques nationales (DTN). Nous allons donc tirer les leçons et élaborer des stratégies nous permettant d’améliorer, qualitativement et quantitativement, notre participation aux jeux de la prochaine olympiade prévue en 2016 à Rio de Janeiro, au Brésil. Il s’agira donc d’une retraite en dehors de la capitale afin de mieux débattre de l’avenir de notre sport dans la plus grande sérénité.

-Quel message adressez-vous à la grande famille de l’Olympisme et du sport au Mali ?

H.S : J’exhorte les sportifs à restez debout. Aujourd’hui, dans le contexte actuel du pays, le sport est l’un des domaines à pouvoir encore refléter une image positive du Mali. Nous devons alors redoubler d’efforts pour que nos sportifs réalisent des exploits, accèdent à des podiums afin que l’hymne nationale du pays puisse résonner un peu partout dans le monde.

Ce n’est pas un défi impossible à relever dans l’unité et la cohésion. Pour réaliser une ambition, la volonté est le premier moyen à investir. Nous devons donc être davantage volontaires. Je ne saurai terminer sans remercier tous ceux qui, de près ou de loin, contribuent au renouveau du sport malien. Nous sommes aujourd’hui un pays de sport parce que le pays abrite de grandes rencontres et de grandes compétitions. Et la 3e place de notre Equipe nationale de football (senior) à la CAN «Gabon-Guinée Equatoriale 2012» l’atteste aussi.

C’est aussi le lieu de manifester notre profonde reconnaissance au Ministre des Sports qui a passé quelques jours avec nous à Londres. Il est à remercier pour son accompagnement, son indulgence et surtout sa très grande disponibilité. Pendant son séjour, il a été très présent à nos côtés partout, aussi bien au Village olympique que sur les lieux de compétition. Cela témoigne de toute l’importance que les autorités maliennes accordent à la promotion des valeurs olympiques et au développement du sport dans le pays.

Propos recueillis à Londres par

Moussa Bolly

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