Le football malien est malade depuis quatre ans. La crise a atteint son paroxysme. Aujourd’hui, n’est-il pas temps que les acteurs se ressaisissent pour un bel avenir de notre sport roi ? Cela ne saurait être une réalité que si les uns et les autres acceptent de se défaire des considérations stériles, en mettant l’intérêt national au-dessus de tout. C’est à ce seul prix que notre football sortira de l’ornière. Pour la circonstance, le Département des Sports ne doit-il pas avoir la bonne manière et la meilleure pédagogie pour concilier les deux parties qui se regardent en chiens de faïence ?
Cette crise a eu des ramifications multiples. Au risque de remuer le couteau dans la plaie, il n’est plus nécessaire de revenir sur sa genèse. L’intervention de la Fifa, matérialisée par la mise d’un Comité de normalisation, confirme l’échec à tous les niveaux. Cela ne devait pas arriver parce que le Mali est un pays où les principes de la tradition (basés sur le respect et l’obéissance des ainés) constituent une clef pour les différends. Le 26 octobre dernier, la Fifa a donné mandat au Conor de finaliser les travaux entamés, notamment l’adoption des nouveaux statuts qui devraient, selon la Fifa, servir de base à la tenue d’une Assemblée générale élective, prévue avant le 31 décembre 2018, à en croire la présidente du Conor, Mme Daou Fatoumata Guindo. C’est-à-dire que le nouveau bureau fédéral aura comme première tâche le lancement du championnat national.
En attendant, que veut-on aujourd’hui pour notre football ? Quel avenir pour notre football ? Seuls ses acteurs peuvent répondre à ces interrogations. Par leurs réponses, leurs comportements, ils démontreront à l’opinion nationale l’orientation qu’ils veulent donner à notre sport roi. Bref, ce qu’ils veulent qu’on dise de notre football. Pour cela, le peuple malien attendra calmement jusqu’à la fin des assises pour savoir le sort qu’ils lui ont réservé.
Autre question : est-ce que les deux protagonistes ( Mamoutou Touré dit Bavieux et Salah Baby) auront le courage de se donner la main ? Nous osons espérer qu’ils sauront y répondre de la meilleure manière.
La transition est tout trouvée pour affirmer que la clef de la réussite de notre football réside dans une réconciliation des différents acteurs. Parce que, quel que soit le camp qui aura gagné les élections, il ne pourra travailler dans la sérénité. Malheureusement, cette contestation au niveau du centre de pilotage de notre football continue de servir de jurisprudence pour toutes les couches du pays. Et nous risquons de nous retrouver toujours à la case de départ. Nous devons savoir que ni la Caf ni la Fifa ne pourront gérer la crise de notre football. Seuls les Maliens, entre eux, ont la solution. Il est évident qu’on ne saurait parler de football au Mali, sans se référer au Djoliba, au Stade malien de Bamako et à l’As Réal. Et alors qu’est ce qui empêche leurs dirigeants de se donner la main ?
Après quatre ans de crise, le constat est amer. Les positions sont toujours tranchées et la rupture est consommée dans tous les compartiments (dirigeants, presse, supporters). C’est pourquoi il est temps que le ministre des Sports, Me Jean Claude Sidibé, prenne ses responsabilités pour concilier les deux parties. Cela passe nécessairement par la mise en place d’un bureau fédéral consensuel, qui contraindra les uns et les autres à faire des concessions, uniquement pour l’intérêt du football malien. Pourquoi ne pas mettre en place une commission composée des sages des différents clubs ? Ladite commission aura la lourde responsabilité d’inviter les deux camps à une table de négociation, avec des propositions concrètes après avis du ministre des Sports. Cependant, faudrait-il clarifier d’emblée que ses propositions s’imposent aux parties pour l’intérêt supérieur du football malien qui a tant souffert, avec comme conséquences la perte de deux places pour les compétitions internationales, le délabrement des infrastructures, la prise en otage de l’avenir des jeunes. Dans ces conditions, nous assisterons impitoyablement à la mort de notre football parce que les clubs ne pourront jamais se faire une place sur l’échiquier continental. Dans une situation de crise, les bons rapports qui ont toujours caractérisé notre société s’effritent. En tout cas, le peuple malien attend du ministre des Sports, Jean Claude Sidibé, des mesures salvatrices pour donner un second souffle au football malien. O. Roger Sissoko