“On a un cocktail intéressant pour faire un bon tournoi”, soulignait le sélectionneur du Gabon Gernot Rohr avant le début de la CAN-2012, dont il vient de boucler la phase de poules avec une première place et trois victoires en trois matches (Niger 2-0, Maroc 3-2, Tunisie 1-0).
Les recettes de la réussite gabonaise : Lors des trois matches, les Panthères ont reçu le soutien de supporteurs en folie qui ont même envahi partiellement la pelouse contre le Maroc. Les mesures de sécurité ont été renforcées pour les prochains matches à Libreville (40.000 places). “On sent que le pays est derrière nous. Ca nous fait croire un peu plus en nous”, souligne Eric Mouloungui. “On espère que les fans vont continuer à nous soutenir comme ça. On ne peut faire ce genre de matches (épique contre le Maroc) qu’avec le soutien du 12è homme”, ajoute Rohr. Climat : le climat en Afrique équatoriale est particulier, avec une chaleur d’environ 30 degrés associée à 80% d’humidité. Beaucoup d’équipes ont reconnu souffrir physiquement. Les Gabonais, eux, sont habitués. Joueurs : Aubameyang : on l’annonce depuis des années comme un grand espoir du football, et Pierre-Emerick Aubameyang est en passe de confirmer ce statut. Fils de l’international Pierre Aubameyang (qui a joué notamment à Rouen, Laval ou au Havre), Pierre-Emerick est passé par le Milan AC avant de revenir à Dijon, Lille, Monaco et enfin pour s’imposer à Saint-Etienne. Avec une intense activité sur tout le front de l’attaque, il est le détonateur du Gabon depuis le début de la CAN. Il a marqué 3 des six buts de l’équipe, et est à l’origine d’un autre (tête repoussée par le gardien sur le pied de Nguema). Jeunes et vieux : le Gabon a à la fois la fougue de la jeunesse et l’expérience des ans. Quatre joueurs de l’équipe des moins de 23 ans sacrée championne d’Afrique font partie de l’effectif. A ceux-là on peut ajouter la jeunesse de la “vedette” Aubameyang (22 ans) mais aussi d’André Poko (19 ans) ou Lloyd Palun (23 ans). A l’inverse, Daniel Cousin, 34 ans, ou Bruno Mbanangoye Zita, 31 ans, apportent leur expérience. Contre le Maroc, c’est la jeunesse qui a égalisé (Aubameyang 77e) et les “vieux” qui ont donné la victoire (Cousin 79e et Mbanangoye 90+8). Locaux et expatriés : avec Ecuele Manga (Lorient), Brou Apanga (Brest), Mouloungui (Nice), Didier Ovono (gardien, Le Mans/L2), le Gabon dispose d’éléments ayant l’habitude du haut niveau. Cette “garde” expatriée est complétée par de nombreux “locaux”. Onze des 23 sélectionnés jouent au Gabon. “Le coach nous a fait confiance alors que nous évoluons dans les clubs au pays. Il faut reconnaître que nos débuts ont été difficiles. Au fil des matches nous avons rectifié le tir. Nous nous sommes imposés malgré ce qui se disait dans la presse. Nous avons mouillé le maillot à notre niveau (…) pour faire honneur à celui qui nous a sélectionnés”, rappelle Edmond Mouele, défenseur de Mangasport. Encadrement : Le sélectionneur Gernot Rohr : globe-trotter, Rohr connaît les ficelles du métier tout en sachant se plier aux habitudes locales sans rigidité. Cela lui a été utile au Gabon où il a maintenu son cap malgré de nombreuses attaques de la presse, des tentatives pour l’écarter venues de l’intérieur de l’encadrement ou des velléités de lui imposer des conseillers. Héritage Giresse : si Rohr répète qu’il ne “regarde pas le passé”, il a incontestablement bénéficié de l’important travail d’Alain Giresse, son ex-coéquipier à Bordeaux. Entraîneur du Gabon de 2006 à 2009, Giresse a réorganisé la sélection nationale au fond du trou pour injecter du professionnalisme dans l’encadrement et redonner confiance aux joueurs sur le plan sportif et administratif. De nombreux cadres de l’équipe doivent également leur carrière d’expatrié à “Gigi”.