Football : Aigles ou Anges du Mali ?

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Que peut-on bien attendre des Aigles du Mali ? La qualification à la Coupe du monde 2014 bien sûr ! Me rétorquera-t-on de façon péremptoire. C’est un souhait partagé par tous les Maliens certes, mais il ne faut pas perdre de vue que la haute compétition est un monde implacable dans lequel l’improvisation et le hasard ont désormais très peu de place. Il faut travailler dur pour accéder sur les plus hautes marches du podium et ce travail devrait être soutenu, constant et bien planifié. Mais tout ceci ne serait qu’un vœu pieux sans le nerf de la guerre, disons les finances, pour réaliser les ambitions. En effet, le football de haut niveau exige des moyens importants sur lesquels il ne faudrait point lésiner si l’on veut que la pratique puisse faire florès au profit du pays.

Mais si déjà, les Maliens sont privés des images des rencontres de leur équipe nationale appelée à jouer tous ses matches à l’extérieur, par la faute à ceux qui ont fini de semer la chienlit dans le pays, forcément, les joueurs qui sont ainsi coupés de leur public, ne peuvent pas être aussi performants que lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations où ils ont senti tout le Mali derrière eux. Et surtout, qu’on ne me rappelle pas le cas de la Libye qui a reçu une équipe à l’extérieur, notamment au Mali, lors des éliminatoires de la Coupe d’Afrique 2012. La Libye ne compte que pour très peu dans le football africain – au vu de ses performances et participation – et ne pourrait par conséquent être comparée au Mali qui joue actuellement l’un des grands rôles dans les stades du continent. En plus, pour la Libye, le problème était simple à comprendre, alors que pour le Mali actuel, c’est une spirale de crises et de règlements de comptes incompréhensibles.
Rappelons que faute de 65 millions FCFA le match contre le Bénin n’a pu être retransmis par la télévision nationale. Si l’on sait ce que le football représente, alors que par ailleurs on apprend que 250 millions FCFA ont été remis à ceux qui devaient organiser l’illégale convention nationale qui n’a semé d’ailleurs que des troubles, il y a de quoi se poser des questions sur l’avenir du football malien.
Par ailleurs, il est utopique de penser que c’est de gaieté de cœur que les Aigles jouent tous leurs matches en dehors du pays, s’ils savent que ceux qui attendent leurs résultats pour les exploiter, si le miracle se produisait, sont les premiers auteurs de cette dégradation de l’environnement et de la sécurité du pays.
En d’autres termes, il est bon de mener une profonde introspection pour mesurer jusqu’à quel niveau la situation politico-institutionnelle du pays peut influencer les performances de l’équipe nationale. On ne doit pas oublier que les footballeurs sont des citoyens à part entière, avec leurs sensibilités et leurs points de vue sur le fonctionnement du pays, même s’ils ne l’expriment pas toujours. Allez savoir si dans l’environnement social, politique et économique dans lequel baigne la sélection nationale, cette dernière serait en mesure de faire mieux que l’année dernière lorsque le Mali était un pays normal.
Qu’on ne s’y méprenne point ! Alain Giresse avait bien prévenu qu’il n’avait jamais travaillé dans une telle situation. Ces propos sont d’ailleurs le fondement de sa démotivation au point de provoquer la rupture avec la Fédération malienne de football. Il avait vu juste en prenant les devants pour se soustraire de pressions et tensions inutiles.
Tout ceci pour rappeler que le football, d’abord un sport, s’est mué progressivement en un important phénomène social capable d’être influencé par la situation sociopolitique et financière d’un pays. Alors, au moment où certains militaires et hommes politiques jouent à déstructurer l’Etat, pendant que d’autres s’amusent à enfoncer le pays dans un climat sociopolitique des plus délétères, faudrait-il exiger des footballeurs d’être des anges pour réaliser le miracle? Le football malien n’est aujourd’hui qu’une partie d’un grand corps malade, le Mali. Pour soigner un mal il faut l’attaquer à la racine et non se voiler la face en se contentant de palliatifs. Il faut des remèdes. Alors vivement la sortie de cette crise à multiple facette pour que, enfin, le football malien reprenne ses droits et son aura.
LE LYNX

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