Âgé de 24 ans, Fodé Sissoko est un athlète malien de haut niveau avec un parcours exceptionnel. D’abord il s’est fait remarqué pour la première fois en 2014 lors d’un concours par le Secrétaire général de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports du Mali à l’époque Assagaye Baradji Maïga. Depuis cette date à nos jours, il a à son actif plusieurs médailles et records qui suscitent l’admiration. Pour une meilleure connaissance du grand public sportif malien, il nous a accordé un entretien au cours duquel, il a parlé de son parcours de jeune athlète, partager son bilan ( médailles, records et performances), sa participation aux Jeux Olympiques de Tokyo et profité de l’occasion pour adresser un message aux autorités maliennes, avec à leur tête les autorités sportives ainsi que les structures partenaires pour leurs soutiens afin qu’il poursuive sa jeune carrière et continuer à rehausser l’image du Mali aux compétitions nationales et internationales.
« Après avoir été admis à l’Institut un mois après, j’ai commencé les entraînements suivi d’une sélection à l’équipe nationale juniors pour le tournoi de la paix et de la solidarité organisé par le ministère des Sports. Lors de ce rendez-vous sportif, étant un débutant dans le milieu avec une petite expérience, je me suis fait remarquer lors de la demie finale du 400 m et en finale du coup, considéré comme grand favori, j’ai malheureusement eu une fracture double au niveau du tibia-péroné à la dernière sortie du virage. Après cette blessure, je suis revenu en 2015 et j’ai été une fois de plus sélectionné pour les championnats d’Afrique juniors en Éthiopie. Encore comme un fait de Dieu, à la veille de la compétition en quittant l’école après l’examen, j’ai fais un accident de moto qui m’a empêché de prendre part à cette compétition», souligne Fodé Sissoko.
Très déterminé à poursuivre sa carrière, le jeune Sissoko est revenu sur la scène en 2016 en remportant le championnat du Mali sur 100m- 200m, meilleure performance Malienne aux 400m et en remportant les 2 relais 4x100m et 4x400m avec son club, le CDAM (Club pour le développement de l’athlétisme au Mali). Demie finaliste au championnat d’Afrique senior à Durban, en Afrique du Sud. Puis le roi du 200 m, 2ème au 400 m et au relais 4× 400 m lors du championnat Ouest-africain en Gambie. La même année, il a remporté les 200 m, 400 m et les 2 relais lors du tournoi de la solidarité au Mali qui a regroupé 5 pays d’Afrique de l’Ouest avec l’équipe nationale.
Encore en 2017 après avoir remporté le championnat, il a participé au championnat Ouest-africain tenu en Guinée(Conakry), mais malheureusement à cause des différents avec les autorités sportives d’alors, notre jeune athlète n’a pas participer à cette compétition en plus des jeux de la Francophonie d’Abidjan bien que l’ayant préparé, sélectionné et pris part au voyage jusqu’à Abidjan, la Fédération n’a pas confirmé sa participation encore pour incompréhension avec les membres de son club et la Direction nationale des Sports.
Par la grâce de Dieu, depuis 2018, il effectue un stage en France grâce aux efforts de Sidi Yattara, l’actuel Directeur technique national de la Fédération. Durant son séjour, il a progressé en permanence en remportant quelques meetings internationaux et amélioré le record du Mali sur le 200m, dont l’ancien record était de 20”92, il l’a ramené à 20”52 et pris part au Championnat d’Afrique Seniors, dont il a terminé 5ème Africain sur 200m. Dieu faisant bien les choses, M. Sissoko, au regard de ses performances a obtenu une bourse de solidarité olympique pour poursuivre sa formation jusqu’à ce jour, d’où il évolue au club le LMA (Lille Métropole Athlétisme) avec qui il a remporté encore plusieurs médailles et amélioré ses performances.
Parlant de son bilan de 2021 et sa participation aux jeux olympiques de Tokyo, il dira : « L’année 2021 à été une année très compliquée pour moi à cause du confinement. Malgré tout, j’ai gagné le championnat de France en salle sur 200m tout en réalisant un nouveau record national 20”88 en saison. J’ai été 5ème au meeting de Genève en Suisse mais à la suite le 24 juin, j’ai eu une déchirure au meeting de Cergy Pontoise à Paris. Cette blessure a été un coup très dur pour moi en un mois des jeux, vu les enjeux mon médecin m’a envoyé dans une clinique de rééducation, chez Docteur Ribeiro et son équipe qui a mis au point, des programmes spécifiques pour accélérer ma guérison et pour pouvoir vraiment reprendre la compétition. Après 4 semaines et demie de soins, j’ai pu reprendre le 18 juillet, 5 jours avant le départ pour Tokyo et 5 jours pour faire les derniers réglages pour l’entraînement, l’adaptation au décalage, le climat. Mon objectif était d’atteindre les demi-finales, mais malheureusement avec cette blessure la veille, il était difficile d’après mon médecin mais par miracle, j’ai pu courir à 100% et surtout de réaliser 21″00.
Représenter le Mali aux Jeux olympiques de Tokyo a été un grand honneur, car ce n’est pas donné à tout le monde et c’est le rêve de tout sportif professionnel ou amateur. J’ai tout donné à ces 200m mais malheureusement ça n’a pas suffit. En tous cas, j’ai beaucoup appris de cette compétition qui va me permettre de bien préparer les Jeux olympiques de Paris 2024, avec l’accompagnement de la Fédération, le Comité national du Mali, le ministère des Sports. » A affirmé le recordman malien.
Par ailleurs, en dépit de ces soutiens multiformes, il a appelé encore les différentes structures à redoubler d’efforts, ainsi que l’accompagnement des personnes de bonne volonté, car dit-il, le haut niveau ça demande des sacrifices, des accompagnements surtout financiers pour pouvoir faire des stages et avoir des suivis médicaux exceptionnels en vue d’une bonne participation aux compétitions nationales et internationales notamment les Jeux olympiques Paris 2024.
Il a toutefois conclu son intervention en remerciant la Fédération Malienne d’Athlétisme, le Comité Olympique National du Mali, le ministère des Sports qui l’ont accompagné durant toute la préparation, ses clubs, le LMA, le CDAM, l’encadrement technique, son partenaire RVE ÉLITE ainsi que les personnes de bonne volonté qui, de près ou de loin l’ont soutenu, encouragé et accompagné jusqu’ici.
Au regard du parcours exceptionnel et des performances de M. Sissoko, tout porte à croire que notre pays peut enfin rêver de médailles aux jeux olympiques Paris 2024 si chacun joue son rôle.
Mamadou Nimaga