Focus : Tous dans la même pirogue

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« Les passagers d’une pirogue ont tous la même pensée : une bonne traversée », dit l’adage. Et pour le voyage du Ghana où aura lieu la 26e Can, les Maliens se doivent d’emprunter la même « pirogue » et d’avoir un seul objectif : une prestation honorable des Aigles. Cela est d’autant nécessaire que le tirage au sort effectué vendredi dernier à Accra ne nous a pas été clément.

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Il a fait grincer beaucoup de dents parce que le Mali est tombé dans un groupe où il faut avoir plus que du talent pour émerger du lot. Nous avons affaire à la Côte d’Ivoire, notre bête noire de tous les temps. Il y a aussi le Nigeria en quête de réhabilitation après avoir raté la Coupe du monde 2006 en Allemagne et s’être difficilement qualifié pour « Ghana-2008 ». Le Bénin n’est pas non plus à minimiser.

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Se qualifier pour le second tour dans ce lot déjà baptisé « groupe de la mort » est un vrai défi. Un défi immense, mais qui n’est pas au-dessus du potentiel de joueurs dont nous disposons à l’heure actuelle. Unis, les Maliens peuvent soulever des montagnes. Nous l’avons démontré au Stade Kegué de Lomé où les Aigles ont arraché leur qualification au moment où peu de Maliens y croyaient encore. N’empêche que toute la nation s’était mobilisée derrière Djilla et ses coéquipiers.

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C’est la même mobilisation qui est attendue pour soutenir les Aigles au Ghana. Sportivement, les Aigles ont les moyens de surprendre leurs adversaires à Sekondi. Les valeurs qu’ils ont démontrées à Lomé contre le Togo le prouvent. Même si nous avons des insuffisances dans certains secteurs, les protégés de Jodar les ont compensées par une solidarité à toute épreuve contre les Eperviers le 12 octobre 2007. La solidarité est une valeur qui avait beaucoup manqué à notre équipe nationale.

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A Lomé, on a souvent vu Kanouté et Momo se substituer au libéro ou au stoppeur. Seydou Kéita, Djilla voire Bassala ont également prêté main forte à la défense chaque fois que le danger était dans notre camp. Cette solidarité renaissante doit être soutenue en faisant comprendre aux Aigles que les prouesses techniques d’un seul joueur ne peuvent pas sauver le navire quand le collectif se noie ou se désagrège. Ce qui signifie que la communication interne s’est beaucoup améliorée au sein du groupe. Les dissensions internes sur fond de conflit de leadership, se sont visiblement estompées pour faire place à une volonté collective de parvenir à quelque chose pour l’équipe et pour le pays. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu Djilla et Seydoublen jouer de façon si complémentaire.

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Lors de leurs dernières sorties, nous avons agréablement constaté que le collectif des Aigles s’est tactiquement beaucoup amélioré avec une forte tendance de jouer à une touche et de se retrouver facilement. Ce qui fait que nos joueurs conservent mieux le ballon au lieu de s’en débarrasser hâtivement comme on l’a souvent constaté contre le Togo et le Bénin à Bamako et à Cotonou. Le progrès, c’est aussi au niveau du mental. On l’a vu à Lomé où, malgré le climat détestable de la rencontre, les Aigles ne se sont pas laissés psychologiquement handicaper par l”environnement malsain de cette rencontre. Comme le disait le doyen Gaoussou Drabo, ce sont là autant d’indices qui « montrent clairement qu”à Lomé une bonne sélection est sans doute devenue une vraie équipe, avec un savoir-faire collectif et avec une solidarité vraie ».

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On a donc toutes raisons de croire que, aujourd”hui, les Aigles ont surmonté le « fardeau psychologique » qui les handicapait lors des grands rendez-vous. Nous sommes également du même avis que le doyen quand il dit que les Aigles peuvent toujours tirer leur épingle du jeu « en acceptant de reconnaître qu”ils ont un destin sportif à bâtir ». Cela est une condition sine qua non du meilleur parcours qu’ils comptent réaliser au Ghana. Ce changement de cap a été amorcé contre la Sierra Leone à Bamako et le Togo chez lui. « Cette évolution doit être renforcée. Car Accra ne peut être qu”une étape, un projet qui en ouvre un autre plus ambitieux, une qualification historique pour l”Afsud 2010 (Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud). Cette génération le vaut bien », analyse M. Drabo.

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Elle le vaut bien et elle peut nous hisser haut sur des sommets avec l’union sacrée de la nation. Déjà pour la Can-2008, l’encadrement technique sait ce qu’elle doit faire. Il faut maintenant lui donner les moyens de préparer l’équipe qui, comme l’a dit Mamadou Diallo, doit disputer au Ghana « chaque match comme une finale ». Ces moyens, on ne doit pas les attendre du seul Etat, mais de toutes les composantes de la nation. A commencer par les bénédictions des parents, des notabilités et des leaders religieux. Chaque fils et fille de ce pays doit faire ce qu’il peut. A commencer par les opérateurs économiques dont la solidarité est très attendue pour une préparation idoine de leurs Aigles, de nos Aigles.

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Moussa Bolly

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