Ceux qui tirent les marrons du feu, par rapport à la périlleuse crise qui secoue le football malien depuis bientôt un an, continuent toujours à s’attaquer aux principaux responsables du sport malien, notamment au ministre des Sports et au président du CNOSM. Et à défaut de pouvoir les attaquer sur leur bilan, sur leur objectivité ou leur compétence, leurs détracteurs tombent vite dans la délation, la calomnie en essayant de nourrir l’opinion de mensonges et de contrevérités. Les auteurs ?
Ils se connaissent ! Ce qui est sûr, c’est que le Général Boubacar Baba Diarra se trompe s’il pense que «les frondeurs» sont les seuls qui veulent l’empêcher de finir son mandat. Au moins, ceux-ci ont le mérite de l’affronter de face. L’ambition de ces pyromanes, c’est prolonger la cacophonie, donc l’agonie du sport-roi, avec l’espoir de pouvoir enfin réaliser leur dessein en mettant à la touche ceux qui se battent actuellement pour le contrôle de la fédération. L’heure n’est plus à la suspicion, aux procès d’intention… Et nous devons savoir que la préoccupation majeure d’une médiation, ce n’est pas de prendre position pour dire que telle partie a raison et que telle autre a tort. Sa mission consiste à trouver un terrain d’entente, une base de consensus pour renouer le dialogue et mettre fin à la crise de confiance. Elle peut aussi condamner les attitudes pouvant contribuer à l’échec de cette mission. Ce ne sont pas la passion et la délation qui vont sortir le foot malien de l’impasse actuelle ! Mais il faut qu’on accepte de se dire la vérité pour aller de l’avant !
Au lieu de s’attaquer à ceux qui mettent tout en œuvre aujourd’hui pour trouver une porte de sortie honorable pour tous, nous devons tous nous investir dans un diagnostic franc et honnête de la situation. Nous en sommes arrivés là aujourd’hui car, comme le dit notre confrère Moustaph Maïga (Le Ségovien), «le droit nous brûle la bouche, trancher un litige est devenu de la mer à boire…». Depuis près de deux décennies, la discipline (football) est gérée au profit d’un groupe au mépris des textes. Cela n’a pas malheureusement commencé aujourd’hui. Et cela au vu et au su de tous les acteurs. Si nous nous ne prenons garde et si nous refusons d’affronter la situation actuelle avec l’objectivité et l’impartialité requises, la crise ne connaîtra qu’un répit à l’issue de cette médiation. Elle va ressurgir plutôt que prévu parce que nous n’avons pas eu le courage de nous attaquer à ses gênes. La crise va s’éterniser parce que certains sont restés dans l’ombre pour saboter cette médiation en s’attaquant à des gens qui n’ont aucune responsabilité dans cette crise de confiance, ce conflit de leadership. Nous ne devons donc pas nous tromper d’adversaire en manquant de courage de nous attaquer aux racines du mal, comme le font si courageusement les quelques rares dirigeants réellement passionnés de football. Nous en sommes là parce que l’éthique et les valeurs essentielles ont été sacrifiées au gré des alliances opportunistes avec la seule ambition d’avoir la mainmise sur le football en s’enrichissant individuellement de ses privilèges et de ses retombées financières. Sinon pourquoi une guerre de leadership pour des fonctions axées sur le bénévolat ?
Se réconcilier avec l’éthique sportive
Ces dernières années, le football est devenu une discipline dont la gestion ne reposait sur aucun principe essentiel du management. Ainsi, toutes les valeurs du management ont été bafouées pour préserver des fauteuils, sauvegarder l’unité des clans et des alliances, le plus souvent contre-nature. Personne de ceux qui prennent actuellement le football en otage n’est exempt de reproche dans cette déliquescence des valeurs du sport, de la violation des règles d’administration… Il est temps que nous comprenions l’impérieuse nécessité de renouer avec la vertu dans la gestion du sport, singulièrement du football malien. C’est la perte de la vertu qui nous éloigne de toutes les autres valeurs essentielles et indispensables à une gouvernance apaisée du sport voire du pays.
Pour le Conseil de l’Europe (l’Article 15.b du Statut), «le Code d’éthique sportive part du principe que les considérations éthiques à l’origine du fair-play ne sont pas un élément facultatif mais quelque chose d’essentiel à toute activité sportive, toute politique et toute gestion dans le domaine du sport et qu’elles s’appliquent à tous les niveaux de compétence et d’engagement de l’activité sportive, et aussi bien aux activités récréatives qu’au sport de compétition». Ainsi, ce Code fournit «un solide cadre éthique pour lutter contre les pressions exercées par la société moderne» et qui s’avèrent «menaçantes pour les fondements traditionnels du sport» reposant sur «le fair-play, l’esprit sportif et le bénévolat». Ce sont ces vertus que le football doit retrouver pour sortir de plus d’une décennie de crise, poser les jalons de son épanouissement harmonieux, équitable dans un environnement apaisé. Nous devons nous battre pour préserver l’éthique du sport. Nous devons nous battre pour imposer la vertu à ceux qui assument des responsabilités collectives. Nous sommes donc d’accord avec Moustaph Maïga quand il écrit : «il ne faut pas laisser germer le virus de ce fléau qui a gangrené nos écoles, notre administration, sinon la beauté du football ou du sport tout court s’en ressentira». Nous sommes dans une crise sans précédent ! Il faut chercher à crever l’abcès pour la résoudre et cela passe par la recherche de la vérité ! Celle-ci se retrouve tout simplement dans l’éthique sportive. L’heure est très grave pour qu’on continue à se cacher sous des pseudonymes pour essayer de mettre le bâton dans les roues de ceux qui sont réellement animés de la bonne volonté pour les aider à se retrouver autour de l’essentiel : le football ! Et ce ne sont pas des articles incendiaires ou des contrevérités publiés dans les journaux, pour essayer de discréditer le ministre ou le président du CNOSM, qui vont nous rapprocher de l’issue heureuse de cette crise ! Il faut crever l’abcès pour éviter la gangrène. Il s’agit aujourd’hui de défendre le football ! Et cela exige un engagement qui va au-delà de l’appartenance à un club, à une tendance. Seuls la passion et l’amour, le vrai amour (franc, loyal et désintéressé) nous permettront d’y parvenir !
Kader TOE