«Nous ne sommes pas au temps de Tiékoro Bagayoko… Et la médiation n’est pas une obligation ! »
La crise du football malien semble loin de connaitre son épilogue. Les propositions du pool des médiateurs sont foulées au pied par les deux parties. La FEMAFOOT a déjà programmé le championnat 2015-2016 pour le 16 Décembre prochain. Le ministre dans un communiqué diffusé sur l’ORTM a décidé de fermer les stades aux compétitions de football jusqu’à nouvel ordre. On est bien parti pour un bras de fer.
«Si l’Etat refuse de jouer le championnat dans les stades, même si c’est à Kolokani ou dans les rues, nous allons jouer et ce sont les 16 Clubs homologués qui le joueront. L’Etat n’engage aucun franc dans l’organisation du championnat, alors que dans la recette, le trésor et le stade reçoivent leur part».
Aussi d’ajouter : «la médiation n’est pas une obligation ! La gouvernance peut se gérer, mais sur le terrain ce sont les textes. La décision du TAS s’impose à tous. On a l’impression que l’on retourne au temps Tièkoro Bagayoko où c’était la loi du plus fort».
Les propos sont du SG Yacouba Sidiki Traoré dit Yacoubadjan au cours d’un point de presse qu’il a animé le Lundi 07 Décembre 2015 au siège de la FEMAFOOT. Occasion pour lui de présenter les excuses de la FEMAFOOT à la population pour le report de la super Coupe qui marque le démarrage de la nouvelle saison. Elle oppose le champion et le détenteur de la coupe du Mali. Le Stade malien ayant fait le doublé devrait affronter le finaliste malheureux, à savoir «Les Onze Créateurs».
Le Directeur national des Sports et de l’éducation physique, Mamadou Y Sidibé a adressé une lettre au Directeur régional de la police de prendre toutes les dispositions pour sécuriser le stade et empêcher la tenue du match de la super coupe prévu pour le Dimanche 6 Décembre 2015 au stade Mamadou Konaté pour des raisons de sécurité.
C’est ainsi que FEMAFOOT avait décidé de délocaliser la rencontre à Koulikoro pour hier Mercredi. Auparavant, dans un communiqué diffusé sur l’ORTM, le Ministre des Sports a décidé de la fermeture de tous les stades de l’Etat. Le conférencier de rappeler que le Ministre des sports avait lui –même souhaité le démarrage du Championnat pour mieux préparer le CHAN (championnat d’Afrique des nations). «La FEMAFOOT était prête à tendre les mains aux frondeurs et c’est au même moment qu’ils nous ont assignés encore devant le TAS. Et pour qui connait la procédure de cette juridiction souvent très lente… Nous avons décidé de continuer en attendant la sentence» a renchérit l’orateur.
A titre de rappel, le pool des médiateurs avait proposé dans son rapport: «l’existence et la reconnaissance du Comité exécutif de la FEMAFOOT dirigé par Boubacar Baba Diarra; la levée de toutes les sanctions qui frappent les personnes morales et physiques; le retour en ligue 1 des quatre clubs relégués (Djoliba AC, COB, CSK et Avenir de Tombouctou). Cela avec un accompagnement financier de l’Etat. Sans oublier, la reprise de l’élection de la Ligue de football de Bamako, sous la supervision du CNOSM, du gouvernorat et de la direction régionale des Sports».
Après avoir remis officiellement ce rapport au ministre des Sports suivi d’un point de presse, le 6 novembre dernier, le Pool des médiateurs a décidé de remettre solennellement le document aux deux protagonistes. Il s’agit du Comité exécutif dirigé par Boubacar Baba Diarra et des frondeurs avec à leur tête Mamadou Dipa Fané.
Si la volonté du ministre est de trouver une solution à l’amiable afin de sauver le football malien, force est de reconnaitre que cette vision n’est pas partagée par la FEMAFOOT et ses alliés (clubs de la ligue I) qui exigent l’application des textes. Et surtout la descente en D2 des quatre clubs indiqués.
En tout cas, il est temps d’enterrer les égos et de penser à l’avenir de notre football qui promet déjà avec des succès à la clé.
Le Président de la République IBK est interpellé face à cette situation avant que le pire n’y arrive car mieux vaut prévenir que guérir.
Sadio Dembélé
N.B : Feu Tiékoro Bagayoko était le Directeur National de la Sureté Nationale, personnage très influent du régime militaire au moment des faits et dirigeant du Djoliba AC de Bamako. Il s’est particulièrement impliqué dans la gestion du football malien et ses décisions, souvent très contestables, avaient force de loi. Les clubs adverses du Djoliba n’ont pas un bon souvenir de lui.
Yacoubadjan juge et partie ?
Bon nombre de citoyens s’interrogent sur la qualité juridique du SG d’engager la FEMAFOOT. D’abord il a été nommé et non élu. Aussi, en cas de dissolution du comité exécutif, c’est lui qui aura la lourde tâche d’organiser des élections. En cette qualité, ne doit-il pas faire preuve de neutralité vis-à-vis de cette crise ? Mais comme on le dit « bouche pleine de sang ne dit pas souvent vraie ».
Refus des 12 autres clubs de jouer en cas de lever de la sanction contre les 4 clubs
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Le Ministre Poulo invite le Gouverneur de Koulikoro à faire pression sur le président du comité Régional, Banou Makadji
La situation se corse véritablement au niveau de la FEMAFOOT suite à la décision de fermeture des Stades de l’Etat par le Ministre des Sports.
Afin de contourner la mesure, le Bureau Fédéral dirigé par Boubacar Baba Diarra a initialement prévu de faire évoluer les deux équipes à Koulikoro. Pourquoi la deuxième région ? D’abord au regard de sa proximité avec Bamako, mais aussi et surtout, parce qu’il s’agit là d’un Stade municipal et dont la gestion ne relève pas de l’Etat central mais plutôt de la commune urbaine de Koulikoro. En clair, l’Etat central n’a aucune autorité sur cette infrastructure.
Il revenait donc au président du comité régional de football de Koulikoro, M. Banou Makadji, de procéder à l’organisation pratique de l’événement. Tout était acquis.
Ayant pris connaissance de ladite disposition, le Ministre des Sports a invité le Gouverneur de la Région afin qu’il fasse pression sur le président du comité régional. Ce, en vue de lui épargner une humiliation.
A son tour, le Gouverneur de la Région a usé de toutes ses diplomaties pour convaincre M. Makadji. Mission accomplie! Mais seulement en partie ! Et pour cause.
Les douze clubs exigent le respect strict des textes
Les douze autres clubs de première division qualifiés pour la saison 2015-2016, eux, soutiennent fermement le Bureau Fédéral et exigent le respect strict des textes. Ce sont : le Stade Malien, les Onze Créateurs, l’USFAS, l’AS Bakaridjan, AS Réal de Bamako, l’AS Duguwolofila, l’AS Police, le Nianan de Koulikoro, l’AS Mamahira de Kati, l’ASOM de Missira, l’ASB, le Sabana Autrement dit, le maintien des quatre (Djoliba AC, COB, CSK) en seconde division. Et ils menacent à leur tour de boycotter le championnat si force ne restait pas à la loi. Ce, afin que ne s’installe une jurisprudence.
En somme, quand bien même le Ministère parvenait à faire plier le Bureau Fédéral, il aura du mal à convaincre ces clubs à revenir sur leur décision.
Rappelons par ailleurs que les frondeurs ont introduit une seconde requête au niveau du Tribunal Arbitral du Sport (TAS). Toute chose qui a envenimé une situation déjà complexe. Et c’est l’attitude du Ministère de tutelle qui semble pour le moins suspecte.
B.S. Diarra