Depuis l’Assemblée générale ordinaire de la Fédération malienne de football (Femafoot) tenue les 11 et 12 novembre 2011, c’est la guéguerre qui s’est installée au sommet de l’instance dirigeante de notre football. Très décrié, Kola s’apprêterait à rendre son tablier sous la haute pression de Koulouba qui voit d’un mauvais œil sa gestion tant du football, des hommes que des fonds. Pour preuve, il a été convoqué le lundi dernier, 5 décembre 2011 par le Ministre de la Jeunesse et des Sports, Djiguiba Kéïta. En outre une marche a été organisée hier, 8 décembre 2011, par tous les Comités des supporters et sympathisants du Stade malien de Bamako, de la Jeanne d’Arc, des Onze Créateurs de Niaréla, de l’AS Police et de l’ASB pour exiger sa démission immédiate et sans condition.
Décidément, le président de la Femafoot ne cesse d’aller de bourde en bourde. On se rappelle encore en effet de son immixtion dans la mise en place des bureaux des Ligues de Bamako et de Kayes. Laquelle immixtion avait entraîné des contentieux fâcheux avec, au finish, l’annulation et le report des élections des présidents desdites Ligues régionales.
L’autre bourde de Kola porte sur l’exclusion de cinq clubs de l’instance dirigeante du football malien, en violation flagrante des textes qui régissent le football malien. Rappelons que les responsables de ces clubs étaient passés à la vitesse supérieure au cours d’un meeting tenu le 20 novembre 2011 à l’Institut National des Arts (INA) de Bamako. Les principaux organisateurs de ce meeting ont pour noms : Youssouf Traoré, PDG de Bani Transport, non moins 1er Vice-président du Stade malien de Bamako; Oumar Sow, président de la Jeanne d’Arc ; Hamala Nimaga, président de l’AS Police et le représentant des Onze créateurs de Niaréla. Ils se disaient ahuris par les "dévergondages" de Kola. En effet, ce dernier a décidé de les exclure de la Femafoot pour la simple raison qu’ils contestent la montée en Ligue I de certains clubs comme l’Association sportive de Missira et l’AS Nianan de Koulikoro.
Comme un empereur grec, Kola compte conduire tout seul le navire Femafoot. Raison pour laquelle il n’a pas hésité de révoquer, et cela encore en violation des textes, certains membres du bureau exécutif de la Femafoot à l’instar de Boukary Sidibé dit Kolon, 1er Vice-président ; Ousmane Thierno Diallo, président de la Commission centrale d’éthique et de fair-play ; Abdoulaye Gourou Cissé, président de la Commission centrale de football ; Sékou Diogo Kéïta, président de la Commission centrale de football amateur ; Sékou Maciré Sylla, président de la Commission centrale de futsal et de beach soccer et Amadou Nimaga, président de la Commission centrale des jeunes. Comme si cela ne suffisait pas, Kola a révoqué certains membres de la Commission centrale de recours.
Kola se crée inutilement des frondeurs
«Chacun a son tour chez le coiffeur», dit un adage de chez nous. On se souvient encore que Kola avait combattu becs et ongles Salif Kéïta alias Domingo, 1er Ballon d’or africain, alors qu’il était président de la Femafoot. Kola avait mis tous les moyens en œuvre pour mener des campagnes d’intoxication contre Domingo qui a dû finalement se rebiffer. Et lors des assises truquées de 2009 à Tombouctou, il a fallu que Kola mette tous ses moyens tant financiers que matériels pour être élu. On susurre même qu’il a investi des millions et des millions dans cette affaire. D’où lui venait tous ces sous ? Allez-y savoir, car il était tout récemment interpellé par le Pôle économique pour malversation financière, alors qu’il était Directeur administratif et financier au Ministère de la justice. Voilà donc comment cet homme est parvenu à la tête de la Femafoot, et cela avec le concours de tous ceux qu’il vient de révoquer : Boukary Sidibé dit Kolon, Ousmane Thierno Diallo, Abdoulaye Gourou Cissé, Sékou Diogo Kéïta, Sékou Maciré Sylla et Amadou Nimaga. Des poids lourds qui risquent de former un front contre lui. A qui profiterait alors cette situation, si ce n’est qu’enliser notre football.
Kola sur des braises ardentes
Le patron de la Femafoot ne dort plus que d’un demi-œil. Et il n’en a pas le choix, car notre football agonisant irrite plus d’un, à commencer certainement par le président de la République ATT qui jusqu’à présent se contente d’observer attentivement le jeu de loups qui se trame à la Femafoot. Dépassés par les événements, tous les Comités des supporters et sympathisants du Stade malien de Bamako, des Onze Créateurs, de la Jeanne d’Arc, de l’AS Police et de l’ASB sont montés au créneau hier, 8 décembre 2011, pour dénoncer, ce qu’ils appellent la «mafia de Kola». Avec à leur tête, leurs dirigeants respectifs, ils ont en effet battu le pavé du terrain Danaya sis à l’ACI 2000 au siège de la Fédération pour exiger la démission immédiate et sans condition de Kola, seule solution d’ailleurs pour sauver le sport-roi malien. Leur amertume porte sur six points essentiels : le manque de neutralité et le trafic d’influence lors de l’Assemblée générale élective de la Ligue de Bamako ; le refus de notifier les décisions rendues par la Commission centrale de recours dont les décisions sont définitives et contraignantes ; la dissolution illégale de cette même Commission ; l’irrégularité de la convocation de l’Assemblée générale ordinaire des 11 et 12 novembre 2011 ; la révocation illégale de certains membres du Comité exécutif de la Femafoot élus au même titre que lui ; et le refus de transmettre à la FIFA les requêtes en annulation auprès de son Secrétaire général.
Au regard donc de tous ces points ci-dessus évoqués, Kola n’a qu’une seule alternative, s’il ne veut pas se laisser aller au charbon : rendre le tablier. En tout cas, les marcheurs d’hier ont été plus que clairs : si Kola s’entête, d’autres actions suivront pour le déloger de son bunker au siège de la Femafoot.
Alassane Souleymane avait raison
Notre confrère Alassane Souleymane reste un cadre exemplaire dans l’histoire de la Femafoot. Alors qu’il était Chargé de communication de l’instance dirigeante de notre sport-roi, il abattait de jour comme de nuit un travail qui rappelle les héros de la Grèce antique. Oui, un travail de titan pour la redynamisation d’une Cellule de communication digne de ce nom à la Femafoot. Mais, ayant compris qu’il ne pouvait pas aller loin avec un homme limité et qui ne tient pas ses promesses comme Kola, il a préféré détaler. Il semble même qu’il est parti sur la pointe des pieds, ne laissant aucune trace puisqu’il en avait marre. La conséquence, on la connaît : c’est la descente aux enfers de la Cellule communication de la Femafoot. Une descente qui arrange d’ailleurs Kola, parce qu’il adore gérer notre football en solo, dans le flou et l’informel.
Des malversations financières à la Femafoot
Comme on le dit, «l’habitude est une seconde nature». Kola qui était interpellé récemment dans une affaire de détournement de deniers publics au Ministère de la justice, se retrouve à nouveau dans des malversations financières à la Fédération malienne de football. En effet, un audit d’un Cabinet d’expertise vient de révéler que du 1er juillet 2009 au 30 septembre 2010, soit un peu plus d’un an de gestion, Kola and Co ont passé des sommes faramineuses à la casserole. Tenez-vous bien, les chiffres donnent du tournis ! En 14 mois seulement, l’entretien des 4 petites salles de la Femafoot a coûté 60,2 millions de nos francs. Quant aux activités menées, aux travaux d’impression, à la location de voitures pour officiels et le carburant, l’audit révèle que les dépenses s’élèvent respectivement à 14,1 millions, 10,6 millions, 43,3 millions et 87,8 millions de francs Cfa. Ce qui est marrant dans cette histoire, ce sont les primes relevées par l’audit qui sont d’ailleurs payées par le Ministère de la Jeunesse et des Sports. En ce qui concerne les compétitions africaines, la Femafoot a dépensé entre 150 et 200 millions F.Cfa, alors que des clubs comme le Stade malien de Bamako, le Djoliba et le Réal ne perçoivent que 22 millions par an comme subvention. Et ce n’est pas tout. Les dépenses pour le championnat sont chiffrées à 113 millions de F.Cfa, alors que les clubs voyageaient pendant cette période, nous apprend-on, entre Koulikoro et Ségou. Visiblement donc, il y a eu des surfacturations. Si tel est le cas, Kola risque d’être encore entendu aus Pôle économique.
Le Ministre Djiguiba Kéïta exaspéré
Le Ministre de la Jeunesse et des Sports est très fâché du spectacle ahurissant que nous livrent Kola et ses acolytes. Déjà, dès sa nomination, PPR avait promis de tout mettre en œuvre pour remettre notre sport-roi sur de bons rails. Mais que peut-il vraiment avec un bureau fédéral divisé dont les membres se regardent en chiens de faïence ? Absolument, rien ! Mais, il se dit que rien n’est encore perdu. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a décidé de taper du poing sur la table. Lundi dernier, il a convoqué Kola pour l’entendre sur sa gestion rocambolesque de la Femafoot. Une rencontre au cours de laquelle PPR lui aurait craché toute la vérité.
Par ailleurs, selon certaines sources, on apprend que des émissaires de Koulouba auraient rencontré Kola pour lui demander de rendre son tablier. Autant dire que sa démission est imminente.
La CAN 2012 perdue d’avance ?
L’atmosphère pourrie qui règne actuellement au sein de l’instance dirigeante de notre football, n’est pas de nature à permettre aux Aigles du Mali de se préparer convenablement pour la CAN Gabon/Guinée Equatoriale qui démarre en janvier prochain. Car, rien ne se gagne dans le désordre et l’anarchie. Or, en cas de débâcle à cette échéance footballistique continentale, Kola sait bien que c’est sa tête qui sera mise à prix. Il ferait alors mieux de créer autour de lui une ambiance conviviale capable de mettre en confiance non seulement ses collaborateurs, mais aussi les joueurs et le public sportif malien.
Bruno LOMA