Fédération malienne de cyclisme : Le président évincé cherche des boucs émissaires pour camoufler ses erreurs

0

Evincé de la présidence de la Fédération malienne de cyclisme (FMC) lors de l’Assemblée générale extraordinaire (AGE,  convoquée le 27 novembre 2022 suite à une pétition),  le président sortant s’est trouvé des boucs émissaires pour camoufler ses propres erreurs et se donner bonne conscience. Tantôt c’est le ministre de la Jeunesse et des Sports, tantôt c’est le sponsor Moov Africa/Mali ou le président du Comité national olympique et sportif du Mali (CNOSM). Et pourtant, selon nos investigations, il ne doit s’en prendre qu’à lui-même, à ses propres erreurs. A peine élu, il aurait voulu faire du cyclisme sa chose sans considération pour les autres membres du bureau et sans égard pour le département de tutelle.

«L’humilité précède la gloire» ! Cette sagesse doit être le leitmotiv de tout vrai leader, de tout visionnaire et surtout de tout manager ambitieux du sport animé réellement de la volonté de laisser ses empreintes dans l’histoire d’une discipline. Pour l’avoir certainement ignoré, le jeune ex-président de la Fédération malienne de cyclisme (FMC) s’est vite retrouvé dans de sales draps avant de se voir éjecter de son fauteuil le 27 novembre 2022 à l’issue d’une Assemblée générale extraordinaire imposée par une pétition qui a acquis le quorum contre lui.

Et pourtant à lire certaines publications de l’intéressé, il est victime d’un complot et d’indexer des boucs émissaires comme le ministre de la Jeunesse et des Sports, Moov Africa/Malitel, le président du Comité national olympique et sportif du Mali (CNOSM). «C’est le comble de l’ingratitude. Si Sidy Bagayoko est resté président jusqu’en novembre dernier, c’est parce que Habib Sissoko s’est beaucoup investi pour qu’il en soit ainsi. Il a su convaincre les acteurs du cyclisme de lui donner le temps de prendre ses marques ou de se reprendre. Sinon, déjà 5 mois après son élection, une première pétition avait été initiée contre lui par 5 ligues. C’est le président du CNOSM qui a appelé à l’apaisement», nous confie un membre du  bureau du président déchu.

«La raison principale de sa déchéance est liée à sa gestion unilatérale au sein du bureau fédéral. Il était un président qui décidait de tout et qui jouait plusieurs fonctions, y compris sélectionner lui-même les cyclistes sans concertation avec les entraîneurs et la Direction technique nationale. La pétition est donc partie du bureau fédéral pour ensuite s’élargir aux ligues et clubs», nous explique ce dernier.

Un novice dans le management du sport de haut niveau ?

«Son dernier acte à été de vouloir retirer la FMC du protocole de sponsoring de Moov Africa Malitel de façon unilatérale et aussi de mettre en place des ligues à Bougouni et Mopti sans assemblée générale. Son attitude prouve qu’il est un novice en matière de management du sport car même si on n’est pas d’accord avec un partenariat, on ne peut pas rompre un contrat de sponsoring sur un coup de tête en ignorant les clauses», commente l’un de ses anciens collaborateurs.

Pis, le jeune président avait finalement des rapports tendus avec tous ses partenaires, notamment le CNOSM, le ministère de la Jeunesse et des Sports. «Même le ministre des Sports n’a pas échappé à son coup de gueule», nous dit un cadre du département de tutelle. En tout cas, son discours a rapidement changé. On se rappelle par exemple du vibrant hommage qu’il avait rendu à Habib Sissoko à l’occasion de la 8e édition du Grand Prix du président du CNOSM en novembre 2021.

«Parangon de vertu, d’abnégation et de persévérance, il a réussi, tout au long des années qu’il est à la tête du Comité National Olympique et Sportif du Mali, à faire montre d’un savoir-faire et d’une autorité managériale qui inspireront les générations à venir. Sa personne est comme une invitation à la solidarité, au travail d’équipe, à l’écoute de l’autre, à la recherche des meilleurs atouts pour imprimer à chaque circonstance une irrésistible marche en avant aux affaires qui lui sont confiées», avait déclaré S. Bagayoko dans son discours de bienvenue.

Et d’ajouter, «cette qualité, l’Olympisme mondial le lui reconnaît pleinement. Il inspire confiance au Mali et hors des frontières du Mali. Au-delà du Grand Prix qui porte son nom en tant que président du CNOSM, c’est un dirigeant qui est célébré afin que son modèle soit perpétué». Et Sidy de conclure par «merci Monsieur le président Sissoko pour nous avoir inspiré, à nous jeunes, l’esprit de combativité et de ténacité dans le fair-play».

Et du jour au lendemain, le même président est  devenu un monstre dans son discours ! Pourquoi ? «Habib a tout fait pour défendre Sidy Bagayoko et le maintenir à son poste. Il a essayé de le guider sur la bonne voie du management du sport parce que force est de reconnaître qu’il est réellement un novice en la matière. Mais, il s’est entêté sur la voie ténébreuse de la gestion solitaire au point de s’isoler de tout le monde et de traiter ces soutiens d’hier en ennemis», nous a expliqué un acteur du cyclisme volontairement confiné dans un rôle d’observateur.

«A peine élu, il s’est retourné contre tous ses soutiens. Ceux qui se sont battus pour qu’il soit élu et qui sont de grands bailleurs du vélo, notamment Younoussa Diallo (PDG de Niéna Petro service) et Soufiana Diarra, ont été ses premières victimes», nous confie notre confrère Modibo Souleymane Touré, un féru de cyclisme qui gère la communication de la nouvelle équipe fédérale après une période de disgrâce.

Des voies de recours à la portée du président déchu

«Savez-vous que j’étais interdit d’assister aux courses organisées par la fédération ?»,  nous interroge-t-il. «J’avais démenti le fait que le dernier lot de vélos offerts par l’Union cycliste internationale (UCI) était l’œuvre du président sortant (Amadou Togola) alors qu’il faisait croire à tout le monde que c’était le fruit de ses efforts personnels», explique M.S. Touré.

Même si la Direction nationale des sports et de l’éducation physique (DNSEP) n’avait pas participé à l’assemblée extraordinaire du 27 novembre dernier, elle s’est prononcée sur cette affaire à la demande du CNOSM. «Suite à une lettre du CNOSM et après analyse du dossier des ligues majoritaires, une lettre a été envoyée au président sortant pour procéder à la passation avec le nouveau bureau élu et lui remettre les clefs du siège», nous confie un responsable de la DNSEP. Et cette direction était déjà dans la logique d’écrire à toutes les directions régionales pour leur notifier que «le  Sieur Sidy Bagayoko n’est plus président de la Fédération malienne de cyclisme et de prendre des dispositions auprès des gouvernorats respectifs pour empêcher les activités initiées par Sidy au nom de la FMC».

Maintenant, a précisé notre interlocuteur, «le nouveau bureau est reconnu partout. Il reste à Sidy Bagayoko de saisir la Chambre de conciliation et d’arbitrage du CNOSM. Et, en cas de non satisfaction, il peut saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS)», lui conseille notre interlocuteur à la DNSEP.

A notre avis, il a manqué de maturité dans sa gestion et cela lui a coûté son fauteuil de président de la FMC. Il doit assumer ses erreurs pour en tirer tous les enseignements et surtout faire profil bas afin de se donner une chance de rebondir prochainement. Saisir la justice est une erreur d’autant plus que le sport lui offre des voies de recours. Tout comme il a beaucoup à perdre dans un bras de fer avec l’Etat (ministère), le CNOSM…

En tout cas même s’il fait du respect du mandat électoral un sacerdoce et malgré sa détermination à aider tous les responsables sportifs à mener à bien leur mission, le CNOSM ne délivre pas de blanc-seing à un responsable sportif aux dépens du développement de sa discipline. Une ligne directrice qui vaut aujourd’hui à Habib Sissoko bien d’animosité, de méchanceté gratuite, d’attaques au vitriol dans certains journaux… Mais, le leader visionnaire qu’il est a le dos large !

Alphaly

Commentaires via Facebook :