«Impossible de rivaliser»
Le président de la Fédération Malienne de football revient pour FranceSoir sur le dilemme qui a opposé son pays à la FIFA. Il nous livre également sa vision du football africain et ses perspectives.
FRANCESOIR. Avez-vous digéré la décision de la FIFA de ne pas libérer Mahamadou Diarra et Frédéric Kanoute *?
SALIF KEITA. Si cela a été très difficile dans un premier temps à accepter, nous n”en tenons pas trop rigueur à la FIFA. Sepp Blatter et la Fédération Internationale ont depuis reconnu leur erreur et pris des directives pour que ce genre de situation ne se reproduise plus. C”est une bonne chose et puis nous avons en plus facilement remporté notre match face à la Sierra Leon (6-0). Cela a permis à d”autres joueurs de se mettre en valeur tant mieux pour eux.
Comment jugez-vous actuellement le football africain ?
On ne peut pas parler d”un football africain. Il y a deux choses bien distinctes puisque le football de clubs n”est aujourd”hui pas d”un très bon niveau. Même la Ligue des Champions ne propose pas de grandes affiches ni de grand matchs, en revanche au point de vu national l”Afrique a de vrais arguments à exposer. La Coupe d”Afrique des Nations est une compétition très intéressante et l”on voit bien que plusieurs équipes nationales peuvent rivaliser aujourd”hui avec des formations européennes. Lors de la Coupe du monde en Allemagne la Côte d”Ivoire, le Ghana ou encore le Togo ont prouvé qu”ils avaient de bons arguments à faire valoir.
Vous compter sur la future Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010 pour attirer plus de regards sur l”Afrique ?
Tout le continent pense que cette Coupe du monde sera l”occasion de prouver que l”Afrique est capable d”organiser une grande compétition. Je pense en plus qu”une équipe ou deux ne seront pas loin de du titre.
Auxquelles pensez-vous ?
Comme lors de la Coupe du monde 2006, le Ghana et la Côte d”Ivoire auront une équipe très compétitive. L”Egypte, la Tunisie et pourquoi pas le Mali ne seront pas non plus loin du compte si nous préparons cet événement dans les meilleurs conditions. Tous les membres de l”équipe travaillent en tous cas pour amener notre nation au plus haut niveau et pour défendre au mieux les couleurs de notre pays.
Vous parlez de bonne préparation pourtant à l”image du Togo lors de la Coupe du monde Allemande certaines nations semble souffrir de gros problèmes d”organisation ?
Tous les pays ne sont effectivement pas au même niveau de professionnalisme et les choses sont plus ou moins bien faites selon la nation mais tout cela s”arrangera avec les résultats. Si des pays africains arrivent à obtenir sur la durée de bons résultats alors la logistique suivra.
N”êtes vous pas inquiets du départ tous les ans des meilleurs éléments africains vers l”Europe ?
Vous savez il y a un bon et un mauvais côté à chaque chose. En rejoignant l”Europe nos meilleurs éléments s”aguerrissent et travaillent dans des structures très professionnelles avec les meilleurs joueurs et entraîneurs du monde. C”est très important pour eux de se frotter à ce qui se fait de mieux au monde. En revanche il est sur que pour le développement du football de club c”est une très mauvaise chose. Si nos meilleurs éléments nous quittent régulièrement il sera difficile de fidèliser le public autour de ces événements. Il est de toutes manières impossible de rivaliser actuellement dans le football mondial. Même chez vous en France les joueurs les plus talentueux partent pour les championnats plus riches comme l”Italie, l”Angleterre ou l”Espagne.
Propos recueillis par Jean-Sébastien Hevin et Mathieu Loréal.
France Soir du 28 Juin 2007 – Exclusivement publié en ligne sur Maliweb !
*Les deux stars de l”équipe malienne, convoqués par leur équipe nationale pour un match comptant pour les éliminatoires de la CAN 2008, avaient du rejoindre l”Espagne, sur décision de la FIFA, pour disputer avec leur club respectif une rencontre comptant pour la dernière journée du championnat d”Espagne.
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