Sous la conduite du sélectionneur national Alain Giresse, les Aigles du Mali se retrouvent dan un état d’esprit qui tranche d’avec un passé récent. La solidarité : voilà le langage des nouveaux Aigles.
L’on a coutume d’affirmer que dans une équipe de football, le talent intervient sur un match alors que l’état d’esprit est déterminant sur le long terme. Dès lors, responsables et supporters des Aigles du Mali ont des motifs de satisfaction au vu de la situation que vit actuellement la sélection nationale, version Gigi.
Depuis la venue de Alain Giresse, et sans doute avec l’absence de certains cadres, la sélection nationale renoue avec des valeurs essentielles qui rassurent. Et les joueurs sont dorénavant conscients de la nécessité de rebâtir une équipe avec un nouvel esprit, dont le socle est l’engagement pour la patrie.
Un petit rappel !Au sortir de la CAN Angola 2010, le monde sportif désavouait le comportement d’ensemble d’un groupe qui avait privilégié les revendications de primes. Ce qui a eu pour conséquences de perturber la concentration de l’équipe avec les résultats que l’on sait. Puis, le groupe était fortement miné par des divisions internes, l’équipe se trouvait ainsi fragmentée en clans. En dehors des heures d’entraînement, la fracture était visible entre des binationaux franco-maliens et les maliens locaux, ou entre des pro Djila et pro Seydou. Et sur le terrain, la solidarité entre les Aigles en prenait forcement un coup. Depuis Henry Kasperzak les différents sélectionneurs et responsables fédéraux ont constaté impuissamment la cassure s’installée entre les joueurs. En somme, les Aigles étaient divisés.
La contre-performance de Angola 2010 aura finalement été salutaire. Depuis, en l’absence des Mahamadou Sidibé, Momo Sissoko, Seydou Kéita, Mamadou Diallo ou Frédéric Kanouté, l’équipe a retrouvé une certaine cohésion interne et l’entente semble parfaite. Déjà lors du regroupement pour le match de la première journée contre le Cap Vert, les Aigles ont impressionné par l’ambiance au sein du groupe.
Solidarité retrouvée
Le capitaine Mahamadou Diarra qui jouait pleinement le rôle s’est mis au service des plus jeunes qui s’exprimaient surtout par leur envie de mouiller le maillot. « Je suis sûr qu’avec cet esprit et la valeur individuelle et collective dans notre groupe, nous sommes capable de réaliser des exploits » nous a fièrement lancé le capitaine Djila à la suite de la défaite contre le Cap Vert. Convaincu que l’équipe a son avenir, le joueur du Real Madrid a surtout fondé son analyse sur la grande envie de l’ensemble de ses coéquipiers à porter très haut le drapeau national.
Samedi dernier contre le Liberia, cette envie et cet engament était perceptible dans le jeu produit par les poulains de Alain Giresse. En plus de la générosité dans l’effort, Mahamadou Diarra et ses coéquipiers ont fait preuve d’une grande solidarité à toutes épreuves. Cette solidarité s’est certainement forgée dans les regroupements où les joueurs mangent désormais ensemble à chaque repas. Et où les Aigles font bloc.
Des primes partagées
Apparemment, le fait le plus marquant du nouvel esprit aura été sans doute cet élan de solidarité des 18 joueurs inscrits sur la feuille de match envers les 5 autres, qui n’étaient pas dans cette liste (Adama Kéita, Issiaka Eliassou, Souleymane Kéita, Ismaël Kéita et Bakaye Traoré). La prime de match de 2 millions de FCFA chacun était due aux joueurs inscrits sur la feuille de match. Lorsqu’il s’est agi de payer cette prime après le match, Mahamadou Diarra et ses camarades ont décidé collectivement que le pactole de 36 millions soit partagé équitablement entre tous, c’est à dire les 23 joueurs convoqués par l’entraîneur. « Ils doivent prétendre aux mêmes droits que nous. Ils n’ont pas été retenus sur la feuille de match par une simple décision du coach. Nous avons été ensemble jusqu’au bout pour ce succès » a lancé un des joueurs les plus en vue contre le Liberia.
Résultat : l’ensemble des 23 joueurs convoqués par Alain Giresse se sont retrouvés avec la somme de 1.560.000 FCFA. Jamais, un tel geste n’a été enregistré au sein de l’équipe nationale du Mali.
Au-delà, cette solidarité de groupe doit inspirer les autorités à intéresser désormais l’ensemble des joueurs convoqués pour un match. Cela au nom de l’équité.
O Roger Sissoko