Connu sous le surnom « Makwaza » , Issaka Diallo est un ex arbitre international et enseignement à la retraite. Conciliant longtemps enseignement et sport, le colosse arbitre, opte enfin pour le sport. Isaka Diallo, dès son jeune âge, à embarrassé la carrière sportive. Joueur de basket, puis de football dans les grands clubs notamment au Stade Malien, au Réal, entraineur, Makwaza devint arbitre international émérite qui traina sa bosse dans plusieurs stades d’Afrique. Connu pour son franc-parler, Makwaza s’est livré à notre journal KayesInfos pour passer au peigne fin l’actualité sportive du Mali et la crise qui règne dans le football kayesien en particulier! Entretien
Il est évidemment difficile de parler de soi mais j’accepte avec plaisir cet exercice avec vous. J’ai joué au Stade Malien, au Real également et ensuite je suis devenu entraineur de Basket. J’étais arbitre de basket par la suite suis devenu arbitre de football. Qu’est ce qu’être arbitre ? vous allez me demander! Eh bien quand on est arbitre, on doit surtout être neutre en tout lieu sur le terrain. J’ai opté pour ce métier difficile mais passionnant et grâce à mon sens de la justice, j’ai gravi très vite les échelons pour devenir arbitre international de football.
A l’arbitrage en 1983 j’ai intégré le district déjà, en 1986 j’ai été arbitre de ligue et 1988 arbitre fédéral international.
Vous savez, Les matchs réputés difficiles au Mali, c’était les matchs Dioliba-Stade Malien ou les 2 derniers matchs du championnat. Donc on me faisait surtout appel pour ces grands derbies. Evidemment ce n’était pas facile en ce moment car il y avait trop de pression. Les camarades (arbitres) de Bamako étaient contournés pour me donner ces matchs par ce qu’ils ne se sentaient pas en sécurité.
KayesInfos : Quel souvenir de match difficile que vous gardez en mémoire ?
Par rapport aux matchs difficiles, ceux qui restent plus en mémoire sont les confrontations Dioliba-Stade. Je me rappelle également le match de l’équipe de Sélingué qui avait éliminé le Dioliba et qui devait jouer la semaine suivante avec le Stade Malien en coupe du Mali. On a fait monter le trio arbitral de Kayes par ce que quand une équipe inconnue arrive à battre le Dioliba et qui doit rencontrer le Stade Malien, il y avait encore trop de pression et d’enjeu.
KayesInfos : Quel soulagement gardez-vous en tant qu’arbitre ?
Quand l’arbitrage malien avait des problèmes, on nous a confié un match à Abidjan : c’était une équipe de l’Angola contre l’ASEC d’Abidjan. Lors de cette rencontre, on nous a dit : « on vous donne ce match, si ça marche c’est bon, mais si ça ne marche pas l’arbitrage malien sera terminé. » Donc la fédération a fait la désignation, on nous a donné des conseils et le match a été vraiment très dur parce que les Ivoiriens étaient menés 1 à 0 au match aller, pour les Ivoiriens, il fallait d’abord égaliser ensuite mettre un 2ème but. Ils ont joué 90mns, les Ivoiriens ont eu 23 corneurs et ils ont marqué un seul 1 but, c’était juste une égalisation (1-1) C’est par suite de la fatidique série des tirs au but que l’ASEC s’est qualifiée. A l’époque quand tu es étranger et tu viens siffler dans un pays comme la Côte d’Ivoire où beaucoup des Maliens vivent, c’est bien la peur au ventre, parce que s’il arrive que l’équipe ivoirienne perde, on pouvait automatiquement s’en prendre à nos compatriotes. Fort heureusement, je dirai, l’ASEC a gagné. je garde ce match comme souvenir de match difficile.
KayesInfos : Avez-vous sifflé une finale ?
J’ai sifflé la finale de la coupe du Mali en 1988 qui opposait le stade malien de Bamako et …., c’était l’année où je suis monté arbitre international, il y avait des problèmes de désignations et la fédération a eu confiance à ma personne pour la finale. J’étais juste arbitre de touche au départ mais par la suite on m’a choisit comme arbitre central. Le match s’est très bien passé, c’est le Stade Malien 3-1.
KayesInfos : Le sport et la politique ?
Vous savez au Mali, il y a la crise par ce que la politique se mêle un peu du sport, mais ce sont des domaines bien séparés, les politiciens peuvent soutenir le sport mais ne doivent s’immiscer dans les élections. Malheureusement, aujourd’hui c’est ce que nous constatons en Afrique et c’est regrettable, il faut vraiment laisser le sport aux sportifs ! De Kayes à Bamako, chacun veut toujours avoir son élément en cas d’élection pour toujours ne pas perdre la fédération et on maintient toujours les mêmes gens et cela crée toujours des crises interminables.
KayesInfos : Et le district de Kayes ?
Au niveau du district de Kayes, il y avait un remembrement par ce que le président a démissionné. Le président avait eu beaucoup de pression autour de lui, il a démissionné. Il fallait ainsi faire un remembrement, l’ancien président (District) qui n’était même pas membre du bureau se retrouve à la tête de la liste du district. Et depuis là, il a eu vice de forme, en tout cas quelque chose n’allait pas ! En fait, il faut le dire, ils ont violé les textes et cette année 2013 le même scenario revient mais cette voici on crée un autre bureau parallèle et on se retrouve avec 2 districts. Pourquoi deux districts ? alors que les textes sont clairs ! Temps que nous continuons avec cette situation, Kayes ne peut sortir du coup et ne peut s’améliorer. L’autre problème, on maintient les jeunes dans les carcans c’est à dire tu es dans ce club tu restes dans ce club, tu ne quittes pas. Les présidents des clubs refusent les transferts. Or, il faut les transferts dans le monde du football pour qu’il se développe !
KayesInfos : Pourquoi le football ne marche pas à Kayes ?
Parce que les forces sont divisées, vous savez en 1987 pour remporter la coupe du Mali, Kayes a fait une sélection dans les quartiers de Kayes. Les dirigeants à l’époque ont dit qu’il y a une génération qui est fatiguée, il faut maintenant la remplacer. Ainsi le comité directeur à l’époque a dit de prendre les joueurs de quartiers, certaines personnes ont dit que c’est une folie et une grave erreur de prendre les jeunes du quartier. C’est avec cette sélection de jeunes joueurs que Kayes remporter la coupe du Mali 2 ans après. Je vous jure qu’ils ont malmené tous les clubs de la capitale : le Djoliba, le Stade Malien, et d’autres.
KayesInfos : La Solution ?
Pour que le football kayesien marche, il faut d’abord dire aux politiciens de laisser le sport tranquille et de se limiter juste aux soutiens financiers ou moraux. Les cadres du sport ne doivent pas se tirer dessus pour des faux problèmes. Le but ultime c’est de faire en sorte que les jeunes soient bien encadrés et redonner à Kayes son lustre d’antan. Les encadreurs ne doivent pas rester dans les bureaux, ils doivent descendre sur le terrain et s’approprier les réalités et proposer des solutions concrètes.
Il ne sert à rien des créer partout des clubs. Les clubs n’ont pas les moyens financiers d’organiser eux-mêmes les compétitions. Je vois maintenant que les communes mêmes commencent à être s’affilier à la fédération. Si vous créez dans les communes des clubs qui sont distant de 45km vous leur dites de faire un tournoi aller et retour il y a des problèmes financiers qui vont se poser. Le mieux c’est de les regrouper dans un même tournoi et dénicher des talents qui peuvent redonner à la région de Kayes des groupes compétitifs sur l’échiquier national et international.
Boubacar Niane