Depuis un certain, le football féminin commence à connaître un essor considérable dans notre pays, même si la prestation de nos équipes nationales laisse à désirer. Les responsables en charge de ce sport sont en train de prendre toutes les initiatives de développement. Parmi eux, figure en bonne place Mme Traoré Fatou Camara, ancienne joueuse de l’Amazone F.C de Boulkassoumbougou, présidente de la Commission Football féminin de la Ligue du District de Bamako, Membre de la Commission football féminin de la Fédération malienne de football (Femafoot), Commissaire des matches CAF et FIFA. Il s’agit donc d’une dame de fer qui œuvre pour la promotion du sport dans notre pays.
Le football féminin fit son apparition au Mali dans les années 1980. Les jeunes filles pratiquaient ce sport dans les rues de Bamako et à l’école avec les garçons. Il connaîtra un début difficile avec la volonté malveillante de certaines personnes. Car, selon elles, le football est uniquement un sport masculin. Mme Traoré Fatou Camara se rappelle bien de ses débuts en football : « ça n’a pas été facile. On me traitait de tout quand je partais m’entraîner avec mes frères. Sinon, dans notre famille, je n’ai eu aucune difficulté».
Quelques années plus tard, le football féminin commença à changer de visage avec la création du Club UNESCO qui fut un véritable ouf de soulagement pour les mordus du ballon rond féminin. «C’est en ce moment que trois journalistes se sont donnés la main pour créer un Comité national pour le football féminin. Il s’agit de Baba Cissouma du journal Match, Amadou Alphouseyni Touré de la Radio Bamakan et de Modibo Z. Coulibaly du journal N’Tolatana. Avec leurs efflanqués moyens, ils ont pu organiser plusieurs compétitions à l’intention des équipes du football féminin», nous révèle Mme Traoré Fatou Camara. Face à l’engouement et le succès que ce sport attisait, la Ligue de football du District de Bamako s’est dite prête à assurer la relève. En 1994, elle inséra le football féminin dans son programme. «Franchement, elle nous a facilité la tâche. Car, l’affiliation à la Ligue était gratuite. Il suffisait seulement de payer les frais de la subvention de la licence», précise notre interlocutrice.
C’est à partir de cette date que les joueuses de la capitale, sous la houlette de l’AS Real et des Amazones de Boulkassoumbougou ont commencé à forcer les Maliens à admirer ce football féminin. Celles-ci ne pensaient qu’à jouer au football par amour et par passion contrairement à celles de l’actuelle génération. «Nous, nous ne connaissions pas l’argent contrairement à nos cadettes qui disposent aujourd’hui de tous les privilèges pour faire une bonne carrière».
Dans les années 2000, la Fédération malienne de football, sous la houlette de son président Amadou Diakité, créa l’équipe nationale féminine du Mali. Mais hélas, cela coïncida avec les jubilés des Fatou Camara qui ne pouvaient plus évoluer au sein de cette équipe nationale. Donc, il fallait procéder à leur remplacement. Une tâche qui n’a pas été facile au bureau fédéral, qui n’avait pensé à aucune politique des jeunes. Ce remodelage fut catastrophique pour le football féminin, car la discipline perdra tout son repère. Son niveau baissa de jour en jour, car les joueuses ne travaillaient pas convenablement dans leurs clubs respectifs, chacune ne pensant qu’à l’équipe nationale. Pire, la plupart d’entre elles ne se comportaient pas en filles. Elles se comportaient désormais en vrais hommes : habillement, démarches, façon de parler, etc. Une attitude qui a découragé beaucoup de férus de ce sport, qui ont fini par déserter les terrains de football féminin.
Pendant une dizaine d’années, l’équipe nationale du Mali et son entourage furent pourris et la Fédération demeurait inapte pour ramener l’ordre. «C’était vraiment déplorable. Nous qui fûmes leurs devancières, nous ne sommes pas comportées ainsi. J’ai l’habitude de leur dire de ne pas se comporter de la sorte. Je préfère qu’on me dise que cette fille se comporte comme un garçon, plutôt qu’elle ressemble à un garçon. Moi, mon cas est un bel exemple. Je m’habillais correctement et je respectais tout le monde. En même temps, j’ai continué avec mes études. La preuve est que j’ai fini et je travail actuellement. Ensuite, je suis mariée et mère d’un enfant. Tout cela pour dire que le football féminin est plus éducatif que nuisible», avoue Traoré Fatou Camara. En 2010, plusieurs voix se sont levées pour demander la restauration de l’équipe nationale du Mali. Pour ce faire, le toilettage a débuté au niveau de la Commission football féminin de la Fédération malienne de football. C’est ainsi que Gouro Cissé fut viré au profit de Sala Baby, un homme très courageux et ambitieux. Et au niveau de la Ligue de football du District de Bamako, on assista à l’atterrissage de l’ancienne joueuse des Amazones de Boulkassoumbougou, Mme Traoré Fatou Camara, en tant que président de la Commission football féminin. Quelques mois après leur prise de fonction, le football féminin commença à faire un grand pas en avant. L’équipe nationale fut renouvelée à plus de 90%, les mauvaises graines étant écartées. Selon Fatou Camara, les initiatives n’ont pas toujours fini d’être prises : «Nous envisageons d’instaurer le football féminin au niveau de nos établissements scolaires afin de le développer à la base. A cela s’ajoute l’organisation des compétitions à l’intention des catégories inférieures. Car, nous voulons catégoriser toutes nos compétitions. Cela ne peut se faire sans une formation adéquate des parties prenantes. C’est pourquoi nous voulons aussi organiser des sessions de formation à l’intention de nos arbitres et entraîneurs afin que nous ayons de vrais arbitres et des entraîneurs locaux ».
A noter que la première édition de la Coupe du Mali du football féminin s’est tenue l’année dernière et elle a tenu toutes ses promesses. Ensuite, le championnat régional du football féminin, nouvelle version, est présentement au niveau du carré d’AS.
Selon nos enquêtes, de 1994 à nos jours, plus de cinq cent licenciées sont recensées au niveau de la Ligue de football du District de Bamako. Afin de permettre un développement durable du football féminin dans notre pays, les parents doivent encourager leurs enfants à pratiquer ce sport. Et aux operateurs économiques de suivre l’exemple de l’ECOBANK, en sponsorisant ce sport qui commence à sortir sa tête de l’eau.
M .D
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BON COURAGE FATOU,
ET BON VENT AU FOOT FEMININ,ON CONNAIT TES TALENTS ET ON EST CONFIANT.
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