Éliminatoires de la CAN 2008, Mali-Bénin 1-1 : l''E. N. tombe dans ses travers

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Face aux Écureuils, les Aigles ont étalé beaucoup de lacunes en attaque et au milieu de terrain.

"La victoire ne suffira pas, il faut également y mettre la manière". À l”instar du défenseur de Sochaux, Fousseïny Diawara que nous avons rencontré vendredi à Kabala, la plupart de nos compatriotes y compris les joueurs pensaient que ce Mali-Bénin était l”un des matches les plus faciles pour les Aigles et que les Écureuils étaient une proie toute désignée pour Mahamadou Diarra "Djila" et ses coéquipiers.

Non seulement le petit rongeur à la queue touffue ne s”est pas fait dévorer par l”aigle et mieux, le capitaine Anicet Adjamossi et ses camarades ont joué totalement décomplexé face aux "grandes stars des championnats européens" (selon l”expression des joueurs béninois eux-mêmes). Résultat : les Écureuils ont créé la sensation de cette troisième et dernière journée de la phase aller des éliminatoires en obtenant le nul 1-1 dans un stade du 26 Mars rempli comme un oeuf.

Les joueurs de Waby Gomez se sont même fait le luxe d”ouvrir le score dans les arrêts de jeu de la première période par le sociétaire de l”Étoile du Sahel (Tunisie), Mouriola Ogunbiyi mis sur orbite par Stéphane Sessegnon et dont la frappe en course laissa le keeper malien sans réaction. Une belle leçon d”efficacité et de réalisme de la part des visiteurs dont c”était la deuxième occasion après celle obtenue dans les minutes initiales par Bazaka Omotoyossi (5è).

La pilule est d”autant plus difficile à avaler pour les 50.000 spectateurs du stade du 26 Mars que quelques minutes auparavant (35è), Frédéric Kanouté, bien décalé sur le côté par Seydou Keïta, avait perdu son duel dans les mêmes circonstances avec le keeper adverse, Racha Chitou. Cette belle opportunité venait s”ajouter à plus d”une demi-dizaine d”occasions aussi nettes les unes que les autres et qui auraient pu permettre aux joueurs de Jean-François Jodar de tuer le suspense dès la première mi-temps. Entre autres on peut citer ces deux tentatives de Seydou Keïta sur la transversale (9è) et le poteau (31è), ce tir de Mamadou Diallo contré dans les six mètres (17è) et cette reprise de près de Police qui survolera la transversale (22è).

Ce ne sont donc pas les occasions qui ont manqué du côté malien, mais plutôt la baraka et surtout le réalisme devant les buts adverses. Mais ces deux facteurs n”expliquent pas seuls la contre-performance des joueurs de Jean-François Jodar face aux Écureuils. Djila et ses coéquipiers ont également péché sur le plan collectif et pour ne rien arranger à cette situation, nombre de cadres de l”équipe sont passés à côté du sujet. Le capitaine Djila est apparu en panne de répondant physique mais aussi d”inspiration, Momo Sissoko a été méconnaissable dans son rôle de régulateur de jeu, tout comme Soumaïla Coulibaly qu”on n”a pratiquement pas vu pendant une heure.

Jamais, le milieu de terrain des Aigles n”a réussi à imposer son jeu en dépit de la belle prestation de Seydou Keïta, sans doute le meilleur Malien de la partie et qui a prouvé qu”il peut parfaitement endosser la casaque de patron des Aigles. Auteur de 9 buts en Ligue 1 (championnat français), le capitaine lensois a été le véritable catalyseur de l”équipe des Aigles qu”il a finalement tirée de la mauvaise passe en obtenant un penalty à la 53è minute. Par la suite, Seydoublen comme l”appellent familièrement les supporters, va même marquer, mais ce but sera refusé par le référé central ivoirien pour une faute sur un défenseur béninois.

À la suite d”un une-deux avec Frédéric Kanouté, Bassala Touré obtiendra la balle du deuxième but au bout des crampons, mais le keeper, Racha Chitou était là encore (60è). Les deux dernières occasions seront béninoises : un tir de Bazaka Omotoyossi bien capté par Mahamadou Sidibé (62è) et cette frappe lourde de Tchomogo Konabé sur le montant droit du keeper malien battu sur le coup.

Djila et ses coéquipiers qui avaient impérativement besoin d”une victoire pour passer devant le Togo qui avait dominé 3-1 la Sierra Leone 24h plus tôt, chutent à la deuxième place du groupe avec un point de retard sur les Éperviers. Du coup, le sélectionneur national Jean-François Jodar se voit contraint de revoir son plan de marche initial qui consistait à faire le plein à domicile (9 points) et chercher au moins une victoire à l”extérieur. Certes rien n”est encore joué dans le groupe, mais la marge de manoeuvre s”est considérablement réduite pour les nôtres désormais condamnés à gagner trois matches d”affilée dont deux à l”extérieur pour être sûrs de terminer premiers de la poule. Petite consolation pour Djila et ses coéquipiers, ils sont toujours invaincus après trois journées de compétition ce qui n”est pas le cas des autres protagonistes du groupe.

S. B. TOUNKARA

Dimanche 25 mars au stade du 26 Mars

Mali-Bénin : 1-1
Buts de Frédéric Kanouté (53è s.p) pour le Mali; Mouriola Ogunbiyi (45+2) pour le Bénin

Arbitrage de Désiré Noumandiez (Côte d”Ivoire) assisté de ses compatriotes Oussou Kouadio Eugee et Moussa Bayéré.

4è arbitre : Moussa Ben Déka Diabaté (Mali)
Commissaire : Issa Mahamat Salah (Tchad).

Mali :

Mahamadou Sidibé, Adama Coulibaly, Cédric Kanté, Souleymane Diamouténé, Adama Tamboura, Mahamadou Diarra (cap), Soumaïla Coulibaly (Bassala Touré), Mohamed Lamine Sissoko (Drissa Diakité), Seydou Keïta, Mamadou Diallo et Frédéric Kanouté (Dramane Traoré). Entraîneur : Jean-François Jodar.

Bénin :

Racha Chitou, Damien Chrystosome, Khaled Adenou, Alain S. Gaspoz, Anicet Adjamossi (cap), Jocelin Ahoueva, Tchomogo Konabé (Agnidé Moustapha), Stéphane Sessegnon, Oumar Tchomogo, Mouriola Ogunbiyi (Flavien Oketola) et Bazaka Omotoyossi.
Entraîneur : Gomez Waby.

Ils ont dit :

Gomez Waby (coach des Écureuils) : C”est pas toujours facile de jouer en terre étrangère. Mon choix tactique a bien marché et nous remercions Allah. Sur le papier tout le monde sait que le Mali est grand favori devant le Togo qui vient de participer à la coupe du monde, mais nous nous battons avec nos qualités et nos armes pour garder le contact avec le peloton de tête et on verra le reste avec le seigneur. La force de mon équipe a été la solidarité du groupe, les enfants ont accepté de jouer avec leur courage au sein d”un groupe compact. Je leur dit merci. Ils ont donné tout ce qui est à donner Je ne crie pas trop tôt victoire, car il y a la manche retour et vous venez de voir ce qui s”est passé ici..

Adenona Anicet ( capitaine des Écureuils) : Je remercie d”abord le public qui a applaudi notre résultat. le Mali vient de montrer qu”il est fair play et nous nous connaissons la sympathie du public malien. Sur le terrain ça n”a pas été facile, il fallait évacuer la pression. Nous avons eu aussi de la chance car les Maliens ont raté beaucoup de buts. Ce nul nous ragaillardi et nous sommes prêts pour la suite de la compétition. Nous allons tenter de gérer le match retour en n”oubliant qu”en sport les surprises existent. le Mali est un grand pays de football et nous apprécions la prestation des joueurs maliens dans les grands championnats européens, mais en football la réalité diffère d”un terrain à l”autre, d”une compétition à l”autre.

Ogounbiyi Mouriola (attaquant des Écureuils) : C”est un grand jour pour moi et je remercie Dieu pour m”avoir donné ce but. La tâche n”était pas facile et nous n”imaginions pas qu”on pouvait obtenir le nul ici. Maintenant que nous réussissons le nul contre le Mali, cela va nous permettre d”être serein pour les autres rencontres tant à Cotonou qu”à l”extérieur. Le Mali a une bonne équipe qui méritait même de gagner aujourd”hui. Mais c”est ça aussi le football. Je remercie le public qui a été fair play.

Jean-François Jodar (coach des Aigles) : "Le match a été difficile pour nous. Personnellement, je m”attendais à ça, et je n”ai pas cessé de le dire aux joueurs. Bon, je ne dirai pas qu”ils n”ont pas suivi les consignes. Ils se sont battus jusqu”au bout vu les nombreuses occasions qu”on a raté en première mi-temps. Il faut également une petite chance pour débloquer les situations. Rien n”est encore perdu, les garçons sont conscients de la tâche qui les attend. Et ce n”est pas parce que nous allons jouer à l”extérieur que cela peu constituer un handicap. Nous avons encore trois journées à disputer et je vous dis que nous n”allons pas perdants"

Drissa Diakité (milieu de terrain des Aigles) : "C”est un match qui nous a laissé sur notre faim. Je suis désolé pour le résultat. Nous méritions mieux au regard des occasions qu”on a ratées. C”est de la malchance. On peut nous reprocher tout sauf de n”avoir pas tenté. Le reste de la compétition se complique, mais la qualification n”est pas impossible, loin s”en faut. Il ne faut pas s”alarmer du tout. Jusqu”à preuve de contraire nous n”avons pas encore concédé de défaites, c”est important car si nous terminons sans défaite, nous serons en bonne position pour la qualification.

Soumaïla Coulibaly (attaquant des Aigles) : "Nous n”avons pas pu marquer ici, c”est dommage. Toutefois, rien n”est encore perdu, nous gardons encore notre chance de qualification. Ce n”est pas parce que nous avons été tenu en échec à Bamako que nous ne pouvons pas gagner le match retour devant le public béninois. Sur l”ensemble du match, nous n”allons pas cracher sur ce résultat. Certes, les choses se compliquent un peu, mais c”est dans les situations difficiles qu”on peut mesurer ses vraies valeurs. Je reste plus que optimiste pour les rencontres à venir. Et je demande au public, aux supporters de rester sereins. Nous allons nous battre jusqu”au bout et si tout va bien, on sera au Ghana en 2008..

Rassemblés par
S. BADIAGA
L. DIARRA

Déception dans les rues de Bamako

C”étaient la consternation et la désolation dans les rues de Bamako, dimanche après le match nul concédé par notre sélection nationale face aux Écureuils du Bénin. Dès la sortie du stade du 26 Mars, le seul spectacle qui s”offrait au public était la longue file de véhicules, de motos et de piétons. Les supporters marchaient le long de la route de Yirimadio dans un silence de mort et tous étaient pressés de rentrer à la maison le plus vite possible. Dans les différents quartiers de la capitale, il n”y avait pas d”animation dans les rues et autres lieux publics.

"L”entraîneur des Aigles n”a pas su regrouper les joueurs à temps. Contrairement aux Béninois, les nôtres n”ont livré aucun match de préparation", a commenté Seydou Coulibaly, un fan des Aigles domicilié à Torokorobougou. Notre interlocuteur qui s”est dit impressionné par la prestation de Adama Tamboura, a regretté le maintien de Frédéric Oumar Konaté jusqu”en deuxième période. Un autre supporter, Jacques Poudiougou, dira que l”équipe a déçu surtout au niveau de l”attaque qui "manque de percussion tandis que la défense n”est guère rassurante".

B. M. SISSOKO

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