Eliminatoires Can junior à Lomé : Le «voyage d’enfer» de certains supporters des Aigles du Mali

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Les aiglons prêts à défier les étalons juniors du FasoLes aiglons prêts à défier les étalons juniors du Faso
Parmi les quatre expatriés figure le sociétaire de Monaco,
Cheick Keïta (en blanc)

Un voyage d’enfer. Peut-être l’expression semble être trop forte, mais elle n’est non plus exagérée. En effet, en déplacement à Lomé au Togo dans le cadre d’un duel de titans entre Aiglons du Mali et Eperviers juniors du Togo qui devait permettre à l’une des deux équipes d’obtenir son ticket pour la Can junior 2015, certains supporters que d’aucuns appellent volontiers «supporters-commerçants», ont connu toutes les souffrances du monde avant de revenir au bercail le 5 septembre dernier. Alors qu’ils avaient quitté Bamako le 27 août 2014, le match devant se jouer le 1er septembre. Notre carnet de voyage.

 

Le 31 août dernier, les Maliens amoureux du football avaient les yeux rivés sur Lomé, la capitale togolaise. Et pour cause, nos Aiglons y affrontaient leurs homologues togolais en match retour comptant pour la 3ème et dernière journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) juniors (U-20)  qui se jouera en terre sénégalaise en 2015. L’enjeu étant donc de taille, la mobilisation était également de taille tant du côté malien que de celui togolais. Pour parvenir à barrer la route de la Can junior 2015 aux Eperviers (moins de 20 ans), les autorités sportives maliennes ont mis les bouchées doubles. Ainsi, trois grands cars ont transporté en terre togolaise supporters et journalistes, soit un car pour les hommes et femmes des médias et deux cars pour les supporters regroupés au sein de l’Union nationale des supporters des Aigles du Mali. Ce qui a d’ailleurs permis aux Aiglons, avec le soutien massif des Maliens vivant au Togo, d’arracher la qualification, malgré leur courte défaite (0-1), puisqu’ayant remporté la manche aller à Bamako (2-0).

Ce qu’il faut retenir, c’est que dans les deux cars pour supporters, il y avait deux catégories : les supporters supposés tels et ceux que d’aucuns surnomment «supporters-commerçants». C’est le périple de ces derniers qui nous intéresse ici. Partis de Bamako (Stade Mamadou Konaté) le 27 août 2014 vers 21h 30, tout semblait être rose. La joie se lisait sur tous les visages.

Premiers faux pas

La traversée du Mali jusqu’à la frontière Mali-Burkina fut presque sans problème, malgré quelques tracasseries policières et douanières. Mais, pour retrouver la route menant au Burkina-Faso, il a fallu faire plusieurs gymnastiques. Et au poste de contrôle à l’entrée de Bobo Dioulasso, l’agent détecte qu’une dame avait dissimulé dans les bagages une importante quantité de bazins. Ceux-ci sont simplement saisis, mais l’agent demande au chef de la délégation de continuer jusqu’à Bobo Dioulasso (20 km environ) avant de revenir en taxi afin que le problème soit résolu. Ce qui fut fait, mais les voyageurs ont perdu deux bonnes heures. Du coup, la tension est montée d’un cran. Qu’à cela ne tienne, nous voici à Ouagadougou. Le lendemain, départ de Ouaga pour Lomé. Là, ce fut un véritable calvaire, car il a fallu faire du tourisme dans la capitale ouagalaise, avant de tomber sur un Malien «libérateur» vivant à Ouagadougou qui nous a conduits à la sortie en destination du Togo. Ce fut les mêmes cas pour retrouver la route du Bénin et celle de Bobo Dioulasso (au retour).

Montagnes et faille d’Alédjo : la peur bleue des supporters

Si malgré tout l’ambiance y régnait, c’est au niveau des montagnes du Togo, notamment de Kandé, de Lama-Kara et de la faille d’Alédjo que certains d’entre eux avaient cru à leur dernier jour sur terre. Et ils avaient raison, car pour une première fois, se retrouver sur les sommets des montagnes (à plus de 1000 mètres d’altitude) avec des virages risqués et la crainte de se retrouver au fond des fosses aux lions, panthères…, cela relevait d’un jeu dangereux. C’était donc un silence de mort et des sueurs froides.

L’achat des marchandises qui complique la situation

Il est de notoriété de reconnaître que le sport, notamment le football, rime avec le business. Après la qualification des Aiglons qui s’en est suivie et la grande animation des supporters qui s’est déroulée au fief des Maliens résidant au Togo, à Zongo, un quartier populaire de Lomé, le lendemain, place aux achats des marchandises, puisque ces supporters ne s’étaient seulement déplacés pour supporter les Aiglons. Résultats : perte de temps, coups de gueules par-ci et insultes par-là. À noter que durant tout le périple, il y a eu de temps à autre de vives altercations allant jusqu’aux insultes grossières qui ont failli tourner aux coups de poings. Des scènes, à l’instar de celles qui se sont déroulées à la frontière Burkina-Togo et à l’entrée de Fada N’Gourma (Burkina Faso)… et qui ont surpris les populations locales.

Des pannes de carburant à répétitions

Le plus choquant durant ce voyage Bamako-Burkina Faso / Burkina Faso-Togo/ Togo-Bénin / Bénin-Burkina Faso/ Burkina Faso-Mali, ce sont les pannes de carburant qu’on enregistrait. Et à chaque occasion, ces «supporters-commerçants» devaient cotiser de l’argent pour résoudre le problème. Ce qui agaçait plus d’un plus et entraînait des disputes. Et à l’entrée de Fada N’Gourma (Burkina Faso), la délégation a failli dormir en pleine brousse, n’eut été l’intelligence du chauffeur qui a procédé au pompage du carburant en quantité infime dans le réservoir pour parvenir au premier village. Là aussi, il n’y avait que du carburant frelaté. Conséquence : une grosse bagarre s’engage devant les habitants de la localité très ébahis et il a fallu alors y passer la nuit, par crainte de braquage puisqu’ayant attiré l’attention de certains bandits du milieu. Et ce n’est que le lendemain qu’on a pu se procurer de quelques bidons de gaz oil pour poursuivre la route.

La déclaration des marchandises qui pose de véritables problèmes

Après leurs achats de marchandises- pas n’importe lesquelles -, ces «supporters-commerçants» (il faut les appeler ainsi, puisqu’il n’y avait que quatre «vrais» supporters sur la quarantaine de voyageurs), ont eu mille et un ennuis. N’ayant pas déclaré la plupart des marchandises importantes, ils ont été confrontés, à leur retour au bercail, aux polices, aux gendarmeries et aux douanes. Et c’est à 300 km environ de Bobo Dioulasso, qu’ils ont cru tout perdre, car les douaniers en poste, après vérification, soutenaient qu’il ne s’agissait pas de vrais supporters, mais des commerçants se servant «frauduleusement» d’un ordre de mission pour effectuer «un commerce illicite». Tellement que ces marchandises bourraient les coffres, puisque certaines dames pour la plupart âgées (45, 50, 55 ans…) y avait déboursé plus d’un ou de deux millions de nos francs. Il a fallu des négociations intenses et une vérification de taille, avant que les douaniers ne laissent la délégation poursuivre son périple, après environ 5 heures de temps de tractations. Sans compter qu’à chaque fois qu’il n’y avait pas de l’argent pour payer les frais de transit, il fallait toujours et encore cotiser. Ce qui constituait une source de tensions, certains ne comprenant pas où sont passés leurs sous puisqu’ils ont payé leurs frais de voyage s’élevant à 37.500 FCfa. Dieu faisant bien les choses, nous voici à Bamako dans la nuit de vendredi, 5 août vers 20h30.

En somme, ce carnet de voyage, loin de jeter l’anathème ou du discrédit sur qui que ce soit ou sur une quelconque Association de supporters des Aigles du Mali, ambitionne plutôt d’interpeller les responsables desdites Associations, et au demeurant, le département des sports afin que les voyages de ce genre ne soient pas un calvaire, surtout pour nos mamans qui, à leur manière, entendent contribuer au développement socio-économique de notre pays.

Bruno LOMA (Envoyé spécial)

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