El-Hadary Gardien d’éternité

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A 45 ans, le gardien égyptien Essam El-Hadary va entrer dans l’histoire de la Coupe du monde, en devenant le plus vieux joueur à participer à la compétition. Méconnu en Europe, celui que l’on surnomme le «grand barrage» en Egypte est une légende du football africain. Hors du temps.
Par Nathan Gourdol et Cyril Olivès-Berthet
« Je suis né gardien de but. » À plusieurs reprises lors de notre long entretien, Essam El-Hadary a répété cette phrase comme pour la graver dans notre esprit. De ses débuts avec les pros, en 1993, à la « génération Salah » avec laquelle il va découvrir le Mondial, le gardien de 45 ans a vécu une révolution dans son quotidien d’homme et de sportif. Passé la barrière du physique massif et du regard noir visible sur un terrain, ce leader de vestiaire cache une personnalité profonde, spirituelle, appréciée de tous. Pendant plus de deux heures, à Zürich au mois de mars, il a défendu son sens du sacrifice, mais surtout une dévotion au football, à Dieu et à son propre destin. Au crépuscule d’une carrière de vingt-cinq ans qui l’a vu remporter 37 titres.
« J’ai toujours été gardien de but, même tout petit dans les 5 contre 5 ou 7 contre 7. Mais mon père ne voulait pas que je sois footballeur. Pour lui, ce n’était pas une vie. Il a même brûlé mes équipements devant moi ! J’étais détruit. C’est ma mère qui m’a permis de continuer en le cachant à mon père. J’allais au foot en dissimulant ma tenue dans mon pantalon. Je partais parfois à l’entraînement en sautant par ma fenêtre, en tenue de ville. Quand je rentrais plein de boue, je sautais dans le torrent qui passait en dessous de chez moi et je remontais par la fenêtre pour ne pas passer devant mon père. Je devais faire tout ça pour réaliser mon rêve. Je n’étais pas bon à l’école : tout ce que je voulais, c’était être gardien. » Une ambition si forte qu’El-Hadary ne sait ce qu’aurait pu être sa vie sans ballon : « J’aurais fait un truc où il y a de l’action. Policier peut-être. »
Malgré la désapprobation de son père, aujourd’hui son premier supporter, le jeune El-Hadary s’illustre dans des petits clubs de quartier, où il n’évolue jamais sur des grands terrains, inexistants dans sa région. Avant de voir son rêve prendre forme : en 1991, il intègre l’effectif de Damiette, le club pro du coin. « Il y faisait parfois très froid, mais je m’entraînais à mains nues, car je n’avais pas d’argent pour acheter des gants. Je souffrais comme pas possible, mais je tenais à rester solide dans ma tête et ne pas le montrer aux autres. Je me suis débrouillé pour avoir un gant, que je n’utilisais qu’en match pour ne pas l’abîmer. C’était la fête car j’avais une main protégée ! Aujourd’hui, je suis sponsorisé et j’ai des gants pour la pluie, la neige, pour l’été… Pour moi, ça reste fou, du luxe ! Surtout pour des mains comme les miennes : dures, calleuses, usées par le froid de Damiette. »
Avec de grands gestes, de multiples éclats de voix et des poses théâtrales, il déroule le fil d’une carrière qu’il avait quasiment programmée : « J’avais trois buts dans la vie, que je voulais atteindre dans un ordre bien précis : être un gardien de but pro, être le gardien d’Al Ahly, et être le gardien de l’Égypte. À 19 ans, j’en avais déjà accompli deux sur trois, mais pas dans l’ordre que j’avais imaginé : je jouais en première division et je faisais partie de la sélection. » Il réalisera son troisième vœu à 23 ans, en s’engageant avec le plus grand club du pays : Al Ahly.
Al Ahly, que l’on peut traduire par le National, fait partie du patrimoine égyptien, et plus largement du sport africain. La section foot du club a été créée en 1911 et, en plus de cent ans d’existence, la formation du Caire n’a jamais connu la deuxième division. Sacrés champions d’Égypte pour la 40e fois en mars 2018, les Diables Rouges ont été désignés « club africain du XXe siècle » en 2000 par la Confédération africaine. Vainqueur notamment de huit Ligues des champions africaines, Al Ahly est l’équipe la plus titrée du continent. Elle est aussi l’une des plus populaires, avec plus de 60 millions de fans déclarés, davantage que son rival national, Zamalek, l’autre grande formation cairote..
Al Ahly est un club viscéralement anticolonial, nationaliste et était à sa création un lieu de rassemblement des syndicats étudiants du Caire dans la lutte contre le colonialisme. Le club a toujours été très politisé, au point que Nasser, premier dirigeant égyptien issu du peuple (1956-1970), fut nommé président d’honneur en 1956. Essam El-Hadary a évolué à Al Ahly de 1995 à 2008, remportant sept Championnats et trois C1, avant son départ controversé en Europe en février 2008. À peine auréolé de son 3e titre de champion d’Afrique, il quitte soudainement l’Égypte, à 35 ans, pour rejoindre le FC Sion (Suisse). Ceci sans l’autorisation de son club de cœur, qui saisit la FIFA. Après deux ans de procédure, El-Hadary, revenu en Égypte à Al Ismailia à l’été 2009, écopera de quatre mois de suspension. Et le FC Sion sera interdit de recruter pendant un an.
A Al Ahly, il marquera l’histoire du football et du sport égyptiens, en remportant sept titres de champion d’Égypte et trois Ligues des champions d’Afrique en treize ans (1995-2008). Grâce à une inébranlable confiance en lui : « J’ai débuté en D1 avec Damiette, à 19 ans. Mais en 1993, en Égypte, il était très rare de faire jouer des jeunes. On me considérait comme un gamin. Pour percer, il fallait avoir du charisme. Je me suis construit une image, une personnalité, un caractère.
Je me battais comme un fou, sur tous les ballons. Ma carrière a décollé en 1996 lors d’un match contre Port-Fouad : on a ouvert le score à la 2e minute et, les 88 minutes restantes, les adversaires m’ont bombardé. J’ai tout arrêté. Dans les tribunes, il y avait tout le staff de l’Égypte. Ils m’ont dit à la fin qu’ils me voulaient en équipe nationale. Je n’y croyais pas. Quatre jours plus tard, j’étais sélectionné. »
Originaire de cette région côtière de Damiette, au nord du Caire, rurale et isolée, El-Hadary n’a alors ni passeport ni carte d’identité pour son premier voyage avec les Pharaons en Ouganda. Il faudra l’intervention du staff auprès des autorités pour lui permettre de s’installer dans des buts qu’il garde encore plus de vingt ans plus tard : « Je ne m’accorde aucune pitié. Lorsque les critiques sont dures, lorsque j’ai raté un match, je me punis moi-même. Quand cela arrive, et que tout le monde dort à 2 heures du mat’, je m’entraîne. Quand les gens font la fête, moi je cours. Je redouble d’efforts. La personne forte, c’est celle qui réussit à se relever. »
Parce qu’il a bâti sa carrière sur un sol meuble, dans l’incertitude du lendemain, hors des radars et des standards européens ; qu’il l’a vécue comme on livre un combat, Essam El-Hadary s’est distingué par des choix radicaux et un sens du professionnalisme exacerbé : « À ma retraite, je n’ai pas envie d’être dans le foot. J’ai tellement donné au foot pour en être là aujourd’hui. Je ne roule pas dans des voitures de dingues, je ne vis pas dans des villas de dingues. Je vis le foot, je respire le foot. Alors, quand j’arrêterai, j’ai envie d’être loin de tout ça pour m’occuper de ma famille car, durant toute ma carrière, j’ai fait ma vie loin d’eux. Même quand je jouais en Égypte, je ne les voyais pas, car j’habitais seul à côté du centre d’entraînement pour faire des heures supplémentaires. Je le reconnais : je ne voulais pas que ma famille et mes enfants m’éloignent du football. »
« J’aime vraiment le calme. J’aime la solitude, rester avec moi-même, me parler. Tous les gardiens ont ce côté un peu bizarre, foufou. Un gardien de but, ça reste énormément seul. C’est cette solitude qui ressort parfois les jours de match. Mon visage est fermé parce que je suis resté focalisé sur moi-même en amont. Je suis concentré. Je suis transcendé. On m’a souvent dit que je dégageais quelque chose, un supplément d’âme. Une force intérieure. »
Cette force intérieure, il la puise également dans la religion musulmane qui le guide au quotidien : « J’ai une académie de foot à Damiette, qui a sorti des joueurs professionnels. Je ne touche rien là-dessus. J’essaye juste de faire du bien autour de moi. Je fais cela car c’est ma manière de rendre ce que Dieu m’a donné. J’ai appris la prière pour le remercier dans les bons comme dans les mauvais moments. Quand j’étais en Égypte, j’allais à La Mecque très souvent. Désormais, je vis à côté, en Arabie saoudite (il joue à Al-Taawoun), mais j’y vais peu. Je suis croyant, mais je ne me considère pas comme quelqu’un de religieux. »
S’il reste pudique sur sa foi, El-Hadary l’exprime sans retenue sur un terrain, en se prosternant régulièrement sur la pelouse ou dans des célébrations théâtrales, devenues sa marque de fabrique, dont les supporters se délectent : « Je monte sur ma transversale et c’est peut-être un moyen de me rapprocher du divin. La première fois que j’ai grimpé sur ma barre, c’était après un derby Al Ahly – Zamalek en 1998-1999, on gagne 2-0 et on est fous de joie. Je monte dessus, je commence à danser. Les gens ont adoré et c’est devenu une routine. Aujourd’hui, je le fais à la demande des supporters. C’est ma manière de communier avec eux. »
Jusqu’à quand ? « Beaucoup de gens me demandent si je n’en ai pas marre de faire ce métier, après vingt-cinq ans de carrière. Non ! C’est une grâce d’être dans ce milieu. Tant que je ressens cela, je continue. Tant que Dieu le veut, je resterai. Tant que Dieu me donne, je continue. Si mon corps commence à refuser, alors j’arrêterai. Personne sur terre ne peut dire à El-Hadary arrrête, fais autre chose, prends ta retraite. C’est moi qui décide. »
« Mon âge n’existe que sur le passeport : 45 ans, ce n’est qu’un chiffre. Le reste, je m’en fiche. » Il sait les rides qui lui strient le haut du front et le scepticisme des commentateurs au pays, mais aux yeux d’El-Hadary, peu importe les années, pourvu qu’on ait l’envie. C’est une anecdote, mais elle dit beaucoup de lui, de l’homme et du footeux, de ses valeurs et de sa carrière : une fois l’heure d’entretien initialement négociée dépassée, Essam El-Hadary nous a fixé un deuxième rendez-vous, quelques heures après notre rencontre, pour prolonger l’échange. Comme il prolonge indéfiniment sa carrière, aux prises avec le temps qui passe.
« Quand on me voit sur le terrain, on ne connaît pas mon âge. La seule chose qu’on doit saisir, c’est que je suis le meilleur gardien d’Égypte. Point barre. Mon âge, on s’en fout. Je suis conscient que je ne vais pas durer éternellement. C’est quelque chose que je comprends petit à petit. Mon corps commence à émettre quelques limites, et je ne vais pas continuer à jouer avec une canne. Il y a bien un moment où je vais devoir m’arrêter. Mais aussi longtemps que je progresse… »
« Je ne suis plus le même gardien qu’à 20 ans. C’est normal qu’après toutes ces années je me sois développé. Beaucoup de choses dans l’esthétique et le physique ont changé. Avant, je n’avais pas de gants. Maintenant, oui. Avant, je n’avais pas d’entraîneur personnel, maintenant si. Quand j’étais plus jeune, j’avais beaucoup plus de force dans les pieds, j’étais beaucoup plus rapide. Aujourd’hui, je lis beaucoup mieux le jeu, j’ai beaucoup plus d’expérience, j’ai adapté ma façon de jouer. »
Si l’expérience accumulée lui a permis d’appréhender les évolutions physiques et techniques de son poste, El-Hadary veille surtout à se fondre dans le collectif égyptien. Il en est le leader naturel de par son caractère affirmé et sa longévité. Dans l’effectif, le joueur le plus vieux après lui, Sherif Ekramy, est âgé de 34 ans. « Je ne suis pas de la même génération, mais je suis le berger de cette équipe. Par exemple, Ramadan Sobhi (21 ans) est plus jeune que mes enfants. Lors de ma première sélection, il n’était même pas né ! Mais il me considère comme un ami, comme un frère, comme un père, comme un capitaine. Et ça me rend très fier. J’ai connu trois générations : celle du Mondial 1990, celle de mon âge, et la nouvelle. Si je traite la génération actuelle comme les gens de l’ancienne le faisaient, je vais distribuer les claques. Mais si, tous les jours, je mets des baffes, je vais perdre le lien que j’ai construit avec eux. C’est à moi de m’adapter à eux et pas l’inverse. »
Comment fait-il tomber la barrière des générations ? « Je fais les trucs de jeunes ! C’est pour ça que je suis sur Internet, sur les réseaux sociaux, Instagram, Twitter, Snapchat… Pour faire comme les petits dans le vestiaire. Mais je n’ai aucune idée de comment tout ça fonctionne. Je trouve que le téléphone est un animal compliqué. J’ai quelqu’un qui s’occupe de mes réseaux sociaux. Il met ce qu’il veut dessus. Moi, je suis joueur de foot. Ma vie, c’est le foot. Les coupes de cheveux, les jeans, quand on va danser dans les chambres… Je le fais parce qu’il le faut, comme si j’avais 18 ans, mais même mes enfants sont surpris. Ils me disent : “C’est pas vrai papa, t’as pas fait ça ? C’est pas possible !” Mais c’est comme ça, je m’adapte, parce que je sais que je dois gagner leur cœur. En Égypte, il y a un héritage. Et avec la génération à venir, je dois passer le flambeau. »
S’il ne compte pas ses efforts pour s’intégrer et rallier la nouvelle génération, lui attend d’elle qu’elle fasse preuve d’une même exigence. « Je m’amuse avec eux, mais pendant l’entraînement, on fait comme si c’étaient des matches. J’aime quand tout est carré, quand on donne son temps à chaque chose. Sur l’heure du sommeil, on dort. Pas d’amusement, pas de jeux ou d’exceptions. Quand c’est l’heure de jouer au foot, on joue au foot. Sinon, ça devient n’importe quoi. Pareil pour le moment du match : pendant, je suis un combattant. Après, on peut être les meilleurs amis du monde. Chaque chose en son temps. »
Méthodique, presque maniaque. Pour Essam El-Hadary, la frontière entre vie professionnelle et vie privée est ténue : « J’aime que tout soit à sa place, et pour ça il faut procéder étape par étape. Avoir un plan précis en tête, c’est ce qui m’a permis de faire cette carrière. Je me suis marié tôt, à 21 ans, et j’ai fait des enfants rapidement pour être responsable le plus vite possible et éviter les distractions. Je savais que ne pas avoir de femme pourrait être un danger pour ma carrière. Je suis footballeur, c’est mon métier, donc je mange foot, je dors foot, je bois foot, je sors foot. »
Cela pourrait passer pour un truisme, mais El-Hadary tient l’explication de sa longévité de son hygiène de vie irréprochable : « Je tiens à m’entraîner plus que les autres. Tous les jours, je fais strictement la même chose : je prends mon petit déjeuner, je vais faire une heure d’exercices en salle. Puis je déjeune et je fais la sieste. Je pars ensuite à l’entraînement, où je commence toujours le premier. Je ne perds pas une minute. Par exemple, je ne fais quasiment pas d’interview, car je considère qu’une heure donnée aux journalistes est une heure de perdue dans mon travail. Je suis organisé et pointilleux, donc je fais très attention à qui je parle et quand je parle. Si on veut m’interviewer, il faut s’y prendre longtemps à l’avance, car je dois me préparer mentalement à avoir une heure de foot en moins dans ma vie. »
Quant à son corps, il est l’objet d’un entretien minutieux, centré sur la récupération, mis au point au fil des ans : « Je fais beaucoup de relaxation, de yoga, de sauna, de bains de glaçons ou de siestes. Je ne le faisais jamais plus jeune, j’ai commencé après 30 ans. Avant, j’étais un lion, je m’entraînais comme un malade ! J’ai aussi changé mon style de nourriture : petit, je mangeais en cinq minutes pour aller le plus vite possible à l’entraînement ; désormais, je ne mange jamais en moins de quarante-cinq minutes ; je prends une soupe, j’attends ; puis une salade, et j’attends encore. C’est une routine, le corps doit s’habituer à ce rythme, c’est capital. Ce qui m’a aidé, c’est d’être resté loin de la cigarette, de la chicha et de l’alcool. Être sain, c’est un style de vie. La majorité des joueurs sortent, fument, boivent… Ils réussissent grâce à leur talent. Mais certains ne le font pas, par conviction ou pour des raisons religieuses. Mohamed Salah est comme moi, par exemple : c’est quelqu’un de droit et de pieux, il a fait des choix forts qui l’ont mené là où il est aujourd’hui. »
Début 2011, le printemps arabe s’accélère avec la révolution égyptienne. Les ultras d’Al Ahly sont très impliqués dans ce mouvement démocratique et mettent notamment en déroute les contre-révolutionnaires. Réuni sur la place Tahrir du Caire, le peuple obtient en quinze jours le départ du président Hosni Moubarak. Ce dernier promet alors le « chaos ».
Un an plus tard, le 1er février 2012, à l’issue d’une rencontre d’Al Ahly à Port-Saïd, plus de 1000 ultras du club local d’Al Masry envahissent le terrain avec des armes et attaquent les fans adverses. Bilan : 74 morts et plus de 500 blessés. La police et l’armée, qui n’ont pas procédé à des fouilles avant la rencontre et ont empêché les fans agressés de s’échapper du stade, sont accusées d’avoir voulu punir les ultras.
Alors joueur d’Alexandrie, Essam El-Hadary vit les événements de près : « Le drame de Port Said a été très dur pour l’Egypte et le foot en son entier. », consent à souffler El-Hadary, toujours meurtri par ce souvenir. A la suite de ces émeutes, le Championnat égyptien est suspendu deux ans. Le gardien, comme la plupart des joueurs majeurs, s’expatrie pour aller jouer au Soudan (Al-Merreikh).
Tout chez El-Hadary semble discipline et croyance. À son poste, l’Égyptien s’est cherché un modèle dont il a suivi la trace avec la même obligation. Il s’est inspiré de Gianluigi Buffon (40 ans), un autre vétéran – l’Italien a cinq ans de moins –, poussant le mimétisme très loin. « Il y a trois choses qui ont changé chez moi grâce à Buffon. La première, c’est le sponsor. J’ai opté pour le même que lui. Je me suis dit que s’il les avait engagés, c’est qu’il y avait une raison… La deuxième, c’est mon équipement durant les matches. Avant, je mettais des pantalons. Maintenant, je joue en short, parce que lui joue en short. La troisième, c’est l’apparence, la mode. Les cheveux sur le côté, rasés, longs sur le dessus. Le style, je l’ai eu grâce à lui. » El-Hadary a eu la chance de rencontrer son idole à la Coupe des Confédérations 2009, lors d’un match où l’Égypte avait réussi un petit exploit en battant les Italiens champions du monde (1-0), avec une prestation étincelante de sa part. Depuis, ils sont en contact, et l’Égyptien a par exemple envoyé un message d’anniversaire à l’Italien en janvier. « Je l’ai dit à un journaliste qui a écrit : “Le meilleur gardien d’Afrique écrit au meilleur gardien du monde.” Cela m’a fait extrêmement plaisir. Entre nous, c’est une relation amicale qui dure. Il m’a même invité à s’entraîner avec lui en Italie avant le Mondial. Je suis triste d’aller à la Coupe du monde sans pouvoir voir Buffon, je voulais qu’il soit là. »
L’Égypte a basculé dans la liesse le 8 octobre 2017, lors d’une victoire contre le Congo (2-1) synonyme de retrouvailles avec la Coupe du monde, après vingt-huit ans d’absence. « Cette Coupe du monde, je l’ai attendue vingt-cinq ans. Lorsque Mohamed Salah a marqué le penalty de la qualification, je suis devenu fou, hystérique. La veille, il s’était préparé à tirer ses penalties… il avait raté les trois. Je suis allé le voir et je lui ai dit que le plus important, c’était de marquer le lendemain. J’étais si content pour lui. »
El-Hadary n’était pas encore là en 1990, lors de la dernière apparition des Pharaons. Il va ainsi réaliser un rêve tardif, le dernier qu’il s’est fixé : « Le jour de la qualification a été le plus beau jour de ma vie. Mais ça sera encore plus fort en Russie. Je ne suis pas rassasié. Je veux être le meilleur gardien du monde, même à 45 ans. Tu n’es pas un vrai joueur de foot tant que tu n’as pas fait un Mondial. C’est la seule manière d’entrer dans l’histoire. Après, je prendrai ma retraite internationale mais, comme Buffon, si on m’appelle, je serai là. Car je suis le soldat de la sélection. »
Par lequipe.fr

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