Dr Moriké Moussa Traoré, Consultant en Sport

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Dans le cadre de la création de la Ligue de Football Pressionnel (LFP) au Mali, le journal Match a posé 05 questions à Mr Morike Moussa TRAORE, consultant en Sport et ancien directeur national des Sports.

Dans le cadre de la création de la LFP au Mali, pensez-vous qu’en trois ou quatre mois on peut mettre sur pied une société anonyme à objet sportif ?

Il faut connaitre au préalable les étapes indispensables de la constitution d’une société et à partir de cet instant, on  pourra se faire une idée sur la question. A prime abord, il faudra organiser une assemblée générale constitutive où les actionnaires se réunissent et désignent les premiers administrateurs qui devront conduire le projet ; la rédaction des statuts (pas moins de 07), la déclaration de souscription et de versement du capital, l’immatriculation de la société au registre du commerce, la publication dans le journal d’annonces légales par un notaire ; à partir d’un contrat de bail enregistré ou d’un titre de propriété, le Centre des Impôts le plus proche  va établir un titre de patente et  délivrer une carte de contribuable… ; la validation de la nomination du président du Conseil d’administration, la désignation d’un commissaire aux comptes doivent  être réalisée.

Au regard de ces éléments, je pense qu’il est difficile  aujourd’hui, pour un club amateur malien de pouvoir en quatre mois se muer  pleinement en société anonyme.

A titre d’Exemple : Au Cameroun, la constitution d’une société est régie par l’Acte Uniforme OHADA portant droit de sociétés commerciales et groupement d’intérêt économique    (tout comme au Mali). Or cet acte parle uniquement de la Société Anonyme classique. Donc la mise sur pied d’une Société Anonyme à Objet Sportif (SAOS) telle que  le souhaite la Fédération, la CAF et la FIFA, doit faire l’objet d’un texte de loi à voter par l’Assemblée Nationale  avec des contours à définir.

En  France, la SAOS a vu le jour  en 1984 à travers une loi votée par les députés. Elle visait à introduire les nouveaux investisseurs dans le capital des clubs sans que ces derniers perdent leur esprit associatif. C’est ainsi que l’ouverture du capital était limité à 2/3, les dirigeants n’étaient pas rémunérés, il était interdit de distribuer des dividendes…. Et  la SAOS n’a pas fait long feu.

C’est ainsi qu’une autre loi, celle du 28 décembre 1999 a permis de créer la Société Anonyme Sportive Professionnelle (SASP). A travers cette loi, tous les inconvénients précédemment cités ont été corrigés (ouverture totale du capital, rémunération des dirigeants, distribution de dividendes…).  A ce jour la quasi-totalité des clubs de Ligue 1 et Ligue 2 ont ce statut à l’exception d’Auxerre, Ajaccio et Bastia. Et cela marche à merveille.

En conclusion,  Même un  délai de six mois  accordé aux clubs et à la Fédération Malienne de Football pour la transformation des associations de football en SAOS  s’avère relativement court, il   faut également souligner que cette forme a présenté de nombreuses limites dans certains pays.

Si la société anonyme à objet sportif n’est pas adaptée pour le contexte malien, quel système le serait selon vous ?

La réponse à votre question doit être la résultante d’une étude préalable réalisée auprès des différents clubs engagés avec Orange Mali  et autres sponsors. Il faudrait connaître comment chaque équipe fonctionne actuellement, son patrimoine, son style de management, ses us et coutumes….C’est à partir de cet état de lieu précis du fonctionnement des clubs que nous pourrons indiquer la forme la plus adaptée pour notre championnat.

Regardez par exemple le championnat espagnol. A cause des spécificités locales, tous les clubs ne fonctionnent pas en mode société. Quatre clubs ont un mode de fonctionnement particulier : le FC Barcelone, le Réal Madrid, Osasuna, Atlétic Bilbao. Ces clubs sont dirigés par des socios (membres supporters).

Donc dans les conditions actuelles, je suis dans l’impossibilité d’apporter une réponse claire à votre question.

Pour le Consultant que vous êtes  pouvons-nous parler de professionnalisation sans une transformation préalable des associations sportives en société ?

Pour le moment il faut signaler que la professionnalisation du championnat malien n’est  que sur les lèvres. Notre  approche  pour le moment, est davantage dans les mots que sur les actes concrets.

Le Football professionnel est avant tout un business et qui dit business dit cadre juridique. Comme nous l’avions démontré plus haut, nous n’avions pas de cadre juridique propice. Et même quand ledit cadre juridique sera mis en place, rien ne nous garantit que nous entrerions de pleins pieds dans le professionnalisme tel que pratiqué dans les pays qui nous inspirent.

Une fois le cadre juridique créé il doit falloir s’intéresser à la vie quotidienne des clubs. Les clubs maliens seront-ils constitués  en si peu de temps comme des véritables équipes de football professionnelles ? Permettez-moi d’en  douter.

Pour mieux illustrer mon propos, je tiens à rappeler les quatre principales sources de financement des clubs professionnels : les droits de retransmissions audiovisuels, le sponsoring,  le billettage (vente des billets de stade ndlr) , les produits dérivés.

Vous constateriez que sur ces quatre éléments cités, on ne parle ni de dons, ni de subventions. Or en regardant les sources de financement actuel de nos clubs, les principales ressources sont : les subventions de l’Etat et ce qu’on appelle appuis de l’Etat à l’organisation des Championnats , la prise en charge par l’Etat des déplacements  et des séjours de nos équipes en voyage de compétitions et la prise en charge des équipes visiteuses, Le Logo sur les maillots, qui n’est pas une subvention car les clubs arborent les maillots avec le logo d’une société.

Ce qui nous revient à dire que, les clubs sont rémunérés pour avoir réalisée une  action commerciale.

On ne peut pas parler de professionnalisme quand on reste tributaire des revenus qui proviennent des autres et dont on n’a aucune maîtrise…

On pourra  parler de professionnalisme au Mali quand les équipes seront à même de générer par elles-mêmes des revenus. Et ces possibilités, elles les ont.

Le transfert record de Cristiano RONALDO de Manchester United au Real Madrid en 2009 pour un montant record de 94 millions d’euros a été amortis en partie par les produits dérivés !

Mais quand je regarde le fonctionnement de nos clubs, je ne vois pas beaucoup les possibilités à  générer leurs revenus propres. Tant que nous resterions dans la logique d’aide ou de subventions les choses n’avanceront pas.

Vous ne pouvez pas vous développer en comptant sur les aides.

Sachiez aussi  que le professionnalisme ne passe pas forcement par la transformation en société.

En effet, le  cas du championnat espagnol  est évocateur  les clubs mythiques comme le FC Barcelone ou le Real Madrid sont des associations. Le plus important c’est le mode de financement. La forme sociétaire facilite la levée des fonds. Mais les associations peuvent aussi avoir des fonds importants. Si nous restons dans le cas du championnat espagnol, les socios en plus de la cotisation annuelle payent un droit d’entrée (pour tout nouveau membre).

A titre d’exemple, si nous prenons le Stade Malien de Bamako,  comme le club avec un million de supporters. Supposons que parmi ces supporteurs, 50 soient capables de mettre 07millions et 10 supporters de mettre 03 millions chacun par saison pour le club. On arrivera facilement à 380 millions. Et le budget du club qui s’élève à 350 millions sera largement couvert sans attendre les subventions et autres…Mais une chose est certaine,  personne ne peut accepter investir à perte.

Que pouvez-vous  dire  des nouvelles  Ligues e Football Professionnel  en Afrique : Gabon,  Côte d’Ivoire, Sénégal,  Cameroun ….?

Je ne parlerai pas de ce qui ne marche pas  très bien,  sachant bien  qu’au niveau des nouvelles ligues, des  moments de colères sont  par ci et par là. Mais je sais que le Gabon est organisé autrement. Au sein  du football professionnel  du  Gabon, on note d’anciens dirigeants du FC Barcelone, des hommes rompus à la tâche qui maitrisent les mécanismes du football professionnel.

Le football professionnel gabonais a démarré  après la Coupe d’Afrique 2012. A partir de là un élan a été pris et les Gabonais ont fait usage de tous les moyens qu’ils avaient en leur possession pour maintenir la flamme.

Au Gabon l’Etat a alloué dans le cadre du premier championnat professionnel plus de dix milliards de francs pour assurer les salaires aux joueurs, le transport, l’hébergement.

Au Cameroun aussi  regardez  les anciens comme  Roger MILLA,  Antoine BELL et Patrick MBOMA et tout le  savoir qu’ils déroulent dans la presse et sur Canal Plus. Ne peuvent-ils  pas jouer un rôle majeur dans le professionnalisme du football  de leurs pays?

Quel conseil adressez-vous aux dirigeants de la Fédération malienne de football (Femafoot)?

Je vais d’abord saluer les efforts de nos dirigeants qui ont malgré toutes les difficultés, la bonne volonté de professionnaliser notre championnat, condition sine qua none pour exister dans  les activités de la CAF à partir de 2017. La seule chose que je peux demander au président de la Femafoot c’est d’élargir son champ de conseil afin d’avoir d’autres avis pour un meilleur démarrage de notre football professionnel en 2017.

Par Baba Cissouma

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1 commentaire

  1. mais Baba, qui t’a dit que ce type est un docteur du Sport? Quel sport? Mais ces gens ont passé TOUTE leur vie, TOUOUOUOUTE leur vie à se sucrer sur le sport et les sportifs maliens et on continue à encenser ces gens-là en oubliant ceux-là mêmes qui se sont sacrifiés pour le pays. Citez moi un apport concret de ces soit disant docteurs de m ….Un seul! Un seul fait dont on se souvienne. Baba, nous te savons un des meilleurs journalistes sportifs de ce pays; sache garder ta ligne. Salute

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