Donnés favoris à la CAN U-20 en Zambie : Les Aiglons noyés dans leur complexe de supériorité

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Donnés par favoris de la 20e Can U-20 (26 février au 12 mars 2017), en l’absence du Nigeria, les Aiglons du Mali n’ont finalement été que l’ombre d’eux-mêmes. Ils finissent tristement à la dernière place d’une poule A archi dominée par le pays organisateur, la Zambie, devant la Guinée-Conakry et l’Egypte. Nos juniors sont donc passés à la trappe avec un point, deux défaites, neuf buts encaissés (une moyenne de trois buts marqués par match) contre trois réalisations. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? C’est la question qu’on nous pose souvent depuis cette élimination.

On ne gagne pas un match de football dans la tête. Tout comme on ne devient pas champion d’Afrique sans fouler une pelouse. Le premier handicap des Aiglons à la Can U-20 “Zambie 2017” a été le complexe de supériorité. Le Mali était donné favori par la majorité des observateurs.

Les garçons et leur encadrement n’ont visiblement pas compris que ce pronostic favorable faisait d’eux l’ennemi à battre par tous leurs adversaires. En conséquence, il fallait toujours être dans les meilleures dispositions physiques, mentales et tactiques pour maintenir le cap et ne pas se laisser surprendre comme l’ont réussi les Zambiens et les Guinéens.

Champions d’Afrique et vice-champions du monde U-17 (12 joueurs étaient de ces deux brillantes campagnes), les Aiglons et leur coach ont lamentablement échoué dans leur passage de grade parce qu’ils s’étaient hissés sur un piédestal et ont oublié comment redescendre sur terre et se remettre au travail.

En témoignent ses propos du coach Baye Ba lors du point de presse d’avant match contre la Zambie. “Notre équipe est composée de joueurs ayant pris part à des compétitions majeures (Can U17, Coupe du monde U17 et Chan-2016) donc, ils savent bien de quoi il s’agit. Ils ont l’habitude des matches couperets et des rencontres de haut niveau… Le Mali sera prêt et je vous assure que le public zambien pourrait se retourner contre son équipe. Et d’ailleurs, nous voulons poursuivre la suprématie que le Mali a toujours affichée lorsqu’il rencontre la Zambie dans les petites catégories”.

Nous savons ce qui a résulté de cet excès de confiance. Comme si M. Ba avait subitement oublié que l’humilité est souvent la meilleure stratégie pour surprendre ses adversaires. En affichant une telle suffisance, il se plaçait dans l’incapacité d’étudier objectivement le jeu de ses adversaires et de faire une analyse rigoureuse des failles de sa sélection.

La continuité d’un groupe entre les catégories est souhaitable pour sauvegarder l’état d’esprit et surtout évite une perte de talents entre les catégories. Mais, cela ne signifie pas non plus qu’il faille sacrifier les réalités du moment.

Un cap franchi, des valeurs perdues

A cause de leur talent, de nombreux Aiglonnets sont dans des clubs professionnels où malheureusement ils manquent de temps de jeu. Et cela s’est ressenti dans leur prestation à l’image de leur capitaine Abdoul Karim Danté qui n’a plus été cette tour de contrôle que l’on a connu avec les cadets.

A notre avis, seul Sékou Koïta (USC Kita, Ligue 1 malienne) a réellement tenu son rang parce qu’il était physiquement et mentalement plus dans son élément que les autres. Les Aiglons ont du talent et de la volonté, mais en Zambie ils ont manqué de fraîcheur physique, de punch pour les exprimer et en tirer le meilleur profit.

Et ils n’ont pas été aidés par un coaching à la limite du calamiteux. Le coach principal, Baye Ba et son staff n’ont jamais réussi à mettre les garçons dans le bon sens par des changements tactiques judicieux en fonction de nos adversaires qui ont tous réussi à nous battre sans nous dominer outrageusement.

Même pas la Zambie malgré le cinglant 6-1 infligé à Danté et à ses coéquipiers. Et cela parce que leurs entraîneurs ont réussi leur pari : nous faire déjouer ! La preuve la plus palpable nous a été donnée par Mandjou Diallo, le coach guinéen. Après avoir étudié le jeu des Aiglons pendant la première mi-temps, il a non seulement fait entrer son joker Morlaye Sylla (10), mais il l’a déplacé du flanc au poste d’avant-centre en misant sur sa vivacité pour déstabiliser les nôtres dans la construction. Et cela a été payant, car le rentrant a réussi un doublé (49e et 59e) laissant le soin à Mohamed Camara (74e) d’assommer les Aiglons.

Au finish, le Sily Junior emporte le gain du match (3-2) et se qualifie du coup pour la demi-finale et la Coupe du monde. Et cela en partie parce que notre encadrement technique est resté un observateur impuissant… Incapable d’insuffler du tonus de ses protégés pour reprendre le contrôle du match.

En passant le cap cadets-juniors, nos talents ont visiblement perdu les valeurs qui les avaient hissés très haut en 2015 : humilité, solidarité et complémentarité. La sélection nationale junior a beaucoup manqué de cohésion et de complémentarité. Ce qui explique sans doute qu’elle a perdu la solidité défensive qui faisait la force de l’EN cadette.

Mais, il faut aussi reconnaître que cette seconde élimination sans panache au 1er tour, après celle des Aigles à la Can “Gabon-2017”, est aussi une conséquence indirecte de  la crise qui est en train de tuer notre football depuis plus de deux ans. N’empêche qu’il est encore possible de sauver les meubles, d’arrêter l’hémorragie.

A condition que les acteurs comprennent qu’il est temps de mettre fin à cette stupide crise qui est en train d’hypothéquer tous nos acquis depuis plus de deux ans. Comme l’a récemment souligné un confrère sur les réseaux sociaux, toute gouvernance a besoin de stabilité. Et celle du football n’est pas exempte.

Les gouvernants de notre football doivent grandir d’esprit, prendre de la hauteur pour permettre à notre sport-roi de mieux aborder les échéances futures. Il s’agit notamment du Djoliba et Onze Créateurs (préliminaires Coupe Caf), les Aiglonnets pour la Can U17 au Gabon, et surtout les Aigles engagés dans les éliminatoires de la Can-2019 et du Mondial 2018.

Il est plus que temps que d’oublier les calculs d’intérêts claniques et les agendas personnels pour réussir à mobiliser “toutes les forces positives du football, sans aucune considération de clubs, de clans et de génération” !

Le renouveau de la gouvernance du football malien est certainement à ce prix ! Il faut sortir de l’administration pour intégrer l’ère du management professionnel permettant de planifier nos ambitions sur le long terme !

Alphaly

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