Djibril Dramé, entraîneur de l’équipe nationale locale pour le tournoi de l’Uemoa :« L’appétit vient en mangeant »

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Djibril DRAME, Coach Aigles locaux

C’est ce dimanche  30 octobre 2011, que débutera  à Dakar (Sénégal) la 5ème édition du tournoi  de l’UEMOA de  football  doté du trophée de l’intégration. Le Mali, pour sa  5ème participation, évoluera dans la poule B, en compagnie du Niger, de la Guinée  Bissau  et du Bénin. Ainsi, avant  le départ  de  l’équipe malienne, nous avons rencontré  pour vous  le sélectionneur national, Djibril Dramé. Dans cette interview exclusive, il  nous parle de  la préparation de son équipe et des ambitions qu’elle affiche pour ce tournoi.

Le Pouce : Parlez- nous de l’état de préparation de votre équipe pour le tournoi ?

 

Djibril Dramé : Effectivement, on se  prépare de façon minutieuse  et puis progressivement  vers la phase  finale. Dès ma  nomination, nous nous sommes donnés le temps  de faire  un projet  de programme. Ce projet  prenait  en compte 3 phases. Une première  phase de 20 jours  pour la préparation physique et  générale  et puis une deuxième  phase de  20 jours pour  la préparation de la période pré compétition  et une troisième  phase de 10 jours  pour la compétition. Mais, il y a  eu  une petite  interruption  qui a chamboulé  notre  programme. Mais qu’à cela ne tienne, nous avons repris  vers le 3 octobre  après avoir  perdu 10 jours  et nous nous sommes donné  corps  et âme pour  remodifier encore  le projet de programme. Depuis ce jour  jusqu’à  maintenant, on est  à pied- d’œuvre. Présentement,  nous sommes logés  à l’hôtel  Olympe  à Daoudabougou  et tout se passe bien.

Le Pouce : Est-ce que l’équipe est prête  pour  aborder la compétition ?

 

Djibril Dramé : Comme vous le savez, je ne cesse de le répéter,  le programme  n’est pas favorable  au Mali. En 5 éditions,  le Mali a eu 5 entraineurs différents. La première  édition, c’était  Cheick  Omar  Koné  à Ouagadougou. A son  retour,  il a été  limogé. La deuxième  édition, c’était  ici  à Bamako. Aussitôt après  la compétition, lui aussi a été  limogé. La troisième compétition  c’était Fagnery  au  Benin. La  quatrième  compétition, c’était l’année dernière  au  Niger avec Mory Goïta. Et la cinquième édition, c’est moi. C’est  pour vous  dire  que tous  ceux-ci sont de bons entraineurs ; ils ont travaillé sérieusement  mais seulement le grand   problème, c’est ce calendrier qui n’est  pas favorable  au Mali. Cela es dû au fait que le  tournoi  se joue  en début de saison  chez nous. Cela trouve que les compétitions n’ont  pas démarré comme il le faut. Les joueurs reviennent  de vacance  (saison morte) et au Mali  quand  la saison  est fermée, il y a des joueurs qui s’adonnent à des activités de maintien,  par contre  d’autres ne font rien. Surtout  la spécificité  de cette  année c’est le mois de carême qui a coïncidé avec ça et je crois  que  beaucoup de joueurs  sont  venus  aussitôt  après  les congés. Nous avons essayé de combler ce vide,  en se donnant corps et âme  à ce niveau. Je crois qu’il y a aussi des blessures. Tout compte fait, nous sommes  en train  de nous préparer minutieusement  vers  l’objectif final. A la  date  d’aujourd’hui, nous avons  eu  à livrer  sur le plan  local, 6 matchs  avec  6 équipes de première  division ; on a perdu  un match, fait un   match  nul et le reste  on a gagné. On a aussi eu à livrer  deux matchs sur le plan international contre le Sénégal  ici ; nous avons  perdu  le premier match, le deuxième  match  a été nul. Ce qui est   important  par rapport à tout  ça, c’est que nous avons su tirer les leçons de ces rencontres. On a constater que la fermeture de la saison  a joué  un grand  rôle  et qu’il va falloir    maintenant s’atteler rapidement  parce que  présentement on ne  peut  plus  former  les joueurs  à ce niveau. Mais il  faudra sélectionner  les joueurs  qui sont en forme du  moment.

Le Pouce : Quel  sera  l’objectif  de l’équipe  nationale  pour ce tournoi ?

 

Djibril Dramé : J’ai  dit aux gens : il faut savoir souvent  fixer des objectifs. C’est-à-dire, il  faut avoir  des ambitions  mesurées. Il ne faut  pas qu’on part  avec  des ambitions  démesurées. Je le dis pourquoi,  parce que je viens d’évoquer un cas  tout de suite (calendrier) qui est un handicap sérieux. Un deuxième problème  plus important, c’est le manque de compétition ; tout ça, ce sont des  paramètres  techniques. Nous allons  à une compétition où il  y a des pays comme la  Côte- d’Ivoire, qui est, présentement, en championnat avec  20 ou 25  matchs dans les pieds. Le Sénégal  qui vient de  terminer se saison  il y a de cela deux semaines  et le  Niger  dont l’ossature  de l’équipe  nationale  qualifiée  pour la   CAN sont des  locaux. Donc, ça  veut dire que  ce sont des gens suffisamment bien rodés,  bien  en jambe  pour nous  attendre. C’est un tournoi  de grand  niveau. C’est pour dire  que ça  ne  sera pas facile. Compte  tenu de tous ces paramètres, il   faut avoir  une ambition   mesurée, sinon  mesurable, en ce sens que nous allons  prendre matchs après match, puis essayer  de réussir  chaque rencontre  comme une  finale. Si Dieu  nous donne la chance  de  gagner le premier  match,  le deuxième on va le préparer sérieusement  et l’appétit  venant en mangeant, on va se battre pour l’objectif. Pour  l’instant l’objectif  global, c’est une participation honorable.

Le Pouce : Est-ce que vous avez les moyens  de vos ambitions ?

 

Djibril Dramé : En Afrique, on ne peut pas  avoir  tous les moyens, toutes les  conditions ne sont pas  réunies. Mais il  faut   faire avec les moyens  de bord   comme je l’ai  fait  avec le Stade Malien. Il  faut  toujours  faire  avec les moyens  de bord. Je crois  qu’on est à pied- d’œuvre  par rapport  à  ça et  on va se  battre avec nos  armes  parce qu’il y a   toujours des  stratégies  à mettre en place. Quand  on sait déjà  sa force, on connait  la  force de l’adversaire  et on doit   pouvoir dégager un plan de  jeu. Mais  ce qui va poser  problème, c’est qu’à part le Sénégal  qu’on a vu jouer  ici, les autres  on n’a pas  eu la  chance de les voir joueur. Mais si Dieu   nous donne la chance  de pouvoir   rassembler  toutes les informations par rapport  à ces équipes, on pouvait, éventuellement, se tirer d’affaire.

Le Pouce : Avez-vous  un appel  à l’endroit  des supporters et  responsables  maliens ?

 

Djibril Dramé : Je les  demande de rester mobilisés et de soutenir l’équipe  nationale. Je vous  dis honnêtement que c’est une mission difficile, mais qui n’est pas impossible. Je l’ai  acceptée  parce que je suis un fils du pays. Je l’ai acceptée  parce que ce pays  m’a  donné trois  bourses  à l’étranger. Je l’ai  acceptée  parce que  j’aime ce pays aussi. Je  l’ai acceptée  parce que  j’aime  ce métier d’entraineur  et je l’ai  acceptée  parce que  je pense que je peux  faire quelque chose et je dois faire  quelque chose  pour ce pays. Je l’ai  acceptée pour la  mémoire  des supporters  qui ont rendu  l’âme  par rapport   à cette  activité. J’en connais  des gens, qui, au coup de sifflet  final, ont  rendu l’âme par émotion. Donc,  moi j’ai  un devoir  moral   vis-à-vis  de ces  gens  qui ont perdu  leur âme  pour le football. Il faut  qu’on  reste  toujours  mobilisés  pour la mémoire  de ceux-là qui sont tombés  dans nos  terrains, souvent en famille ou en partant à la maison ou même  souvent en regardant les matchs  à la télévision. Je pense que  nous tous,  nous avons  un devoir de les prouver qu’on a de bon  cœur et qu’on pense  à eux. C’est à travers des compétitions de ce genre, que l’on peut le faire. Et le meilleur moyen de les rendre hommage, c’est de parvenir à remporter  le trophée.

Siriman DOUMBIA

 

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