La toute nouvelle championne de bras de fer des moins de 60 Kg, Djénéba Traoré, nous a accordé un entretien, au cours duquel elle nous parle de ses débuts, les difficultés rencontrées et ses objectifs.
Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Djénéba Traoré : Je me nomme Djénéba Traoré, étudiante en première année Electricité au Centre d’enseignement commercial et industriel (Ceci) de Djélibougou.
Comment êtes- vous venue dans le bras de fer ?
C’est à travers un des amis de mon oncle que je suis venue dans le bras de fer. Avant, je ne faisais pas de bras de fer, mais du karaté. A bas âge, mon père m’a inscrit au karaté, plus précisément au Shotokan où il était l’un des maîtres principaux de notre salle. Après mon inscription, j’ai pris cette discipline au sérieux en m’entrainant régulièrement. Avec du courage, j’ai passé plusieurs grades, malheureusement après le départ de mon père en Algérie pour son travail, j’ai laissé tomber.
Quelques années plus tard, un des amis de mon oncle du nom de Djibril Camara, qui a une salle de musculation, nous invitait souvent à venir supporter ses athlètes lors des compétitions communales de bras de fer. Partant de cela, j’ai pris goût à la discipline et chaque week-end je passais faire des tours dans leur salle d’entrainement qui s’appelle “Djibril Force”, pour voir les techniques utilisées. Lors du dernier championnat national de bras de fer, il m’a inscrit et j’ai participé à l’épreuve des moins de 60 Kg dames, mais j’ai été battue. Dès lors, je participe régulièrement aux compétitions de bras de fer.
Justement, en tant que femme, comment a été votre début dans cette discipline ?
Comme toute chose, le début a été très difficile pour moi parce que dans un premier temps, je ne maitrisais pas les techniques de cette discipline, comme l’emplacement des mains sur la table. Ensuite, vous savez, de nos jours au Mali, une fille qui pratique cette discipline est regardée différemment. Les gens la voit comme une délinquante où une ratée. Souvent, il y a des gens qui me demandent ce que je fais derrière ces gros bras. Ils me demandent aussi de choisir une autre discipline comme le basketball ou le football parce que cette discipline de bras de fer est faite seulement pour les hommes.
Après avoir remporté ces médailles d’or lors du Championnat d’Afrique de bras de fer tenu à Bamako. Comment avez-vous vécu cette consécration ?
Vous savez, cela a été une très grande surprise pour moi de remporter ces médailles d’or. C’est par plaisir que j’ai participé à ce championnat d’Afrique de bras de fer. Je me suis dit que comme la compétition se déroule ici chez nous, à Bamako, pourquoi ne pas participer. Je n’étais pas seule, plusieurs athlètes (hommes et femmes) de notre club (Djibril Force) ont participé à cette compétition. Quant à moi, j’ai participé à deux épreuves, à savoir celle de moins de 60 Kg en bras droit et bras gauche, et celle de 65 Kg en bras droit seulement. La compétition était intense, il n’y avait pas assez de repos entre les épreuves. Avec courage et détermination, j’ai pu remporter trois médailles d’Or, deux dans les moins de 60 Kg (bras droit et bras gauche), ensuite une médaille d’or dans les 65 Kg (bras droit seulement). Au cours de la compétition, j’ai éliminé des Maliennes et une Ghanéenne lors de la finale des 65 Kg.
A l’avenir, quels sont vos objectifs ?
Comme vous venez de dire, dans l’avenir, j’aimerais aller très loin dans la pratique de cette discipline afin de remporter un jour la médaille d’or au championnat du monde de bras de fer. J’aimerais aussi y gagner un peu d’argent afin de pouvoir soutenir ma famille et surtout ma grand-mère maternelle qui m’a tout donné. En plus de cela, pourquoi ne pas être une ambassadrice de cette discipline dans les jours à venir ? C’est-à-dire d’accompagner les autres jeunes filles dans la pratique du bras de fer ?
Votre mot de la fin ?
D’abord, je vous remercie pour m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer à travers votre journal. Ensuite, je remercie tous les membres du club ” Djibril Force ” et surtout le président du club, Djibril Camara, pour leur accompagnement. Je termine par remercier mes parents et surtout ma grand-mère, Fatou Samaké.
Réalisé par Mahamadou TRAORE