De son vrai nom Aminata Coulibaly, Waraba 10 aura marqué son temps par cette force de pénétration phénoménale jamais démentie. Elle est un maillon de la chaîne de la génération dorée du basket ball féminin malien, cuvée constituée des plus grandes stars de l’histoire de la balle au panier du Mali et d’Afrique. De Pinpin à Bébé, en passant par Sali, Fouky, Yaoundé, Guinto, Woya et autres Lala Tangara et Adiza, toutes des sommités des trois grands clubs de Bamako (Djoliba, Stade et Réal), il n’était pas évident d’émerger, ni sur le plancher ni en renommée, mais Aminata Coulibaly s’est incrustée dans ce lot grâce, à sa combativité et à ce surnom tombé du ciel. Découvrons Waraba 10.
Les anciennes gloires du basketball malien se sont forgé un comportement et ont initié un modèle social particulier, encourageant et à imiter absolument. Elles sont, en effet, regroupées en amicale et organisent, une fois dans le mois, une journée récréative chez l’une des membres. Ce qui met en évidence que durant leurs différentes carrières, elles ont été sur le plancher des adversaires et non des ennemis. Dès que vous rencontrez l’une de ses anciennes étoiles, elle vous parle plus des autres que d’elle-même et propose votre prochaine héroïne, alors même que vous n’avez pas encore commencé avec elle. Ce qui est normal parce qu’elles ont mouillé le maillot pour la nation dans les conditions minimales. Le seul fait de les rencontrer et évoquer le temps passé est réconfortant pour leur moral. Cela permet également aux nostalgiques du temps passé d’avoir de leurs nouvelles et revivre l’histoire comme si c’était le présent.
Voici Waraba 10 !
Les deux complices du Stade malien de Bamako et de l’équipe nationale, Aïssata Guinto et Salimata Dembélé, ont tellement parlé d’une dame, que nous avons pris l’initiative d’aller à sa rencontre. Il s’agit de Aminata Coulibaly dite Waraba 10.
Généralement, ce sobriquet est étiqueté pour qualifier le caractère belliqueux d’une personne. Notre héroïne a donné une explication différente à son surnom surgi de nulle part. Mais de cela, nous parlerons plus bas. Auparavant, il est nécessaire de revenir sur un fait. A savoir : dans le cadre de cette rubrique, notre présence chez nos héros crée une certaine émotion. Laissés pour compte, ces anciens sportifs et sommités d’autres domaines apprécient à sa juste valeur notre démarche. C’est à dire les faire redécouvrir par un public qui les a perdus de vue depuis des décennies. C’est pourquoi, ils nous accueillent toujours de façon très chaleureuse.
Mais ce qui s’est passé à notre arrivée au domicile de notre héroïne du jour, Aminata Coulibaly dite Waraba 10, mérite d’être particulièrement évoqué. En effet, ce jour-là, l’émotion était plutôt de notre camp, en raison de l’accueil royal. De son mari Mahamadou Seyba Diallo à ses enfants et même l’aide-ménagère, chacun a joué sa partition pour nous mettre dans les conditions maximales de travail. Pourtant, Waraba 10, sortie pour la première fois depuis son retour de la Mecque, n’était pas encore rentrée, quand sa fille nous installa dans un salon avec tout le confort. A son retour, elle se signala par des attaques amicales, sous forme d’excuses voilées, à l’endroit de votre serviteur, pour le faux rendez-vous qu’il lui avait donné la veille. Voilà devant nous une basketteuse dont nous avons retenu le nom à travers les commentaires de feus Demba Coulibaly, Pierre Diakité et Karim Doumbia. Oui, celle qui a décliné l’offre de Tiécoro Bagayoko pour jouer au Djoliba AC.
Certes, l’âge est là, mais Wara ne semble avoir rien perdu de la vivacité et du dynamisme qui ont marqué sa carrière.
A peine a-t-elle terminé de s’excuser pour le léger retard, que nous en profitons pour lui demander comment est venu le surnom Waraba 10. Aminata Coulibaly revient sur un sobriquet qui a donné un sens à sa carrière et constitue un éclaireur pour la retrouver facilement. “A l’époque, je n’avais pas ce gabarit impressionnant, mais j’avais une force de pénétration extraordinaire. Je défiais les grandes par mes mouvements de diversion, pour marquer des paniers et obtenir des lancers francs. Un jour, Aïssata Guinto du Stade malien de Bamako, dépassée par ma rapidité et ma vivacité à transpercer le bloc qu’elle formait avec Salimata Dembélé et Fouky, a dit subitement : Wara yé tou fara (le lion a défoncé l’enclos). Dès lors, je porte le surnom de waraba 10, parce qu’à mes débuts dans le basketball, je portais le N°10.”
C’est par l’intermédiaire d’une amie, Maïmouna Camara, qu’elle prendra goût au basketball. Celle-ci lui demandait de l’accompagner à l’ENI, pour s’entraîner avec l’AS Secouristes (l’équipe de la Croix Rouge).
Sous la houlette du coach Moriké Kanté, elles apprennent les B. A.BA du basketball et finissent par épouser la discipline. Les deux amies continuent leur progression ensemble jusqu’à l’avènement de la coupe Corpo, une compétition organisée entre les différentes sociétés et entreprises d’Etat. C’est à cette occasion que l’équipe de la Croix Rouge, devenue celle de la Somiex, recrute d’autres joueuses en leur donnant du boulot. C’est ainsi que Waraba 10 se retrouve avec les Fatou Niang, Mariam Coulibaly, Mariam Diarra dite Woya et autres.
Pour rendre leur séjour agréable dans leur nouvelle aventure, le président Hamadoun Amion Guindo n’avait ménagé aucun effort. Il confia l’équipe au coach Mohamed Diatigui Diarra dit Vieux tout en mettant les joueuses dans les conditions maximales : équipements, primes de matches, autres gestes circonstanciels. Raison pour laquelle, malgré le recul, Aminata Coulibaly dite Waraba 10 se rappelle de ces bons moments et tient à remercier son ancien président pour tous les actes qu’il a posés afin de donner un sens à leur carrière. Un cours de la vie qui, certes s’annonçait prometteur, mais il a fallu toute la bonté d’un certain Hamadoun Amion Guindo.
Parmi une pléiade de stars
La création des clubs omnisports fait basculer les choses, les dames de l’AS Somiex décident à l’unisson de rester ensemble et soudées, pour transférer au Club Olympique de Bamako (COB) où Soumeylou Boubèye Maïga les prendra en charge dans l’encadrement. Entre temps, elles avaient battu le Djoliba en finale de la Coupe du Mali et intégré en 1975 l’équipe nationale, entrainée à l’époque par feu Amadou Daouda Sall.
C’était la dream team. Les Aïssata Guinto, Salimata Dembélé, Assan Touré dite Yaoundé, Lala Tangara, Awa Bagayoko, Fanta Sy, Koudédia Sidibé, Fanta Konaté, Salamata Maïga dite Bébé, Lala Diakité, Adiza Maïga, Penda N’Diaye dite Pinpin avaient le désir de jouer au basketball, avec comme ambitions de s’illustrer partout où elles ont eu à défendre le drapeau national. Ce groupe participa en 1976 à un tournoi en Chine.
De retour de Pékin, Waraba 10, toujours fraiche, aidée en cela par son âge et sa vivacité, forçait l’admiration au COB pour défier les ténors : le Djoliba AC, le Stade malien de Bamako et l’AS Réal de Bamako.
Certes, chaque équipe avait ses vedettes et animatrices de jeu. Au Djoliba, Salamata Maïga, Adiza Maïga et Penda N’Diaye dite Pinpin tenaient le haut du pavé.
Au Stade, le trio infernal Aïssata Guinto-Sali Dembélé-Fatoumata Haïdara dite Fouky détruisait tout sur son passage.
L’AS Réal était tenue par Lala Tangara et Fanta Konaté. Waraba 10 au COB était indéboulonnable et insaisissable. C’est là où Tiécoro Bagayoko avait compris que mieux valait l’avoir dans son équipe que de la retrouver comme adversaire. Il n’avait pas hésité à la solliciter pour qu’elle évoluât au Djoliba. Mais, très gentiment, Aminata Coulibaly déclina l’offre. Comment pouvait-on résister face à l’ancien directeur de la Sûreté nationale ? Wara répond : “Quand Tiécoro m’a démarchée pour transférer au Djoliba, je n’ai pas calculé. Très jeune au moment des faits, je savais qu’il était puissant, mais ma conviction de jouer et rester au COB constituait une motivation pour ne pas hésiter à dire non à quiconque me demandait de quitter mon club.”
Diango a compris ce message, il n’a pas insisté. C’est dans cette ambiance créée par la maestria des dames du basketball à l’époque que Waraba 10 a pris part aux tournois de la zone II à Dakar en 1977 et à Bamako en 1979 ; aux éliminatoires des Jeux Africains d’Alger, aux championnats d’Afrique de 1975, 1977, 1979, 1981, et a joué sa deuxième finale de Coupe du Mali, toujours contre le Djoliba. Mais cette fois, elle l’avait perdue.
La sourate secrète du Doyen !
Les “Anciennes” avaient un atout qui fait défaut de nos jours dans les clubs et même à l’équipe nationale. Cette génération étudiait en même temps qu’elle jouait au basketball. Tout comme les autres, Waraba 10 tenait beaucoup à ses cours. Elle décrochera d’ailleurs le BAC et continuera son cursus à l’Ecole des postes et Télécommunications. Entre temps,, elle s’est mariée. Ce qui consacrera la fin de sa carrière en 1988. Les exigences du foyer ne permettaient plus à notre lionne de rugir dans la forêt. Ainsi se referma la belle épopée d’une dame qui a appartenu à une génération qui a marqué son temps et écrit l’une des plus pages de l’histoire de la balle au panier dans notre pays.
Dans sa retraite et avec son statut de mère de famille, Waraba 10 se souvient encore de ces moments où la convivialité à l’internat était leur crédo.
Que dire de ces rencontres chocs face au Djoliba où l’ombre de Tiécoro Bagayoko planait dans la salle du début à la fin du match. Le surnom qu’elle a hérité dans le basketball est devenu son identité et lui donne une célébrité, partout où elle va. Donc, elle n’aura aucune excuse si elle ne reconnait pas que le basketball lui a tout donné.
Cependant, Waraba 10 se souvient d’un fait qui l’a beaucoup déçue compte tenu de la manière dont les choses se sont passées. Trente ans après, elle revient sur la principale déception de sa carrière : “J’ai profité de la finale de la Coupe du Mali qui a opposé en 1986 le Djoliba au COB, pour dire au président Moussa Traoré que je suis diplômée de l’Enpt, mais sans emploi. Moussa m’a envoyée un message à travers un sourire. Un de ses gardes du corps est venu me voir avant la fin de la rencontre, pour m’informer d’un rendez-vous à l’ex Primature ou ex Maison du peuple. Le jour J effectivement, je suis partie et j’ai été reçue par son aide de camp Oumar Diallo dit Birus, à quelques pas du bureau du Président, parce qu’une porte les séparait. Birus m’a écoutée religieusement. Après, il me dit que mon cas sera lent, long et que je devais m’armer de patience. Dès lors, plus rien ! Comment comprendre cela ? Ce comportement constitue l’un des moments sombres de ma carrière. Je me suis contentée du bénévolat au Central Téléphonique de 1992 à 2002, date à laquelle j’ai pu avoir un emploi à Sotelma-Malitel. Dieu merci, au 31 décembre prochain, je ferai valoir mes droits à la retraite”.
C’est peut-être la manière qui l’a choquée, sinon notre héroïne ne tient pas en rigueur Birus parce qu’elle se dit convaincue que si le Bon Dieu l’avait voulu, l’ancien aide de camp de Moussa Traoré ne pouvait pas l’empêcher.
Comme Salimata Dembélé, une des nombreuses anecdotes de Waraba 10 est liée à sa grand-mère qui l’a élevée. Mais contrairement à Sali, dont la sienne pensait qu’elle était seule à savoir jouer au basketball parce que le commentateur ne cessait de parler de son nom à la radio, celle de Waraba10 était formelle sur sa conviction que les dirigeants du basketball malien sont des tricheurs. Elle tenait ces propos pour consoler sa petite fille qui rentrait souvent en larmes à la suite des défaites.
Une autre anecdote concerne le doyen de la presse sportive masculine, Alou Badra Kéïta, qui l’admirait beaucoup. Un jour, il a appelé Waraba 10 pour lui donner une sourate qu’elle devait réciter à chaque match au moment de monter sur le plancher. Quel est ce verset coranique ? Silence radio d’Aminata Coulibaly.
Nous ne saurons la quitter sans lui poser la question de savoir si elle a des enfants qui lui ont emboîté le pas dans la pratique du basketball ? Elle affirme que ses filles ont tenté l’aventure, mais par la suite elles ont arrêté pour des motifs divers. Sinon, il a un garçon qui joue à Africa Foot et à l’équipe nationale cadette. Malheureusement, il n’a pas été retenu lors du dernier regroupement des Aiglonnets. Cela est loin d’affecter le moral du jeunot que nous avons eu l’honneur de croiser. Il nous a rassurés qu’il reviendra et surtout que sa mère est toujours là à l’encourager et à veiller sur sa vie sportive.
O .Roger Sissoko
Mr le journaliste merci pour cet excellent hommage a Waraba 10 que j’ai suivi et beaucoup admiré quoique j’etais DJOLIBISTE a cause de FIFI qui etait mon idole. Je souhaiterai avoir des nouvelles d’elle si possible.
Merci de nous faire revivre cette Très belle période au lycée de jeunes filles avec nos braves anciennes basketteuses: Guinto et Waraba . Personnellement je les admirai beaucoup/ GUINTO pour son calme,son petit sourire,son élégance et Waraba10 pour son caractère jovial très cool.
MERCI wara pour tout ce bien au basketball malien. Tu mérites une reconnaissance au même tire que les Guinto, Sali, Pinpin, Lafia ,Woya et autres. Seulement au Mali on ne reconnaît pas le mérite que lorsqu’on est dans le corbillard. Ainsi va la vie. Du courage mes chères sœurs, ça ira un jour . Voici le contact de Waraba 10: 66 70 10 87
Élément indispensable dans le jeu du COB elle tenait les 40 mn , elle a su allié études et sport belle exemple tant sur le terrain et en dehors du terrain c’était une battante , engagée à fond , elle est restée fidèle a un seul club. Mais quel souvenirs ELLE méritait mieux mais nul n’échappe à son destin j’aurai voulu avoir son adresse et son contact
Je me rappelle encore des bons moments qu’on passait ensemble au lycée de filles (actuel Ba aminata) en classe de 10ème je l’appelais d’ailleurs grande sœur et elle m’appelais petite sœur. Très respectueuse je l’admirais beaucoup elle étais une vraie lionne qui a donné place à une vraie hadja. Bon vent a la rédaction
merci ma grande sœur Mme Diallo. c’est une collègue à moi à Malitel on as travailler ensemble pendent des années mais je ne la jamais entendu parler de sa carrière sportif.voila une femme simple et très gentille.une vrai croyante. que dieu lui donne longue vie pleine de santé. beaucoup de bonheur avec sa famille. merci grande sœur Mme Diallo!
Franchement, j’ai fait pratiquement 10 ans avec cette bibliothèque vivante du basket sans savoir cela d’elle. Je suis un collègue à elle. Vraiment merci à vous pour ce magnifique reportage dans le temps.
Franchement j avais du mal à la reconnaître sur cette photo.plus de trente ans que je n avais pas de ses nouvelles.je me rappelle encore de sa façon de courir,très athlétique et très élégante.une meneuse de jeu qui a marqué son époque.qui sait si ce n est pas la sourate qu elle récitait avant les matchs ,qui lui à fortifiée dans sa croyance religieuse ?en tout cas bravo à cette brave dame qui nous a beaucoup fait rêver.
Je me souviens encore de cette défaite des débuts des années 80 contre les Sénégalaises qui avaient gagné d’un demi panier. Je les imagine entrain de causer et rire de cela 35 ans après.
Waraba Dix est pour moi le nom le plus célèbre du basket-ball féminin malien mais Hadja 10 semble être plus discrète.
Longue vie aux anciennes gloires du sport Malien !
VIVE LE MONUMENT WARABA 10 !!!
merci
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