Défaite du mali face à la côte d'Ivoire au tournoi de l’Uemoa : Signe indien ou manque de cœur ?

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Défaite  du Mali (2-0) devant la Côte d’Ivoire ce lundi 9 novembre 2010 au Stade Seyni Kountché de Niamey  au cours du match comptant pour la deuxième journée du tournoi de l’UEMOA ; réédition de la traditionnelle guigne ou manque de caractère des joueurs maliens ?

Nous voilà en terrain perdu, non pour faire l’entraîneur du dimanche  pour reprendre Karounga Kéïta, une icône du football malien mais pour partager quelques idées simples de supporter,  l’analyse donc d’un profane  passionné  comme beaucoup de nos compatriotes du ballon rond.

Si c’est un signe indien il faut bien que ça prenne fin un jour, autrement il faudra arrêter de jouer au football car on ne demandera quand même pas à la Côte d’ivoire de ne pas participer aux compétitions africaines, elle qui rêve à juste titre d’un second titre africain après celui de 1992, remporté au Sénégal contre le Ghana d’Abédi   Pelé.

 Ce match est la démonstration à échelle réduite de ce que le Mali peut produire comme jeu insipide et sans création. La défaite logique ne fait que monter le nœud à la gorge de tous les supporters qui ne comprennent rien à la déroute. Ainsi les raclées contre la Côte d’Ivoire se suivent et se ressemblent.  Mory Goïta, le Coach à notre humble avis est moins en cause que ses joueurs car c’est  à eux de faire tourner le ballon sur la pelouse et les cris de colère de l’entraîneur ont peu d’effet sur une équipe sans âme ni cœur.

Le dispositif offensif du Coach  a fonctionné  à peine  20 minutes ; les 20 premières minutes de la première mi-temps au cours desquelles tout a marché comme prévu, quand l’Equipe a failli mener au  score, un  but  malheureusement refusé on ne sait pourquoi. Mais dans un match de football, l’arbitre est vite oublié ; ce n’est qu’un acteur secondaire.  Les nôtres n’ont pas produit grand-chose en terme de volume de jeu et le semblant de domination pendant quelques minutes  au cours de la seconde mi-temps est à mettre plutôt au crédit de l’Equipe adverse qui au regard des confrontations Mali Côte d’Ivoire s’était certainement dit que le match était déjà plié dès le premier but réussi et point n’était  besoin de gaspiller  ses forces pour un  adversaire déjà dompté. Et c’est  là le nœud du Problème car la plupart des maliens vous diront : pas forcément la victoire mais le volume de jeu produit et après, après seulement la qualité de ce volume que l’entraineur peut corriger. Ce n’est pas à lui d’aller pousser le ballon. Nous avons eu dans ce pays le fâcheux penchant de dire invariablement  en cas de difficultés : c’est la faute de l’entraîneur  c’est lui qui n’est pas bon et le défilé des entraîneurs  à la tête des Equipes nationales  du Mali depuis les plus anonymes jusqu’aux  plus cotés  est un spectacle qui ne  fait pas forcément notre réputation. Le cas typique est le renvoi par exemple de Joddar  après que celui-ci eût  concédé une seule défaite en compétitions officielles devant qui ? la Côte d’Ivoire. Deux problèmes se posent à toutes les équipes maliennes : le manque de coffre et d’endurance et le manque  de combativité.

 Manque  de coffre.  Au coup de sifflet final, ce sont les maliens qui avaient les mains aux hanches non par découragement, mais parce qu’ils n’en pouvaient plus, au contraire,  soulagés  que la partie prenne  ainsi fin. Au cours du match alors que l’adversaire portait le danger vers notre camp, on pouvait remarquer certains joueurs marcher allégrement sans souci dix à quinze secondes alors que une des règles d’or du football  voudrait  que l’on  marque l’adversaire même si  celui-ci est dans sa propre moitié de terrain, histoire de l’empêcher d’organiser son jeu. C’est  connu et beaucoup de gens conviennent pour dire que le Mali joue dans le meilleur des cas une  seule mi-temps ; mais dans les faits cela ne dure pas plus de trente minutes et après on regarde l’adversaire jouer et faire sa démonstration de force.  En effet les Eléphants de cette année semblent un  cran en dessous de ceux qui ont remporté le tournoi ici à Bamako à moins  que ce soit une entrée moins bruyante pour  mieux monter plus tard en régime.  Mais la fébrilité de notre équipe est si réelle   qu’une victoire contre le Mali ne dit  presque rien très souvent des qualités du vainqueur du jour, toute équipe un tant soit peu volontaire pouvant l’emporter sur les Aigles.  Ainsi pendant plus d’une heure on a vu des joueurs au souffle coupé, lourds et pesants,  -l’exact contraire de l’Aigle agile et rapide – balancer en l’air des balles entre deux,  en lieu et place de passes courtes, ajustées  un jeu à terre dans un mouvement d’ensemble porté vers l’avant. Le reporter malien l’a souvent souligné ; des chandelles qui séjournent trop  longtemps en l’air laissant  tout le temps à l’adversaire  d’être  présent  à l’atterrissage.

Manque de combativité.  Quand le Stade Malien a remporté la Coupe de la Confédération en 2009, tous les observateurs ont relevé le fait que ce ne sont pas les arguments techniques qui ont fait la différence mais bien la détermination des joueurs du Club  d’ ailleurs malmenés en championnat national. Et le Coach  Djibril Dramé  à qui on ne cessera de lever le  chapeau  n’a pas expliqué autrement le couronnement de son Equipe ; un groupe au niveau bien moyen mais combatif comme on l’a rarement vu au Mali. On pourra multiplier à l’ infini  les exemples de manque de combativité comme sur le premier but ivoirien.  Le latéral droit qui n’était pas lui dans les débats comptait plutôt sur l’arbitre pour siffler  un hors jeu et  pour cela a décollé en retard et quand il l’a fait,  pour éviter le but avait le  choix  de poser un  tacle par derrière bien plus acceptable à mon avis que le but. Mais, il n’est pas seul en cause car c’est tout le groupe qui s’est effondré devant la Côte d’Ivoire.  Aure exemple, le ballon qui a voyagé sans entrave aucune, de la gauche vers la droite, est le fruit d’un laxisme défensif inacceptable et d’un affaissement du milieu. En effet  même un adversaire jugé faible à qui la liberté est laissée de faire des renversements de jeu sur toute la largeur du terrain et de donner des ballons à un partenaire  à quelques mètres  seulement de la surface de réparation,  cet adversaire donc a de fortes chances de prendre le dernier défenseur à défaut ou  d’avoir un penalty.

La désinvolture  pour boire la coupe de la défaite.  Le penalty manqué, parlons-en car ce  coup de pied  était une chance d’égalisation, malheureusement  gâchée par le jeune Cheikh Fanta Mady du C S K. Il ya longtemps qu’on ne tire plus un penalty avec une telle désinvolture. Sans accabler le jeune c’est ce qu’il doit comprendre ne serait-ce que pour sa carrière. Pied droit ouvert, corps incliné à l’arrière, frappe molle à ras de terre pour un contre pied parfait. Du moins dans l’intention. 

Le  geste d’expert  supposé n’a eu d’autre effet que d’indiquer et le sens du tir et la force nulle  de la frappe. Seuls les plus expérimentés se permettent de tels coups et en toute connaissance du gardien d’en face. Autrement, un penalty se tire avec toute la puissance des tripes et dans le cadre en comptant sur la vitesse du ballon qui doit aller à plus de 150 m. à l’heure pour espérer  prendre à défaut  un gardien averti. Il  faut savoir maîtriser  les gestes les plus élémentaires avant de se  permettre les  plus compliqués.

Voilà  à notre avis des plaies qui, si elles ne sont pas soignées, et on peut les soigner autrement, notre pays risque pendant longtemps encore de financer  à  perte  cette discipline sportive. Bâtir une Equipe endurante qui peut jouer 120 mn. sans être à  genoux, accélérer le jeu de façon à  priver l’adversaire du ballon et de la gestion du jeu. Ce sont  là les attributs de toute grande Equipe.

 Piyahara DIAMOUTENE

Journaliste Indépendant

 

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